L'ASPECT D'ATTAQUE POUR RENVERSER LES MONTAGNES

Lancée hier, l'association présidée par Philippe Lhomme a reçu des soutiens de poids, dont celui du président du Conseil général, Michel Boutant. Explications. 

5 juillet 2011 06h00 | Par bertrand ruiz

Michel Boutant et Jérôme Lambert (à gauche) ont participé au lancement de l'Aspect, présidée par Philippe Lhomme (au micro), hier, devant les Halles d'Angoulême. photo b. R.

En politique, l'équilibrisme reste un exercice périlleux. Michel Boutant s'y est essayé, hier. Le président du Conseil général a, en effet, assisté à la naissance de l'Aspect (Association pour l'équilibre commercial du territoire de la Charente). But premier avoué de l'association : succéder au collectif initié par le restaurateur de Luxé, Philippe Lhomme et, grâce à son statut juridique, attaquer le projet de zone des Montagnes-Ouest à Champniers (25 000 m2 de commerce dans un premier temps)…

Un projet défendu par le maire d'Angoulême et président de la SAEML Territoires Charente, Philippe Lavaud, mais aussi par le président de la Communauté de communes Braconne-Charente, Guy Branchut, et la maire de Champniers, Jeanne Filloux, tous deux conseillers généraux de la majorité Boutant. « Je ne veux pas entrer dans la polémique. Mais si je disais que je ne suis pas gêné par la proximité politique avec les défenseurs du projet, je mentirais. Nous n'avons apparemment pas la même philosophie sur ce sujet. »

La présence de Michel Boutant, mais aussi du conseiller général Franck Bonnet ou du député Jérôme Lambert, non loin d'élus de la droite angoumoisine (Bonnefont, You, Cazenave), est tout sauf neutre… À l'image du rapprochement explicite et observé hier entre les commerces de bourgs, de Ruffec à La Rochefoucauld, et ceux du centre-ville d'Angoulême. Rapprochement qui, en d'autres temps, tenait du mariage entre la carpe et le lapin. Michel Boutant a bien saisi cette évolution : « Je suis un élu rural qui se méfie de toutes les formes de concentration. Et je me pose la question de savoir à quoi vont ressembler nos villages et le centre de nos villes… Va-t-on avoir un désert dans nos bourgs et, à côté, des périphéries urbaines où seront concentrées les activités commerciales avec des produits uniformisés qui participeront à la standardisation des individus ? À une époque où l'on essaie de défendre la biodiversité, on a aujourd'hui l'impression qu'on s'échine à tuer la diversité commerciale ! »

Supplément d'humanité

Hier, autour d'un barbecue géant, plus de 160 sympathisants ont donc adhéré à la nouvelle association. Qui, c'est une certitude, contestera, en commission nationale d'aménagement commercial, la zone des Montagnes-Ouest. Une zone vouée aux gémonies par Philippe Lhomme qui cite un exemple qu'il connaît bien, celui de la restauration : « Les Montagnes-Ouest, ce sont aussi 2 000 places de restaurant, soit 4 000 couverts par jour. On pourra alors mettre la clé sous la porte… Pourtant, je ne pense pas que 80 millions de touristes viennent en France pour visiter les grands magasins de meubles suédois (Ikea, NDLR). Ils tiennent, comme nous, à nos commerces de village qui apportent un supplément d'humanité et qui témoignent de notre façon de vivre, à la française. »

Profitant de l'occasion pour appeler à l'unité les associations commerçantes angoumoisines, Philippe Lhomme a tenu à se défendre de toute tentation politique : « Notre association ne doit pas servir aux politiques, de droite comme de gauche, qui voudraient s'abriter derrière nous pour entretenir des querelles. Nous sommes juste les défenseurs d'une cause qui nous semble équitable. »

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