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la Cagouille Enchaînée
10 septembre 2011

ENTRE RELANCE ET RIGUEUR, LE G7 ÉCHOUE À TROUVER UNE LIGNE CLAIRE ET COMMUNE

Marseille Envoyé spécial - Impavides face à la tempête boursière et médiatique qui a soufflé toute la journée du vendredi 9 septembre, les ministres des finances et les gouverneurs des banques centrales du G7 (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Italie, Japon, Royaume-Uni), réunis à Marseille, ont publié dans la soirée un communiqué baptisé "termes de référence agréés" qui procède de la méthode Coué.

Il y est affirmé la nécessité d'une "réponse internationale forte et coordonnée pour relever" le défi nouveau de devoir faire des économies budgétaires tout en soutenant une croissance qui faiblit de jour en jour. Le plan Obama de 447 milliards de dollars (325 milliards d'euros) pour le soutien à l'emploi américain est applaudi comme exemple.

Les "7" promettent une "détermination inflexible pour honorer leurs signatures souveraines individuelles". Et répètent que tous les pays doivent "adopter et mettre en oeuvre des plans de consolidation budgétaire ambitieux et favorables à la croissance".

Les conférences de presse ont un peu décrypté les codes de cet exercice abscons. En fait, le G7-Finances s'est bien posé la question de savoir s'il fallait appuyer sur l'accélérateur pour éviter une récession ou s'il convenait de persévérer dans le freinage des déficits amorcé par les plans de rigueur dans les pays riches. La réponse, selon François Baroin, ministre français des finances et président du G7, est qu'il faut faire "les deux en tenant compte des situations différentes". Aucun détail n'a été donné sur la façon de réussir ce subtil mélange de soutien et d'austérité.

La défiance aiguë à l'égard des banques est sans objet, a précisé Christian Noyer, gouverneur de la Banque de France, car "tous les établissements bancaires européens pourraient absorber quelque chose de beaucoup plus grave" et la Banque centrale européenne (BCE) est prête à répondre à toutes les demandes de liquidités.

Pour restaurer la confiance, a dit le président de celle-ci, Jean-Claude Trichet, il faut que les pays de la zone euro mettent en oeuvre au plus vite les mesures adoptées le 21 juillet pour faire face aux tensions financières, car la consolidation budgétaire qui en résultera rassérénera les investisseurs et fera repartir la croissance.

DÉNI

Ignorée, la chute des places boursières dans la journée sur des rumeurs de défaut de la Grèce durant le week-end ! Juste regrettée, la démission de l'Allemand Jürgen Stark, l'économiste en chef de la BCE en désaccord avec la politique de rachats par la banque centrale d'obligations des pays en difficulté ! Passée sous silence, la cacophonie des déclarations de Wolfgang Schäuble, le ministre allemand, pour qui tout le mal vient des déficits, et de Tim Geithner, son alter ego américain, plus souple, qui estime que "les membres les plus forts de la zone euro sont capables d'absorber les coûts" supplémentaires du sauvetage des pays périphériques !

Ces silences traduisent un déni public des problèmes. Ce n'est pas nouveau. Les pères du G7, Valéry Giscard d'Estaing et Helmut Schmidt, voulaient en faire un club où auraient été abordés, entre égaux et dans la sérénité, les problèmes économiques du moment. Ses réunions ont peu à peu fait l'objet d'une surexposition médiatique qui braque les projecteurs sur une équipe tenant des propos lénifiants et opaques dont il ressort que la situation est sous contrôle. Or, les opinions et les marchés attendraient plutôt une analyse sans fard des difficultés et surtout les mesures pour y faire face.

Le G7 s'est montré à Marseille inadapté : il n'est pas un outil de gouvernance et surtout pas en temps de crise. Il a souligné l'irrésolution des gouvernants occidentaux et les forces centrifuges à l'oeuvre en Europe. De quoi accroître la peur dont se nourrit la volatilité des marchés.

Le dernier paragraphe du communiqué est un aveu d'impuissance. "Nous allons travailler avec nos collègues du G20 et du Fonds monétaire international au rééquilibrage de la demande et au renforcement de la croissance mondiale", écrivent les "7". Ils n'en ont guère les moyens et ce sont les treize autres pays du G20 qui vont peut-être éviter une rechute en récession. Depuis 2008, plus de la moitié de la croissance mondiale est imputable au dynamisme des pays émergents ou en développement.

Alain Faujas  

LEMONDE | 10.09.11 | 14h02   •  Mis à jour le 10.09.11 | 15h55

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