DE VILLIERS : «LA DROITE A PERDU LA TÊTE, LA GAUCHE N’EN A PLUS DEPUIS MITTERRAND»

Le président du Mouvement pour la France s'insurge contre les mesures d'austérité annoncées par François Fillon. L'augmentation de la TVA sur les parcs à thèmes indigne le fondateur du Puy du Fou. De quoi légitimer une nouvelle candidature De Villiers à la présidentielle ?

Marianne : Que vous inspire la cure d’austérité annoncée par François FIllon ?

Philippe de Villiers : Elle m’inspire un grand scepticisme, c’était une opération de communication. N'importe quel ménage français quand il est endetté commence par sabrer les dépenses. Le plan de monsieur Bricolage consiste à mettre dans le caddy des recettes de poche en cherchant sur l’étagère les produits qui vont le moins piailler : une gorgée de soda, un ticket dans un parc à thème, un peu de mutuelle, c’est du bric-à-brac. Monsieur Fillon a dit, il y a deux ans, « la France est en faillite », aujourd’hui il est devenu un excellent liquidateur amiable. D’où vient l’endettement ? D’un système libre-échangiste qui liquide toute notre production. Le seul parc de loisirs qu’on propose aux Français c’est l’Euroland.

En tant que créateur du Puy du Fou, comment-vous réagissez à l’augmentation de la TVA sur les parcs à thèmes ?

Qui est visé par cette mesure ? Les familles modestes à qui on a demandé de payer pour les Grecs cet été, pour lesquelles une journée dans un parc à thème est une alternative à un voyage trop cher. On leur dit qu’on va taxer leurs ultimes loisirs, c’est une sorte d’assignation à résidence, vous n’aurez plus qu’à vous caler devant votre télévision pour regarder Monsieur Baroin. 

Avec l’euromondialisme, on a tué un secteur primaire, puis on a tué un secteur secondaire puisque toute la production est partie en Chine. On nous a expliqué qu’il resterait les services. Et voilà que maintenant, on taxe le tourisme. Je note, ce qui n’a pas été dit depuis deux jours, que les parcs à thèmes français voient leur TVA augmenter à 19,6% pendant que nos concurrents, Port Aventura en Espagne et Europa Parc en Allemagne, gardent une TVA à 5,5%. Donc le gouvernement français instaure une concurrence inégale au détriment des entreprises françaises.

Quelles vont être les conséquences de cette augmentation de TVA pour le Puy du Fou ?

Elles sont terribles. Le Puy du Fou, c'est 3 200 bénévoles, 1 200 salariés saisonniers et 5 000 emplois indirects. La conséquence de cette décision, c’est évidemment l’arrêt des investissements et du recrutement. Il faut savoir que les parcs sont un secteur qui investit beaucoup. Le Puy du Fou investit 25% de notre chiffre d’affaires, sans un centime d’argent public. 

Les technocrates qui nous gouvernent ont la fascination des canards boiteux. Les énarques s’ingénient à faire boiter toutes les entreprises qui réussissent. Pour avoir dans la main toutes les entreprises qui passent de l’indépendance économique à la dépendance et à l’assistance. 

Que va-t-il se passer ? La mesure va être prise alors que tous les catalogues sont envoyés aux tour-opérateurs pour l’an prochain, donc les parcs à thèmes n’auront pas le temps d’ajuster leurs prix et je pense que cela va provoquer une faillite importante de beaucoup d’entre eux. 

Pourquoi ne pas vous associer à Jean-Pierre Raffarin, qui a réagi sur son blog contre cette mesure, et envisager une action commune ?

Monsieur Raffarin a réagi avec sagesse et je souhaite que tout le monde se mobilise. 

Mais de votre côté, qu’envisagez-vous précisément ?

Nous allons informer individuellement les 1 500 000 visiteurs du Puy du Fou qui sont aussi 1 500 000 d'électeurs. On va leur parler de Monsieur Bricolage...

Et la campagne présidentielle dans tout ça, elle vous inspire quoi ?

La droite a perdu la tête et la gauche n’en a plus depuis que Mitterrand est mort.

De toute façon, entre Hollande et Sarkozy quelle est la différence puisqu’il nous proposent la rédemption par l’impôt et le salut par l’euro, c’est la même politique. C’est un spectacle lamentable que nous donnent les politiciens aujourd’hui par manque de lucidité et manque de courage. 

Dans ces conditions, pourquoi ne pas vous présenter en 2012 ?

On verra, je garde l’allant. Bernanos disait : « Un pays meurt quand il perd sa faculté d’indignation », ce n’est vraiment pas mon cas.

Et si vous n'êtes pas candidat, pour qui voteriez-vous ?

Pas pour ceux qui veulent mettre à mort l’œuvre la plus chère de ma vie, le Puy du Fou.

Propos recueillis par Laureline Dupont - Marianne | Samedi 27 Août 2011 à 05:01 

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