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la Cagouille Enchaînée
1 octobre 2011

L'EUROPE EN ORDRE DE BATAILLE POUR SAUVER L'EURO

Deux ans d’hésitations, de volte-face, de demies-mesures approuvées du bout des lèvres et sous la pression des évènements, ont fini par faire douter les marchés de la détermination de la zone euro à sauver sa propre monnaie. Ce n’est pas un hasard si la crise de la dette publique, d’abord limitée à la seule Grèce, a fini par contaminer l’ensemble des pays périphériques de la zone euro, Italie comprise, et menace de dégénérer en crise bancaire, ce qui précipitera la zone euro et sans doute une bonne partie du monde dans une nouvelle récession, après celle de 2008-2009.
 

Depuis quelques semaines, les partenaires de la zone euro au sein du G20, États-Unis en tête, ne cachent plus leurs inquiétudes et multiplient les pressions pour que les Dix-sept prennent enfin des mesures ambitieuses à même de ramener le calme. Dans une déclaration commune publiée samedi, à Washington, à l’issue d’une réunion du FMI, la zone euro s’est sentie obligée, de proclamer qu’elle ferait « tout le nécessaire » afin « d’assurer la stabilité financière de cette zone dans son ensemble ».

La semaine qui s’ouvre est perçue comme cruciale par les marchés essentiellement en raison du vote par le Bundestag, ce jeudi, du texte élargissant les moyens et les compétences du Fonds européen de stabilité financière (FESF), l’une des mesures phares du second plan de sauvetage de la Grèce arrêté par le Conseil européen des chefs d’Etat et de gouvernement de la zone euro le 21 juillet dernier. Une fois que les dix-sept États membres de la zone euro l’auront ratifié, ce Fonds créé en mai 2010 pourra racheter des obligations d’États sur le marché secondaire (celui de la revente) en lieu et place de la Banque centrale européenne (BCE), mais aussi aider à la recapitalisation des banques. Le problème est que la partie eurosceptique de la majorité CDU-FDP (chrétiens démocrates et libéraux) menace de ne pas le voter. Certes, les sociaux-démocrates du SPD et les Verts ont annoncé que leurs voix ne feront pas défaut, ce qui assure l’adoption du texte, mais si Angela Merkel ne parvient pas à réunir une majorité avec les députés de son seul camp, son gouvernement pourrait tomber, ouvrant ainsi une période d’instabilité politique… Le fait que les marchés se focalisent sur ce vote montre bien qui donne le tempo du règlement de cette crise, les huit ratifications qui ont déjà eu lieu (France, Italie, Espagne, Portugal, Belgique, Irlande, Grèce et Luxembourg) s’étant faites dans la plus totale indifférence…

Si tout se passe bien jeudi, le FESF nouvelle manière devrait pouvoir entrer en action d’ici le mois de novembre, une fois les dix-sept ratifications acquises, soit plus de 3 mois après la décision politique. Ces délais suscitent l’incompréhension et la nervosité des marchés qui ne sont pas toujours au fait des subtilités des mécanismes européens, incompréhension renforcée par le fait que la Grèce n’a toujours pas mené à bien son programme d’échange d’obligations d’État impliquant le secteur privé destiné à diminuer sa dette publique de plus de 20 %…

Autant dire que le temps des marchés financiers n’est vraiment pas celui du politique : « nous ne sommes pas dans le déni », a expliqué vendredi à Washington, Jean-Claude Trichet, le patron de la BCE, en répondant aux critiques de ses partenaires. « Nous avons des démocraties. Nous devons passer par tout le processus », ce qui prend du temps.

Le problème est que ces délais, qui sont dus à l’insuffisance de l’intégration politique de la zone euro qui doit en permanence en passer par ses États membres pour défendre sa monnaie, privent en bonne partie les ripostes élaborées de leur efficacité. Ce n’est pas un hasard si, alors que le FESF n’est même pas encore en ordre de marche, il est déjà question de le réformer.Alors qu’il est doté d’une capacité d’emprunts de 440 milliards d’euros, certains plaident pour lui donner davantage de moyens. Dans un entretien paru hier dans le quotidien allemand die Welt, Olli Rehn, le commissaire européen aux affaires économiques et financières, a reconnu que la Commission réfléchissait « à la possibilité de doter le FESF d'un effet de levier plus important pour lui conférer plus de force », rejoignant ainsi une idée avancée par Timothy Geithner, le secrétaire américain au Trésor. Une augmentation du plafond du FESF poserait cependant un gros problème : chaque État garantissant par sa signature une partie des fonds, la somme garantie entre immédiatement dans le calcul de la dette publique en vertu d’une décision d’Eurostat. Et ce, bien que la garantie reste virtuelle sauf si l’État qui a bénéficié de ces prêts ne rembourse pas… En clair, un FESF à 1500 milliards, c’est la certitude que la France perdra son triple A.

On comprend donc que la France, et surtout l’Allemagne, estime qu’il est trop tôt pour aller dans cette voie et qu’il est surtout urgent de mettre en œuvre l’ensemble des décisions prises le 21 juillet et de tester leur efficacité avant de se lancer dans de nouvelles réformes. Mais Paris et Berlin prennent ainsi le risque d’être une nouvelle fois débordé par les évènements comme cela est le cas depuis deux ans. C’est sans doute pourquoi, samedi, à Washington, Wolfgang Schäuble, le grand argentier allemand, a annoncé qu’il était favorable à ce que la mise sur pied du Mécanisme européen de stabilité (MES), qui doit prendre le relais, en juillet 2013, du FESF, une structure temporaire, soit accélérée : « nous voulons une solution permanente dès que possible », afin de rassurer les marchés sur la détermination des Européens à défendre leur monnaie.

Une défense qui passe par la Grèce, les dirigeants de la zone euro en sont de plus en plus persuadés. Ils ont fermement écarté une faillite du pays par crainte d’une contagion, comme l’a expliqué dimanche soir Angela Merkel, la chancelière allemande : « nous ne pouvons pas anéantir la confiance des investisseurs au milieu du chemin, sinon plus personne n’investira jamais son argent en Europe, nulle part ».

Photos: Reuters
mardi 27 septembre 2011

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