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la Cagouille Enchaînée
21 mars 2011

CANTONALES EN CHARENTE: DEUX VAINQUEURS ET DEUX VAINCUS

55% d'abstentionnistes et une percée du FN. Tels sont les deux éléments majeurs du premier tour des élections cantonales d'hier. La gauche, au pouvoir depuis sept ans, marque le pas. Elle est en difficulté dans trois cantons. Il reste 14 sièges à pourvoir dimanche prochain.
On ne se bousculait pas dans les bureaux de vote du département hier. Jamais les Charentais n'avaient si peu voté pour une élection de proximité.

En Charente comme ailleurs, la droite s'est cachée, comme honteuse de la politique du gouvernement. La gauche, qui tient la majorité au conseil général, n'a pas fait mieux. Elle a misé sur la fidélité de l'électorat qui lui est acquis, se gardant bien de battre le tambour pour aller chercher les classes populaires les plus désespérées. Résultat, elles ont l'une et l'autre perdu le premier tour des élections cantonales.

Les deux vainqueurs en Charente hier auront été l'abstention et le Front national. Jamais, au grand jamais, les Charentais n'avaient autant boudé les urnes pour une élection de proximité. Seulement 45% d'entre eux ont voté, moins d'un sur deux, et même un sur trois seulement à Angoulême ville. En 1994, la dernière fois où une élection cantonale n'avait pas été associée à une autre élection, la participation avait pourtant dépassé les 61%.

Cette triste victoire de l'abstention a sans doute favorisé celle du FN. Ainsi va-t-elle va permettre - pour la première fois dans l'histoire des cantonales en Charente - à un candidat du Front national d'être présent au second tour. Laure Meunier affrontera le sortant socialiste Didier Louis dans le canton d'Hiersac dimanche prochain. Il a certes obtenu plus de 55% des suffrages mais sans le minimum légal des 25% d'inscrits.

Laura Meunier devance le candidat de l'UMP, Arnaud de Garsignies. On pourrait objecter que ce dernier n'était pas connu sur le secteur, habitant à Soyaux... si Laura Meunier elle-même ne résidait pas aussi à Soyaux ! Le FN atteint, là où il était présent (14 cantons sur 18), des scores sans précédent, au-dessus de ceux de la présidentielle de 2002 qui était jusqu'alors la plus haute crue du parti d'extrême droite. Sans avoir mené campagne, parce qu'il est malade, le candidat du canton de Jarnac dépasse les 17%. A Saint-Amant-de-Boixe, à Segonzac ou à Saint-Claud, le FN dépasse les 15%, 23% à Montbron où il n'y avait pas de candidats de droite, «ce qui démontre une certaine porosité entre droite et extrême droite dont les thèmes ont été banalisés par le président de la République, c'est préoccupant», estime Michel Boutant, président PS sortant, réélu hier dans le canton de Montbron.

On note aussi que partout où il était confronté au Front de gauche, le FN le distance très largement quand l'un et l'autre, avec des arguments diamétralement opposés, chassent sur les mêmes terres. Enfin, le FN bat aussi Europe écologie les Verts dans les trois cantons urbains ou les deux formations étaient présentes (deux à Angoulême, un à Cognac), même si les Verts réalisent des scores globalement en progression par rapport aux scrutins précédents.

Manque d'imagination

Conséquence, la majorité départementale de gauche marque le pas. Elle est en difficulté à Aigre, à Villebois et à Angoulême-ouest. Elle paie probablement, après seulement sept ans au pouvoir, une manière de faire de la politique qui, si elle est le plus souvent dévouée, est tout autant datée donnant souvent le sentiment de privilégier la proximité à la prospective, la gestion de père de famille à l'audace. «L'abstention est préoccupante sur Angoulême. Il faut mobiliser l'électorat, battre le rappel», dit ainsi Michel Boutant, comme un voeu pieu, sans proposer de solution.

Son opposition n'est pas plus imaginative. «L'abstention et le Front national sont deux phénomènes de société», constate, dépité, Jean-Michel Bolvin, ancien président UMP du conseil général. François Bonneau, porte-parole de l'opposition est satisfait des résultats: «Nos candidats font de bons scores là où ils sont bien implantés, on peut créer la surprise dans trois cantons». Mais ni l'un ni l'autre ne remettent en cause non plus l'art de faire de la politique.

   CHARENTELIBRE.fr  
  
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