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la Cagouille Enchaînée
15 septembre 2011

BHV, LE BAZAR QUI EMPOISONNE LA BELGIQUE

En pleine crise politique, sans gouvernement depuis 458 jours, Yves Leterme qui gérait les affaires en cours a annoncé qu'il quittait son poste pour devenir secrétaire général adjoint de l'OCDE. Un imprévu qui vient ajouter du désordre au chaos au point que le Roi Albert II a quitté son repli niçois pour rallier Bruxelles le plus vite possible. Qualifiées de négociations de la dernière chances, c'est sur le dossier BHV que les discussions achoppent. Un dossier électoral et linguistique qui empoisonne la vie politique belge depuis 45 ans.

 Dessin Louison

La Belgique n’en finit pas de sortir de la crise politique dans laquelle elle est empêtrée depuis  le 22 avril 2010 et la démission du gouvernement Leterme. Si jusque là, le record du monde qu’elle détient du pays à être resté le plus longtemps sans gouvernement suscitait une curiosité bienveillante, l’affaire belge commence à tourner au vinaigre.

Le retour précipité du roi à Bruxelles ce mercredi, contraint de s’extirper fissa de sa torpeur azuréenne, dit l’ampleur de la crise et du chantier politique qui attend le pays.  Chargé de gérer les affaires courantes, en attendant l'issue des négociations en cours en vue de former un gouvernement, l’actuel premier Ministre Yves Leterme a déclaré qu’il allait quitter ses fonctions avant la fin de l’année pour devenir secrétaire général adjoint de l'OCDE à Paris.

S’il n’est pas le premier à quitter le navire - l’actuel président du Conseil européen, Herman Von Rompuy, avait fait de même- cette défection qui précipite encore un peu plus le pays dans la crise dans laquelle il est englué suscite l’ire des éditorialistes : « Premier ministre sans âme d’un gouvernement sans vision d’une Belgique sans avenir, Yves Leterme s’en va voir si l’herbe n’est pas plus verte ailleurs. Vu les circonstances, le pari n’est guère audacieux, le geste pas très courageux. Bien dans le personnage. Alors que le pays est en pleine crise existentielle, au bord du chaos politique, en proie à un énième blocage de négociations qui pourrait cette fois être fatal. Avec un gouvernement en veilleuse qui sera peut-être contraint de se chercher un nouveau patron ad interim. Bref, une belle inconnue de plus ainsi balancée dans le brouillard politique du moment. Idéal pour rassurer marchés financiers et agences de notation à l’affût du moindre mauvais signal pour prendre la Belgique dans leur collimateur et plomber notre situation budgétaire. Proficiat, mijnheer Leterme » écrit Pierre Havaux, journaliste politique à l’Hebdomadaire Le Vif/L’Express.
 
Bruxelles-Hal-Vilvorde pour les Nuls

L'arrondissement judiciaire Bruxelles-Hal-Vilvorde

Premier Ministre pressenti Elio di Rupo faisait état mardi soir du blocage total des négociations en vue de former un gouvernement, 458 jours après les législatives du 13 juin 2010, appelant les « partis autour de la table à un sursaut de responsabilité ».
C’est sur le dossier BHV que les négociations achoppent. Pour nous autres, ignorants français, consommateurs insatiables, le BHV n’a rien à voir avec cette célèbre enseigne proche de la Mairie de Paris. BHV désigne le problème de l’arrondissement de Bruxelles-Hal-Vilvorde, un caillou linguistique dans la chaussure du royaume qui empoisonne la vie politique du pays depuis 1830.
Rien à vendre du côté de ce BHV là, même si tout est à négocier.

« Quand ils jettent les fondations de l’Etat belge, à la fin 1830, les premiers dirigeants du pays font du français la (seule) langue nationale. Pour eux, cela va de soi. Le français est la langue de l’élite – et ses dirigeants en sont issus. A leurs yeux, le français a pour vertu d’être une langue internationale et d’être homogène – à l’inverse de ce flamand, émietté en quantité de patois. En dépit d’un rapport démographique favorable aux flamands, la Belgique aura pour seule langue officielle le français  » explique le journal Le Soir dans un dossier intitulé Le BHV pour les Nuls.

C’est ce privilège que les Flamands auront dû mal à avaler, suscitant l’émergence d’un mouvement flamand dont le poids politique ne cessera d’augmenter. Au fil du temps, le flamand s’impose comme langue officielle sur le sol…flamand et ses administrations.   
En 1921, le législateur décide que le néerlandais sera désormais la langue officielle dans les provinces flamandes, que le français sera désormais la langue officielle dans les provinces wallonnes et que Bruxelles sera région bilingue. Un recensement linguistique permettra aux villes frontalières de changer de bord. La frontière linguistique est tracée. Le ver communautaire est dans le fruit. En 1962, la frontière linguistique sera même figée. Le mouvement flamand est apaisé excepté sur l’arrondissement électoral et judiciaire BHV.

Des négociations dans une ambiance positive
La Flandre exige la scission de BHV, mais les francophones ne lâchent rien et viennent s’installer dans la périphérie flamande. Depuis le début des années 1970, les gouvernements successifs tenteront d’éteindre, sans succès l’incendie BHV. La rivalité s’est encore largement accentuée depuis les élections de juin 2010,  et la montée en puissance des partis flamands les plus durs. Les Flamands réclament que les francophones vivant en Flandre apprennent le néerlandais et veulent remettre en cause dans ce contexte la possibilité pour les francophones de la périphérie flamande de Bruxelles de voter pour des candidats francophones bruxellois aux élections législatives.

« La thématique de BHV et de la nomination des trois bourgmestres de la périphérie est au coeur des discussions avec quand même, ces trois derniers jours, deux très longues réunions. Et, on l'a vu, les forces centrifuges s'expriment de plus en plus. Dons si on ne conclut pas maintenant, cela deviendra de plus en plus difficile et manifestement on a beaucoup de difficultés à conclure ce dossier » explique le politologue Pascal Delwit.

Faute de solution négociée et rapide, la Belgique serait en état de mort clinique, les partis flamands remettraient sur le tapis le dossier de la scission pure et simple de BHV, un premier pas vers l’indépendance de la Flandre, signature de l’échec définitif du fédéralisme.
Aux dernières nouvelles, certains journalistes belges faisaient état d’une « ambiance positive » voire d'un « quasi accord » sur BHV. 
 
Régis Soubrouillard - Marianne | Jeudi 15 Septembre 2011 à 05:01
 
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