Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
la Cagouille Enchaînée
4 mars 2011

REMANIEMENT: ENCORE RATÉ POUR LA RÉPUBLIQUE IRRÉPROCHABLE!

Le 26 janvier dernier, la commission Sauvé remettait à Nicolas Sarkozy son rapport sur la lutte contre les conflits d’intérêts. Le 27 février, le même Nicolas Sarkozy, remaniait son gouvernement sans se soucier le moins du monde d’une seule des recommandations présentes dans le rapport. Résultat : une semaine seulement après sa nomination, Gérard Longuet est déjà rattrapé par une vieille affaire de conflits d'intérêts. Vive la République irréprochable ! 

BonnetPfrCible
 
Cinq jours. C'est la durée de l'accalmie dont aura profité le gouvernement remanié avant les giboulées de mars. La première averse a eu lieu ce vendredi 4 mars. Un actionnaire minoritaire du groupe GDF-Suez vient de déposer une plainte contre X pour prise illégale d'intérêts  qui vise notamment le tout nouveau ministre de la Défense Gérard Longuet. Ce dernier est accusé par Jean-Marie Kuhn d'avoir conseillé GDF-Suez alors qu'il était sénateur et membre du groupe d'études sur l'énergie au Sénat. Malgré le remaniement, la République irréprochable passe son tour. Encore.

« Je veux une République irréprochable […] Je veux que les nominations soient irréprochables […] Je souhaite être le président d’une démocratie moderne qui sera exemplaire au regard du monde. » En avril 2007, au cœur de la campagne présidentielle, Nicolas Sarkozy débute son clip de campagne par cette phrase, des trémolos dans la voix, une main sur le cœur. Beaucoup d’emphase mais peu d’effets.  

En juin 2010, l’image d’Epinal de la République irréprochable est sévèrement écornée par plusieurs affaires touchant des membres du gouvernement. Alain Joyandet, secrétaire d’Etat à la Coopération et à la francophonie, est accusé d’avoir utilisé un jet privé pour se rendre en Martinique. Quelques mois plus tard, en pleine affaire Woerth-Bettencourt, Le Canard soupçonne le même Joyandet d’avoir bénéficié d’un permis de construire illégal pour agrandir sa maison dans le Var. 

Le chef de l’Etat orchestre alors un numéro de haute voltige en faisant croire au débarquement des deux secrétaires d’Etat début juillet pour « maladresses ». En réalité, les deux hommes auraient choisi de démissionner. Tant pis, Sarkozy profite de l’occasion pour clamer son envie d’irréprochabilité

Quant à Eric Woerth, le président décide de ne pas le sacrifier pour l’instant mais promet, pour calmer les esprits, de réunir une commission sur les conflits d'intérêts. Finalement mise en place en septembre sous la houlette de Jean-Marc Sauvé, vice-président du Conseil d'Etat, la fameuse commission rend un rapport de 120 pages le 26 janvier dernier. « A l'heure de la transparence administrative, l'acteur public doit veiller autant à prévenir les situations effectives de conflit d'intérêts que les apparences qui pourraient susciter le doute ou le soupçon dans un esprit raisonnable », souligne les auteurs. 
Dès le lendemain, Nicolas Sarkozy promet un projet de loi avant la fin de l'année. L’Elysée se fend même d’un communiqué pour préciser que le texte devra viser à « promouvoir une véritable culture de la déontologie dans la vie publique française ». Pourtant…

A peine un mois après la remise du rapport, le chef de l’Etat prouve une nouvelle fois son incapacité à édifier sa si chère République irréprochable. En remaniant son gouvernement à grand renfort de ministres tous ou presque en situation de conflits d’intérêts, Sarkozy ose un pied de nez arrogant à la commission Sauvé. 

Parmi les préconisations du rapport, une concerne le cumul des mandats. « La loi interdirait l’exercice par les membres du gouvernement d’un mandat exécutif local afin d’éviter la confusion des intérêts nationaux et locaux », écrit la commission. Alain Juppé, maire de Bordeaux et déjà ministre de la Défense depuis le dernier remaniement automnal, vient justement d'hériter du ministère des Affaires étrangères. Comme François Fillon a tenté de lui rappeler, occuper le Quai d’Orsay signifie surtout se déplacer souvent et partout. Mais Juppé reste droit dans ses bottes : « Il n'y a aucune règle qui interdise à un ministre d'exercer un mandat local et le nombre de mes collègues qui se trouvent dans cette situation est considérable, y compris d'ailleurs le Premier ministre. » Effectivement, si aucune loi n’existe, pourquoi anticiper sur son éventuelle promulgation ? Autant profiter du temps qui reste pour cumuler au maximum.

Nouvel entrant, Gérard Longuet en connaît aussi un rayon sur les conflits d’intérêts, puisqu'il avant d'être rattrapé pour prise illégale d'intérêts à cause de sa mission de conseil auprès du patron de GDF-Suez, le ministre de la Défense avait déjà été mis en cause en 1995 pour la construction de sa villa , et en 1994 pour le financement occulte du Parti républicain, mais relaxés à chaque fois.

Enfin, François Fillon, Premier ministre encore et toujours, a beau avoir organisé le 1er mars une réunion de travail à Matignon sur la prévention des conflits d'intérêts, il n'en reste pas moins que sa situation est, au regard du rapport Sauvé, problématique. Une des propositions consiste à interdire aux membres du gouvernement d'exercer toute fonction de direction au sein d'un parti politique. L'hypo-Premier ministre, comme le surnomme Hamon, possède justement son propre micro-parti et compte bien le garder
Pour la « nouvelle déontologie de la vie publique » souhaitée par les auteurs du rapport, il faudra repasser.
 
   MARIANNE2.fr    
 
Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité