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la Cagouille Enchaînée
18 avril 2011

IL EST L'OREILLE DU PRÉFET DANS LES QUARTIERS

18 avril 2011 | Mis à jour | 09h11     Maurice Bontinck

Jean-Victor Astier est désormais «délégué auprès du préfet à la politique de la ville pour les quartiers prioritaires d'Angoulême». 

Une grille d'école qui s'ouvre, un petit mot aux élèves, une poignée de main de temps en temps, une discussion avec des parents... «ça me manque», reconnaît Jean-Victor Astier. A 58 ans, l'ancien principal du collège de Mansle a vécu de nouveau cette scène jeudi matin.

Comme il l'a répété pendant plus de trente ans en étant surveillant «dans tous les collèges charentais», avant de gravir les échelons pour devenir notamment principal adjoint à Marguerite-de-Valois ou Mendès-France, à Soyaux. Il est également monté sur le plateau comme principal de Jules-Verne.

Mais cette fois, Jean-Victor Astier était devant l'un des rares collèges de l'agglomération où il n'a pas travaillé, Michèle-Pallet à la Grande-Garenne. Avec sa nouvelle casquette de «délégué auprès du préfet à la politique de la ville pour les quartiers prioritaires d'Angoulême». Un titre aussi pompeux que l'individu est modeste.

En fin d'année dernière, il a simplement décroché son téléphone pour postuler. Une lettre de motivation et un CV plus loin, le voilà dans la préfectorale plutôt qu''au collège de Mansle où il aurait pu finir sa carrière. Une promotion apprise moins d'une semaine avant la rentrée qu'il pensait donc faire en Nord-Charente.  

«Mais attention, si je suis en contact direct avec le préfet, le seul à qui je suis rattaché, je ne suis pas le fayot du préfet !» Contrairement au titre du poste auparavant, le terme de «sécurité» a disparu. Alors quand on lui demande à quoi sert cette mission auprès du préfet, Jean-Victor Astier part au quart de tour: «Nous sommes là pour mettre du liant entre les gens, apporter un nouveau regard sur le quartier, faire que les gens aillent plus les uns vers les autres, c'est un travail formidable !»

Patrick Poujade, le principal du collège Romain-Rolland de Soyaux le reconnaît bien là. «Jean-Victor est un homme qui s'emballe toujours, il est utopique, mais on a aussi besoin de cette utopie-là pour faire avancer les choses dans ces quartiers.»

Difficile donc de le faire parler de son parcours qui l'a emmené des lignes arrière du SCA rugby au milieu des années 70, jusqu'à représenter le préfet à Basseau, la Grande-Garenne ou la Grand-Font, à quelques années à peine de la retraite.

Alors, ce Charentais pure souche -«Pour moi le Nord, c'est Confolens et le Sud, c'est Barbezieux»- préfère mettre en avant «tous ces bénévoles qui se plient en quatre pour leur quartier» ou sa collègue Emilie Réthoré (lire ci-contre), qui exerce les mêmes fonctions, mais au Champ-de-Manoeuvre à Soyaux. «ça ne m'étonne pas, sourit Jean-François Couchard, le principal de Michèle-Pallet. Il a toujours voulu jouer collectif, ça doit venir de ses années rugby».

C'est son premier réseau et ses premières grandes amitiés qu'il n'a jamais oubliées depuis les années 70. Il sort fièrement sa licence du SCA, dont il est toujours membre actif. Celui qui reconnaît avoir été «un peu la mascotte de l'équipe», se souvient ainsi de l'arrivée du légendaire deuxième ligne britannique Maurice Colclough qui a failli repartir après le premier match amical où le monstre physique s'est rapidement fait expulser. Jean-Victor Astier imite l'accent british: «C'est comme ça qu'on joue au rugby ici ?!» Le rugby a d'ailleurs été la seule raison d'une infidélité à la Charente, quand il est devenu joueur puis entraîneur du Poitiers Etudiant.

Un esprit d'équipe qui le suit à la trace et qu'il rêve de voir développer dans ces quartiers qu'il aime parcourir à vélo. «C'est vrai que malheureusement, les gens regardent la télé et ne savent plus ce qui se passe deux rues à côté.» Jean-Victor Astier connaît, lui, toutes les rues d'Angoulême. Avec ces trois années -le temps de son contrat- à parcourir les quartiers «prioritaires» d'Angoulême, il rêve au gré de ses nouvelles rencontres de transformer les impasses en passerelles.

Une ancienne de la police à Soyaux

Après le départ à Paris de l'ancienne déléguée auprès du préfet, promue au service courrier de l'Elysée, le préfet a choisi de créer deux postes pour recouvrir l'ensemble des «quartiers prioritaires» d'Angoulême et de Soyaux. Recrutée pour le quartier du Champ-de-Manoeuvre, Emilie Réthoré, 39 ans, ne vient pas, elle, de l'Education Nationale, mais de la Police Nationale. Elle était jusqu'à l'année dernière chargée des ressources humaines et de la formation au commissariat d'Angoulême.

«Je voulais avoir une mission de terrain.» Avant de préciser aussitôt que cela n'a rien à voir avec une mission de «sécurité» ou de police. Elle aussi insiste sur «le liant» que la déléguée auprès du préfet veut mettre entre les structures qui travaillent dans les quartiers. Mais quand des tensions apparaissent, elle joue aussi son rôle de représentante de l'Etat.

Comme en janvier dernier, lorsqu'elle annonçait suite à des incivilités devant une école primaire que «des patrouilles de la police municipale, mais aussi de la police nationale, seront plus nombreuses» devant l'établissement. Même si ces délégués auprès du préfet n'ont pas de pouvoir, si ce n'est celui d'être écouté par le représentant de l'Etat en Charente.

   CHARENTELIBRE.fr  

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