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la Cagouille Enchaînée
21 février 2011

UN « CASSE TOI PAUV’CON » AU CAIRE VAUT BIEN UN VOL OFFERT

Blâmé et rapatrié de force pour avoir soutenu la révolte égyptienne, un professeur sème la pagaille au ministère.

Il voulait exprimer sa solidarité au peuple égyptien, inciter le gouvernement français à soutenir sa révolte face à Moubarak... Il se retrouve coffré, blâmé et rapatrié de force au « pays des droits de l’homme ». Pour assurer « sa sécurité », précisent les autorités, dans un élan d’autoritarisme peu rassurant. En réalité, ce professeur du lycée français du Caire a tout bonnement été pris en flagrant délit d’humour. Un humour diplomatiquement incorrect. Sur les images des manifestations de la place Tahrir diffusées par BFM TV le 1er février, il apparaît tout sourire, brandissant une pancarte pour le moins insolite en terre égyptienne : « Casse-toi pauv’con ! »

Subtil clin d’œil aux nuées de « dégage » qui sillonnent le Maghreb depuis des semaines, ce remix inattendu du célèbre dérapage sarkozyste fait mouche à l’ambassade de France au Caire. Ça fait même un sacré « blurp !» Coup de fil sur coup de fil, l’indignation se propage comme une traînée de poudre jusqu’au Quai d’Orsay. Le vendredi suivant, le petit malin est convoqué par l’ambassade. Rapatrié à Paris dès le lendemain, il est menacé d’être rétrogradé et interdit d’exercer à l’étranger jusqu’à son départ en retraite. Le motif invoqué de la « sécurité » cède alors le pas – ô survprise ! — à son manquement au « devoir de réserve ».

Le hic, c’est que la sanction tombe mal : Michèle Alliot-Marie a beau avoir prié les chercheurs basés en Égypte de s’abstenir, en leur qualité de fonctionnaire, de toute intervention médiatique, ce professeur anonyme n’est pas chercheur. Il a simplement osé exprimer son soutien aux manifestants à titre personnel, qui plus est dans la rue et dans un pays qu’il connaît bien, puisqu’il y partage sa vie avec une Égyptienne et leurs deux enfants.

Mais Bernard Valero, porte-parole du ministère des Affaires étrangères, interrogé par Mediapart, ne l’entend pas de cette oreille. Pour lui, « un agent de l’État français n’a pas à faire de déclaration publique à l’étranger sur la vie intérieure d’un pays, qu’on soit chercheur, professeur ou encore volontaire international ». Un point de vue qui fleure bon la censure en ces temps où vie privée et vie publique s’imbriquent et se séparent au gré des intérêts du ministère des Affaires étrangères. Il faut croire que, contrairement à Michèle Alliot-Marie, un professeur reste un agent de l’État envers et contre tout, même pendant ses vacances. Voyant poindre un battage médiatique peu opportun autour de cette opération de dissuasion massive, le Quai d’Orsay aurait finalement décidé d’alléger la sanction. Le professeur pourrait donc, en échange de son silence à la presse, espérer retrouver ses classes plus tôt que prévu. Avec en prime, un aller-retour en France aux frais de la princesse.

    HUMANITE.fr   

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