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la Cagouille Enchaînée
3 octobre 2011

LA PAILLE ET LA POUTRE

Le ministre des Finances François Baroin est mal placé pour critiquer le programme économique du Parti socialiste. Sans les baisses d'impôts décidées depuis 2000, nous aurions 400 milliards de dette publique en moins soit 20 points de PIB, explique Guillaume Duval sur Radio Nova…

Le week end dernier François Baroin, le ministre des Finances, a affirmé que le projet économique du PS était « bon à jeter à la poubelle ». Cette affirmation vous a choqué.

Oui. Venant du représentant d'une droite qui a aussi lamentablement échoué en matière de gestion des finances publiques depuis maintenant dix ans qu'elle est au pouvoir sans discontinuer, une formulation aussi outrancière parait vraiment déplacée même si le programme économique du PS est sans aucun doute critiquable sur de nombreux points…

En quoi la droite a-t-elle tellement échoué selon vous ?

En 2002, quand la gauche avait quitté le gouvernement pour la dernière fois, la dette publique représentait 910 milliards d'euros et 59 % du PIB, en dessous donc de la limite des 60 % prévue par les traités européens. Une proportion qui était également en baisse par rapport à l'année 1997 quand la gauche était arrivée aux affaires. Aujourd'hui la dette est de 1700 milliards d'euros, quasiment deux fois plus qu'en 2002, et pèse 85 % du PIB…

D'accord mais il y a eu entre-temps une énorme crise internationale…

Certes mais même si prend 2008 comme référence, avant donc la crise, la dette pesait déjà 68 % du PIB, dix points de PIB de plus qu'en 2002. Et ce n'est pas surprenant parce que l'action de la droite a tourné pour l'essentiel autour d'un seul sujet : les baisses d'impôts. Et celles-ci ont été massives : si on prend l'Impôt sur le revenu, l'Impôt de solidarité sur la fortune et les droits de successions et qu'on se dit que ces impôts devraient représenter la même proportion des revenus des ménages aujourd'hui qu'en 2000, il manque alors 30 milliards d'euros dans les caisses de l'Etat, soit 1,5 points de PIB. Et si on y ajoute les baisses d'impôts au profit des entreprises, ce sont 80 milliards d'euros qui manquent chaque année, 4 points de PIB. L'an dernier, Jean-Philippe Cotis, le directeur général de l'Insee, avait rendu un rapport au gouvernement à ce sujet et sa conclusion était claire : sans les baisses d'impôts décidées depuis 2000, nous aurions 400 milliards de dette publique en moins soit 20 points de PIB…

Oui mais ces baisses d'impôt n'ont-elles pas servi à mieux rémunérer le mérite individuel et donc à développer l'activité ?

C'était en effet le discours mis en avant pour les justifier, mais si c'était vraiment le cas, cela aurait dû se voir dans le développement de l'activité économique. Et grâce à cette croissance supplémentaire nous n'aurions pas dû avoir une telle hausse de la dette publique. En réalité les bénéficiaires ont bien empoché les baisses d'impôt mais cela n'a pas eu d'effet positif pour l'économie française. En fait les politiques de baisse d'impôt correspondent surtout à une philosophie : elles sont pratiquées par ceux qui préfèrent emprunter de l'argent aux riches plutôt que de leur faire payer des impôts. Et c'est pour cela que, historiquement, les gens qui ont laissé filer la dette publique ce sont presque toujours des gens de droite : la démocratie chrétienne italienne après guerre, Ronald Reagan et George Bush aux Etats-Unis, Edouard Balladur et la droite depuis 2002 en France. Et comme il faut en plus faire payer ensuite des impôts supplémentaires aux pauvres pour rembourser capital et intérêts aux riches, ce sont des politiques particulièrement injustes. Bref, sur les finances publiques François Baroin devrait vraiment la jouer modeste…

Guillaume Duval
Article Web - 22 septembre 2011

ALTERNATIVES-ECONOMIQUES.fr

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