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la Cagouille Enchaînée
29 septembre 2011

MORT DE TYLANE: "ÇA AURAIT PU LUI ARRIVER N'IMPORTE QUAND, MÊME SANS COUP"

Selon Jean-Marc de Lustrac, médecin urgentiste à l'hôpital de Girac, "il y a toutes les chances que la jeune écolière décédée mardi à Soyaux ait eu l'équivalent d'un "commotio cordis" qui aura provoqué la fibrillation ventriculaire mortelle.

Jean-Marc de Lustrac prescrit des tests d'effort, des électrocardiogrammes,
voire des échographies ou des enregistrements cardiaques à ses jeunes patients sportifs. Photo archives Phil Messelet

Jean-Marc de Lustrac est médecin urgentiste à l'hôpital de Girac, où il est aussi responsable de la consultation de médecine du sport. Selon lui, et comme un internaute le pensait ce matin, "il y a toutes les chances que la jeune écolière ait eu l'équivalent d'un "commotio cordis" (coup sur le coeur)" qui aura provoqué la fibrillation ventriculaire mortelle. La violence ou non du coup porté importe finalement peu; "c'est plutôt une question de seuil plus ou moins bas à la fibrillation".

"J'espère que l'autopsie complète apportera des réponses, qu'on y verra par exemple une petite malformation du coeur de la fillette, ce qui expliquerait une hyper sensibilité à la fibrillation ventriculaire", espère le maire de Vars qui se bat également pour l'installation de défibrillateurs dans  un maximum de lieux publics.

Un internaute parlait ce matin de "commotio cordis" pour expliquer le décès de la jeune Tylane, à la suite d'un coup apparemment sans violence. Qu'en pensez-vous?

Jean-Marc de Lustrac. Il a raison. On sait qu'un coup de poing sternal peut provoquer une fibrillation ventriculaire. En finale du Mondial en 2006, Zinédine Zidane aurait pu tuer le gars (Mattterrazzi) en face avec son coup de tête.

Il peut aussi y avoir une hyper-sensibilité à la fibrillation ventriculaire. Il ne faut pas s'arrêter à la sémantique et à la violence d'un coup dans la poitrine. Tout est histoire de seuil. Dans le cas de la mort subite du sportif, un effort peut déclencher la fibrillation parce que son seuil de sensibilité à la fibrillation est bas.

Il est probable que la jeune écolière de Soyaux avait également un seuil de sensibilité très bas, peut-être en raison d'une petite malformation cardiaque. Il y a toutes les chances qu'elle ait eu l'équivalent d'un "commotio cordis". C'est une histoire dramatique, mais ça aurait sans doute pu lui arriver n'importe quand, sans coup, en sport, par exemple.

Dans le cas de Tylane, était-ce détectable avant ce drame?
Ce n'est pas prévisible sauf si un électrocardiogramme a été fait auparavant. Quand on voit des anomalies lors de cet examen, on fait tester le patient par un rythmologue. Je m'occupe de la consultation de médecine du sport à Girac et du pôle espoirs de judo. Et même pour les enfants de 10 ans, je demande un électrocardiogramme d'aptitude. Les enfants font aussi des tests d'effort et mêmes des enregistrements et des échographies cardiaques en cas de doute. Il y a beaucoup de cas de morts subites et on fait extrêmement attention.

C'est aussi pour ça que je me bats pour qu'on installe encore plus de défibrillateurs. C'est quand même dingue d'imposer aux communes l'installation d'extincteurs pour sauver des murs, mais de ne pas leur imposer d'installer des défibrillateurs qui peuvent pourtant sauver des gens.

Un défibrillateur aurait pu sauver Tylane?
Dans le cas de Tylane, on est en zone urbaine: le samu et les pompiers sont intervenus rapidement, les gens de l'école ont agi aussitôt, elle a eu un massage cardiaque, elle a été 'choquée'. Elle a eu toutes ses chances. Malheureusement, on n'est pas immortel.

29 septembre 2011 | 12h05
Mis à jour | 15h34  -  Anne Kerjean

CHARENTELIBRE.fr

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