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la Cagouille Enchaînée
17 avril 2011

LES FRANÇAIS SÛRS DE PAYER PLUS APRÈS 2012

Notre sondage IFOP-«Sud Ouest Dimanche » montre que près de neuf Français sur dix ont conscience des hausses d'impôts à venir. Mais le débat ne s'arrête pas là.

A treize mois de l'élection présidentielle, 88 % des Français pensent que les hausses d'impôts auront lieu après le scrutin de 2012, et ce quel que soit le candidat élu. L'analyse avec Jérôme Fourquet, directeur adjoint du département Opinion de l'institut Ifop.

« Sud Ouest Dimanche ». Êtes-vous surpris par les résultats de ce sondage ?

Jérôme Fourquet. Je suis surtout surpris par l'ampleur du résultat. Au moment de la réforme des retraites, on avait une majorité de Français qui pensaient qu'en dépit des manifestations et du mécontentement ambiant il fallait quand même réformer parce que le système était à bout de souffle. En 2007, on avait vu également que la campagne de François Bayrou avait décollé au moment où celui-ci avait abordé le thème des caisses de l'État vides et la nécessité de ne plus cacher la vérité. Il y a eu une maturation sur le sujet, et on arrive à un point culminant aujourd'hui, avec 9 Français sur 10 qui pensent que, quelle que soit l'issue du scrutin de 2012, il y aura hausse des impôts.

Nicolas Sarkozy a toujours dit qu'il n'augmenterait pas les impôts. Va-t-il devoir changer de discours ?

Sarkozy a dit très précisément : « Je n'ai pas été élu en 2007 pour augmenter les impôts. » Les gens peuvent donc penser qu'il ne le fera pas d'ici à 2012, mais que lui-même, ou son successeur, sera dans l'obligation de le faire après. Le niveau des déficits est tel, les marges de manœuvre tellement limitées qu'il n'aura pas le choix. La mesure d'économie, par exemple, du non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite n'a jamais été très populaire, encore moins depuis qu'elle touche l'Éducation nationale et la police. Mais il y avait une position de confort qui était de dire : « Il faut réduire le train de vie de l'État, la dette publique et les déficits. Cela doit passer d'abord par la réduction du budget des dépenses. » Sauf que là, on semble s'acheminer vers une situation où tout cela ne sera pas suffisant et vers la conscience qu'il faudra bien mettre la main à la poche.

Le Parti socialiste, avec ses annonces sur la fiscalité est-il plus en phase avec l'opinion ?

Disons qu'en termes politiques, les critiques qui accuseront le PS d'être le parti de la dépense, le parti fiscal, ne seront plus très crédibles. On leur rétorquera que les socialistes ont le mérite de dire les choses. Par ailleurs, si un parti ou un candidat arrive en disant : « Tout va bien, on va rétablir la situation sans vous demander d'effort supplémentaire », ils ne seront pas pris au sérieux. De là à dire que la messe est dite et qu'il n'y a plus de sujet de débat, ce serait aller un peu vite en besogne. Parce que ce pronostic est fortement teinté de résignation. Et il faudra bien discuter sur l'ampleur de cette hausse et savoir qui va être soumis à l'effort.

En quoi ce sondage dénote-t-il le pessimisme ambiant ?

C'est l'idée que pour rétablir la situation il y a des sacrifices et des efforts qui vont devoir être consentis. Il n'y a pas une opinion majoritaire qui dirait que la croissance va repartir, qu'on est en sortie de crise, que les recettes fiscales vont rentrer et qu'on va pouvoir continuer comme avant. Aujourd'hui le discours est plutôt : le plus dur est devant nous.

Les gens peuvent-ils espérer un impôt qui puisse être juste ? Et faut-il le réduire à « il faut faire payer les riches » ?

C'est une tentation qui a toutes les chances de plaire à un grand nombre, parce qu'est riche celui qui gagne plus que moi. Mais, si on a 88 % de gens qui disent qu'on n'échappera pas à une hausse d'impôt, c'est qu'on assume que tout le monde devra contribuer. Il faut se rappeler que, lors de la réforme des retraites, la droite a gagné la première manche en imposant l'idée dans l'opinion qu'une réforme était nécessaire. En revanche la deuxième manche a été perdue par le gouvernement sur l'idée que la réforme proposée était injuste et que les efforts n'étaient pas équitablement répartis. Sur la fiscalité, c'est un peu pareil. Si les hausses d'impôts sont admises, le débat va surgir sur les thèmes « comment on les fait ? » « qui les paye ? » et « comment répartit-on l'effort ? » Les réponses à ces questions seront une des clés de la présidentielle.

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