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la Cagouille Enchaînée
5 avril 2011

CHARENTE: INTERMARCHÉ SABRE DANS SES EFFECTIFS

5 avril 2011 | Mis à jour | 13h13

58 suppressions de postes confirmées à la base Intermarché d'Anais qui emploie 157 salariés. 26 annoncées sur les 240 de la base de Roullet. Les syndicats s'inquiètent. La direction relativise.

"On nous avait prédit un avenir mirobolant. On découvre brusquement une réalité qui nous horripile." Didier Gestreau et Xavier Descomps l'ont mauvaise. Les délégués CGT de la base Intermarché d'Anais participaient jeudi dernier à un comité central d'entreprise, à Paris, au cours duquel la nouvelle est tombée telle un coup d'épée dans le coeur des Mousquetaires: la base d'Anais, qui emploie 157 salariés à temps plein, a prévu 58 suppressions de postes d'ici 2013. À cela s'ajoutent les 26 licenciements annoncés il y a un mois à la base de Roullet. Au total donc 84 personnes sur le carreau. Pour Anais, la décision est motivée par un changement de stratégie: le groupe Intermarché, qui avait fait du site du Nord-Charente une plate-forme dédiée au stockage des marchandises non alimentaires destinées aux Intermarché et Écomarché de la région, a décidé de la transformer en une base spécialisée dans le bricolage.

«Tsunami sur Anais»

Avec ce chamboulement, Anais réduit de 50% son activité traditionnelle sans la compenser par sa nouvelle vocation. «Nous allons ainsi passer de 5,6 millions de colis transitant par Anais par an à 3 millions», reconnaît Jean-Charles Tanguy, le directeur de la base. «Le plan qui nous est annoncé concerne les intérimaires, les salariés en contrat à durée déterminé mais aussi un important volant de personnels en contrat à durée indéterminé», affirme Didier Gestreau. «Une trentaine de CDI sont dans la charrette. Des réceptionnaires, des préparateurs, des caristes et des administratifs», ajoute Xavier Descomps.

Au-delà de l'annonce du plan social qui les fait bondir, les représentants syndicaux pointent les conditions des licenciements: «Il a été proposé à certains 3.000 euros pour partir. Un pécule misérable à la hauteur des salaires pratiqués depuis des années», affirme Xavier Descomps.

«Ce chiffre est totalement inexact, réplique le directeur. Pour ceux qui ont plus de vingt ans d'ancienneté, ce sera l'équivalent d'un an de salaire plus d'autres mesures d'accompagnement.» Jean-Charles Tanguy l'affirme la main sur le coeur: il a «conscience de l'inquiétude des salariés face à ces mesures». «Mais nous les annonçons suffisamment tôt, soit vingt et un mois avant leur mise en place, avec le souci de prendre le temps de trouver des solutions. Pour préserver un maximum d'emplois.» L'argumentaire ne parvient pas à rassurer les représentants du personnel. Hier, la CGT a distribué, en interne, un tract dénonçant un «tsunami sur Anais». Un document dans lequel l'organisation pointe une stratégie «incohérente»: les licenciements interviennent alors que la base est en pleins travaux d'agrandissement pour lui permettre de devenir un fief du bricolage. «La direction avait bien omis de nous avertir que les 40.000 m2 d'agrandissement seraient destructeurs d'emplois.»

«Insupportable paradoxe de la politique menée aujourd'hui», s'emporte Xavier Descomps les yeux rivés sur le gigantesque chantier au bord de RN 10. Le directeur de la base n'a pas la même lecture de la situation: «On ne stocke pas des filtres à café, des piles électriques et des ampoules comme des portes de garage et des plaques de béton.» La CGT explique avoir saisi un «expert» chargé d'étudier le plan de sauvegarde de l'emploi et de préparer un argumentaire à présenter à la direction. La prochaine réunion entre les deux parties est prévue le 12 avril. «Ce jour-là, on est censé dire si on accepte les conditions de la direction. On ne sera pas en mesure de le faire», expliquent Didier Gestreau et Xavier Descomps. Les deux hommes l'affirment: ils sont prêts au bras de fer. C'est qu'ils sont rodés en la matière: «Quand nous avons été embauchés tous les deux à Anais il y a vingt-trois ans, nous venions à peine d'être licenciés de la poudrerie d'Angoulême», se souvient le premier. «On va vivre notre deuxième plan social», s'inquiète le second.

La CGT dénonce «un chantage ignoble»

La direction des Mousquetaires a proposé un marché aux représentants du personnel pour limiter la casse: un nouvel accord sur le temps de travail. Un ATT résumé en une phrase par le directeur Jean-Charles Tanguy: «Nous avons, au printemps par exemple, des périodes où la charge de travail est très forte et d'autres où elle est plus faible. Nous proposons une modulation  du temps en fonction de l'activité.»

Si les représentants du personnel acceptent, 12 emplois sur les 58 pourraient être sauvés. «Chantage ignoble, répond Xavier Descomps, le délégué CGT. Ça signifie que nous partons en négociation avec le couteau sous la gorge.» «Cette modulation du temps de travail se fait partout dans le secteur de la logistique», rétorque le directeur de la base d'Anais qui veut redire que cette solution n'a qu'un seul but: «Préserver au maximum l'emploi sur le site. Nos mesures impacteraient l'emploi de 10% à Anais.» 10% quand, a priori, le plan social proposé semble réduire les effectifs d'un tiers? C'est que Jean-Charles Tanguy a une autre lecture des chiffres: «Nous avons 58 emplois à temps plein de trop. Je soustrais les 23 intérimaires et les CDD, ça fait 35. J'enlève aussi 5 salariés qui resteront physiquement à Anais mais ne seront plus pris en charge par notre base. Moins 12 sauvés par l'accord sur le temps de travail, cela fait 18 salariés en moins sur le site. Je sais que c'était déjà trop d'emplois supprimés mais c'est un moindre mal.»

«Propositions inacceptables»à Roullet

C'était il y a «un mois», explique Philippe Vrignon, délégué CGT de la base Intermarché de Roullet. À l'occasion de son comité central d'entreprise, le site du Sud-Charente, spécialisé dans l'alimentaire, a découvert, lui aussi, le plan de licenciements dans les tuyaux: «26 suppressions de postes sur 240 salariés», assure le délégué syndical. D'après ses informations, Les Mousquetaires, dans leur opération de redistribution des cartes, auraient décidé de transférer la comptabilité et les ressources humaines de Charente vers le site de Corbeil-Essonnes. «Une partie de la télévente doit aussi disparaître», affirme-t-il. Les salariés condamnés à pointer au chômage auraient reçu des propositions que le syndicat juge «inacceptables»: «Si on explique à une comptable qu'elle peut devenir préparatrice ou cariste, comment voulez-vous qu'elle soit d'accord?», s'indigne Philippe Vrignon. Selon le syndicaliste, les «primes de licenciement» proposées ne seraient pas à la hauteur. «Entre 12.000 et 15.000 euros pour un salarié qui a vingt ans d'ancienneté. Ça devrait être plus de 40.000.»

Nous avons tenté, hier, de joindre Alain Baloge, le directeur de la base de Roullet, pour obtenir son analyse. Sans succès.

   CHARENTELIBRE.fr  

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