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la Cagouille Enchaînée
26 mai 2011

LA CENTRALE DE CIVAUX ACCUSE LE COUP DE LA SÉCHERESSE

26 mai 2011 | Mis à jour | 08h07     Julie Koch

La sécheresse pourrait perturber le fonctionnement de la centrale nucléaire de Civaux. Si le débit de la Vienne continue de baisser, le site pourrait être contraint de s'arrêter.

Les deux réacteurs de la centrale nucléaire de Civaux puisent directement
dans la Vienne pour fonctionner.  Photos Majid Bouzzit

Deux épais nuages blancs dansent dans le ciel poitevin depuis une quinzaine d'années. Ces cumulus artificiels, rejetés par les deux réacteurs de la centrale nucléaire de Civaux dans la Vienne, pourraient disparaître durant l'été. Si la centrale est contrainte de s'arrêter à cause de la sécheresse.

«Aujourd'hui nous n'en sommes pas encore là. La situation ne nous préoccupe pas», tempère Jean-Paul Joly, le directeur, tout en concédant faire preuve de «vigilance». Chaque réacteur de la centrale consomme 1 mètre cube d'eau par seconde. De l'eau prélevée directement dans la Vienne. «Pour que nos prélèvements n'aient pas de conséquences sur l'état de la rivière, le débit ne doit pas être inférieur à 12 mètres cubes par seconde en amont de la centrale», détaille Jean-Paul Joly. Si ce seuil est atteint, la centrale diminuera ses ponctions en éteignant par exemple un de ses réacteurs. Et si la pluie s'obstine à ne pas tomber et que le débit de la Vienne tombe à 10 mètres cubes par seconde, le site nucléaire cessera de fonctionner. Une situation aussi extrême qu'inédite.

Mardi, le débit de la rivière flirtait avec les 17 mètres cubes par seconde. En mai, la pluviométrie a été inférieure de 70% à la moyenne. Les prévisions pour le mois de juin ne sont pas plus optimistes. «Nous sommes habitués à ces débits l'été, mais si tôt dans l'année, c'est inédit», confirme Jean-Paul Joly.

«Le problème de cette centrale, c'est qu'elle a été construite sur une rivière à faible débit. C'est une centrale politique!», tempête Roland Caigneaux, chargé de la question du nucléaire au sein de l'association Vienne Nature et membre de la commission locale d'information de Civaux. Depuis 1980, date de la décision d'implanter la centrale, il suit son évolution et croit se souvenir que «déjà à l'époque, la commission d'enquête n'était pas certaine que la rivière puisse supporter deux réacteurs en fonction». Jean-Paul Joly estime, en revanche, que l'implantation du site a été bénéfique. «La centrale n'a pas vidé la Vienne, au contraire. Son débit est plus soutenu et aujourd'hui ça arrange tout le monde.»

Trouver un équilibre

Plusieurs barrages en amont de Civaux, en effet, régulent le courant. Le lac de Vassivière, situé dans le Limousin, est le robinet dont pourrait avoir besoin la centrale à partir du mois de juillet. Implanté sur 1 000 hectares, il dispose actuellement d'une réserve de 14 millions de mètres cubes d'eau (voir infographie).

«C'est une réserve d'eau précieuse. Nous ne l'utilisons que quand il y a un vrai besoin», insiste Jean-Paul Joly. D'autant que ce lac est l'une des principales attractions touristiques du Limousin. Croisières, planche à voile, canoë, baignades..., il doit conserver une profondeur minimale pour pouvoir satisfaire les vacanciers. Même si «le touriste de Vassivière ne va pas faire le poids face aux milliers de clients d'EDF», énonce, réaliste, le directeur du site de Civaux.



Il faut compter quarante-huit heures de délai entre l'ouverture des vannes dans le Limousin et l'impact sur le débit au niveau de la centrale à Civaux. La décision revient, entre autres, à la préfecture de la Vienne.

Quelle conséquence aurait un arrêt de la centrale sur le réseau électrique, sachant que les pics de consommation sont fréquents en été à cause, notamment, de la climatisation? «L'électricité que nous produisons équivaut au double de la consommation annuelle du Poitou-Charentes. À EDF de trouver un équilibre dans son réseau pour compenser un éventuel arrêt.» Des consignes pourraient être données pour que les utilisateurs réduisent leur consommation.

Mais même éteints, les réacteurs auront besoin d'eau pour être refroidis, quatre réservoirs en sous-sol permettant de tenir en autonomie une dizaine de jours. Heureux hasard du calendrier, l'un des deux sera arrêté pour maintenance d'août à novembre.

Le problème de l'eau radioactive

À la centrale nucléaire de Civaux, l'eau est présente dans le circuit de refroidissement des cheminées, mais aussi au coeur du réacteur. Chargés en radioactivité, ces effluents sont stockés dans des citernes puis rejetés dans la Vienne. «Mais quand le débit de la rivière est trop bas, ils ne sont pas suffisamment dilués et donc dangereux», précise Jean-Paul Joly, directeur du site. Le seuil acceptable pour les rejets est fixé à 30 mètres cubes par seconde. Loin des 16,70 mètres cubes mesurés mardi. «Nous stockons depuis trois semaines. On peut tenir jusqu'à la fin septembre», assure Jean-Paul Joly. L'échéance inquiète Roland Caigneaux, membre de Vienne Nature, qui doute que les capacités de stockage soient suffisantes. «Depuis que la centrale existe, elle a laissé une signature radioactive sur l'environnement. Il ne faut pas oublier qu'une ville comme Châtellerault puise toute son eau potable dans la Vienne, en aval de la centrale.»

   CHARENTELIBRE.fr  

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