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la Cagouille Enchaînée
6 avril 2011

UN HÉLICO CHARENTAIS AU-DESSUS DE FUKUSHIMA

6 avril 2011 | Mis à jour | 16h22   Thierry CHÂTELLIER

La société Hélipse, à La Couronne, expédie demain un hélicoptère automatisé au Japon pour survoler la centrale nucléaire de Fukushima. Sacrée reconnaissance pour une mission très spéciale.

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L'aiguille de l'horloge tourne au rythme d'un rotor d'hélico. Depuis lundi, le temps s'est accéléré pour Hélipse, une petite société de La Couronne spécialisée dans la fabrication et la commercialisation de mini-hélicos automatisés. La commande d'un hélicoptère pour le Japon missionné pour survoler la centrale nucléaire en perdition de Fukushima a bousculé le cours du temps. Une ellipse pour Hélipse. Tout doit être dans la soute à bagages demain matin. «Sur place, ils vont équiper l'hélico de capteurs pour relever la radioactivité. L'appareil fera aussi des photos et des vidéos», détaille Olivier Maroy, responsable de projets.

Dans l'atelier de La Couronne, abrité dans l'aile d'une ancienne papeterie, au milieu d'un immense capharnaüm de pièces détachées, de moteurs, d'outils, Laurent Grenier, Eric Sakton, Olivier Maroy, Pierre Larrieux s'affairent comme des fourmis autour de leur hélicoptère de poche. Un gros jouet d'une dizaine de kilos, radiocommandé par «une manette de PS 2», autonome en vol entre 25 et 50 minutes.

Ultimes réglages techniques. Derniers préparatifs de voyage. L'hélico ne s'envole pas seul de Roissy. Laurent Grenier décolle avec lui pour assurer le service après-vente. «Si je reçois le billet d'avion», lance le gérant, entre deux bouffées de cigarettes, les yeux rivés sur l'appareil.

Ce passionné d'aéromodélisme, qui a cofondé la société Hélipse en 2001 avec Éric Sakton et pas mal ramé, trouve un aboutissement dans cette mission spéciale. «C'est la raison d'être de ces appareils: être présent où l'homme ne peut pas aller à cause du danger.»

L'allié américain

À 250 kilomètres de la centrale nucléaire, il initiera les Japonais à la conduite de l'hélico. «Je reste deux-trois jours. Je vais gérer la formation, le programme de vol, l'installation.» Il retrouve sur place son «collègue américain» de Rotomotion, qui travaille avec Hélipse depuis plusieurs années. «Ils ont envoyé deux hélicoptères là-bas.» C'est l'allié américain qui a vanté le savoir-faire charentais. «Les Japonais ont fait appel à Areva et à General Electric, qui a sollicité Rotomotion, qui nous a appelés.» Outre-Atlantique, Rotomotion jouit d'une visibilité monstre. «Ils sont les premiers référencés sur Google.» Dans la conception de l'appareil, le team franco-américain travaille de concert. «Eux développent la partie logiciel de vol. Nous, la partie mécanique.»

Une intimité si évidente qu'elle va déboucher sur un prochain mariage riche de promesses. Dans la corbeille, un carnet de commandes noirci. «Les Américains ont de plus gros marchés. Nous, on est limité par les lois», indique Olivier Maroy, embauché il y a quelques semaines, comme Pierre Larrieux, pour accompagner ce décollage. Un doublement des effectifs synonymes de santé presque insolente. «On a de plus en plus de volume, confirme Laurent Grenier. Les marchés s'ouvrent. On a beaucoup de demandes à l'étranger.»

Survol des pipelines

Le groupe de BTP Saçyr, en Espagne, a signé un chèque de 160 000 euros pour un hélico gros calibre. Les commandes affluent. «On a vendu aux Américains, aux Canadiens, pas aux Français», regrette Laurent Grenier. L'université de Brest va prochainement s'équiper d'un appareil pour surveiller les côtes bretonnes. L'université de Bristol a aussi passé commande. «Les Émirats arabes unis sont intéressés par un engin pour survoler les pipelines.»

Hélipse compte profiter du vent dans les pâles. Des projets plein le cockpit. En petit ou grand format. «La législation américaine permet de faire voler un hélicoptère de moins de 2,5 kilos à New York. On envisage aussi un hélico avec un moteur de scooter.» La roue tourne.

La bande des quatre

Laurent Grenier, Eric Sakton, Olivier Maroy, Pierre Larrieux. Quatre passionnés d'aéromodélisme, quatre férus de technologie de pointe. Au point de départ, la rencontre entre Laurent Grenier, ingénieur de formation, ayant rapidement quitté l'école, et d'Éric Sakton, «vingt-deux ans de modélisme», un CAP de tourneur fraiseur en poche. Ils créent et développent Hélipse en 2001.

Dix ans plus tard, Olivier Maroy et Pierre Larrieux embarquent dans l'aventure. Le premier, diplômé de l'IUT de génie mécanique d'Angoulême, passé par l'école de manager de L'Isle-d'Espagnac, attaché à sa Charente, rêve éveillé. «Développer une technologie de pointe en Charente, c'est super...» Le second, ancien militaire à la base de Cognac, très au fait des petites et grosses mécaniques, a découvert l'entreprise en lisant un article de CL sur Hélipse en novembre. «Je suis venu déposer mon CV.» Il vient de démarrer et fait valoir son expérience «en montage et assemblage».


   CHARENTELIBRE.fr  


SUDOUEST.fr titre DES DRONES AU JAPON

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