Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
la Cagouille Enchaînée
1 mars 2011

2040 : LA CHARENTE À LA RETRAITE

La Charente compterait près de 40% de plus de 60 ans en 2040. Les projections de l'Insee font peur. Un géographe et deux jeunes élus font part des réflexions que leur inspirent ces chiffres.

Avec 39% de plus de 60 ans, la Charente va-t-elle devenir, à l'horizon 2040, une gigantesque maison de retraite? La dernière projection de chiffres livrée par l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) fait peur: dans une trentaine d'années, la moyenne d'âge des Charentais serait de 48,1 ans, contre 42,6 ans aujourd'hui, avec une proportion de personnes de plus de 60 ans qui passerait de 26,4 à 39%.

Cette tendance au vieillissement n'étonne pas Gilles Bernard, géographe, qui étudie à la loupe les variations de population de la Charente depuis 1975. Désabusé, il constate: «Le département n'est attractif ni pour les jeunes, ni pour les personnes âgées.» Pour Rachid Rahmani, jeune conseiller municipal de gauche à Angoulême, «ce qu'il faut enrayer, c'est la fuite des actifs». Pour ce faire, il faut «combiner une multitude de choses», estime Véronique Marendat, maire de Segonzac et conseillère régionale d'opposition. Pour elle, ces projections de chiffres ont un mérite: celui de tirer la sonnette d'alarme suffisamment longtemps à l'avance: «Il faut anticiper.»


  • L'emploi

Gilles Bernard observe un creux dans les pyramides des âges. «Il y a un puissant déficit de 25 à 40 ans: les gens qui partent faire des études ailleurs. Et s'ils ne trouvent pas de travail, la Charente perd sa matière grise.» Pour lui, les deux points forts du département, le cognac et l'industrie, ont du plomb dans l'aile. Il voit bien un secteur prometteur: «Il faudrait porter Magelis. Si tout le monde y croyait...»

«L'idéal, c'est de proposer des emplois qui ne soient pas délocalisables», insiste Véronique Marendat, qui pense au maraîchage, aux productions de proximité.

  • La LGV

Le grand espoir, c'est la ligne à grande vitesse. «La LGV va nous rapprocher de Bordeaux et de Toulouse. Or, on a une grosse partie de notre population plus attirée par l'Aquitaine que par Poitiers. Il y a des liens à créer», estime Véronique Marendat. Qui imagine bien qu'on puisse travailler en Gironde et «vivre à Angoulême, avec un prix de l'immobilier qui n'a rien à voir avec celui de Bordeaux». Mais justement, prévient Rachid Rahmani, «cet afflux risque de tirer les prix vers le haut».

«Les gens viendront travailler ici, consommeront ici, imagine, de façon symétrique, Gilles Bernard. Il y en a bien quelques-uns qui s'installeront. Et si l'agglomération angoumoisine prenait 10 000 habitants, ça changerait tout...» Pourtant, il tempère: «J'ai peur que ce soit un équipement qui n'apporte pas ce qu'on peut en espérer.» La gare à Angoulême, pour lui, est une grave erreur stratégique. Avec un centre-ville qui ne pourra pas faire face, «on va décourager les gens de prendre le train». «Ils iront à Poitiers ou Bordeaux.» Tel qu'il est configuré actuellement, «c'est un projet à dimension communale».

  • Le tourisme comme moteur

Pour Gilles Bernard, la Charente a une carte maîtresse à jouer, c'est le tourisme. «Avec la préhistoire, les dinosaures, on a un capital d'intérêt mondial. J'ai trouvé des pièces provenant des fouilles de La Quina à New York. Et en Charente, le gisement, c'est un tas de ronces. Il faut y croire, avoir l'ambition d'un musée, de capacités d'accueil. On a des édifices religieux, des châteaux, le cognac, le pineau. Et avec ça, on donne envie aux gens de revenir.»

«Il faut développer le tourisme de loisirs, mais aussi d'affaires, insiste Rachid Rahmani, qui vient d'intégrer l'office de tourisme du pays d'Angoulême comme délégué communautaire. Mais il ne suffit pas d'avoir quelques hôtels. Il faut pouvoir proposer des transports, des loisirs, une restauration... On a les outils, il faut créer des liens, des réseaux.»

  • Les équipements publics

«Je pense qu'on a pris du retard pour les aménagements publics», estime Rachid Rahmani. Le rôle des politiques, c'est aussi d'injecter de l'argent public dans l'économie, pour «créer une dynamique». La médiathèque d'Angoulême est, pour lui, un levier.

«Un couple d'actifs, il veut un logement, du travail, un système de garde pour les enfants, des commerces, une pharmacie, un médecin, des activités sportives, de la culture, énumère Véronique Marendat. Dans nos territoires ruraux, il faut qu'on arrive à répondre aux besoins.» C'est à ces conditions qu'on s'attache les gens, affirme-t-elle: «Quand ils sont fiers de leur territoire, ils donnent plus pour lui et ont moins envie de le quitter.»

  • Positiver

«Les personnes âgées peuvent être source d'emploi: il faudra bien des gens pour s'occuper d'eux. Une maison de retraite, c'est vite 50 postes», positive Gilles Bernard.

Véronique Marendat veut en finir «avec cette image horrible de la vieillesse où on n'est plus bon à rien». «Alors qu'aujourd'hui, on est en forme de plus en plus tard. On peut faire de ce vieillissement une richesse, grâce à des gens qui ont du temps, qui peuvent s'investir dans des associations, aider aux devoirs ou donner des conférences.»

Pour Rachid Rahmani, ce n'est pas la question de l'âge qui est primordiale, «mais le degré de dépendance». «Si on a beaucoup de personnes âgées qui vivent bien, je serai heureux.» 

   CHARENTELIBRE.fr  

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité