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la Cagouille Enchaînée
19 mai 2012

LES SCHNEIDER DE MERPINS ONT DÉBUTÉ LEUR TRANSHUMANCE

Depuis lundi une vingtaine d'employés de l'usine de Merpins travaillent à L'Isle-d'Espagnac. Le début d'un mouvement qui va durer jusqu'en octobre. Trois salariés témoignent.

Pascale Chaigneau (à gauche) a quitté Schneider dès 2010.
Brigitte Bonneau, déléguée CGT, est toujours dans l'entreprise.Photo F. B.

Ce n'est plus de la colère. Un mélange de résignation et de curiosité. Depuis lundi, les premiers employés de l'usine Schneider de Merpins ont pris leur poste à L'Isle-d'Espagnac. Une vingtaine, suivie dans quelques jours d'une trentaine, avant le grand mouvement entre septembre et mi-octobre. A cette date les 206 employés de Merpins seront tous partis.

Trois salariés ont accepté de mettre des mots sur ce déracinement. Ils ont entre 15 et 30 ans de maison. Marie, la plus ancienne faisait partie de la première vague et était lundi dans sa nouvelle usine. Monique y sera dans «douze jours». Michel, le troisième, a encore un été de sursis et fera partie des derniers à déménager. Pour «éviter les réflexions et être stigmatisés», ils ont demandé expressément de rester anonymes. Leurs prénoms ont été modifiés.

«Ca se passe presque en douceur»

«On est arrivés lundi, on a été très bien reçus, par un petit-déjeuner. C'est très propre, les travaux qui ont été promis ont été faits», raconte Marie qui se surprend elle-même: «Je pensais que ça serait très dur. Finalement ça se passe presque en douceur. Mon dernier jour je n'ai pas vraiment réalisé, en tout cas ça n'a pas été douloureux.»

Elle se reprend: «Certains ça les rend malades. Moi, c'est à l'annonce du déménagement, le 30 mars 2010 que j'ai pleuré, pas là.» Marie fera un bilan plus tard. Les trajets qu'elle a choisis de faire en covoiturage, la fatiguent: «On verra. Avec mon mari on n'exclut pas un jour de déménager si c'est très compliqué. Pourquoi pas vers Jarnac parce que lui travaille à Cognac.»

«Mieux que de ne plus avoir de boulot»

Monique, elle, compte les jours qui la séparent encore du départ. Elle habite entre Cognac et Jarnac. «Pour l'instant je m'interdis de trop y penser. Je sais que c'est ma vie familiale qui va en prendre un coup. Moi j'ai décidé de prendre ma voiture tous les jours. Je n'ai pas calculé combien ça allait me coûter en carburant. Je ne préfère pas savoir. Moi aussi je ferai un point au bout de quelque temps.»

Je crois que je me suis fait une raison avec le temps. Avec ce qui se passe autour de nous, parfois on se dit que c'est mieux que de ne plus avoir de boulot. On relativise un peu.»

«C'est devenu un sujet un peu tabou»

Michel est sans doute le plus amer. «Je n'ose même plus en parler à la maison ou c'est ma femme et mes enfants qui n'osent plus m'en parler. C'est devenu un sujet un peu tabou. Moi je serai un des derniers. Évidemment que je pense aux gens qui sont au chômage et je me dis que je suis moins en peine. Mais c'est pas un argument probant. La boîte faisait des bénéfices, on était rentable. Alors pourquoi ? La logique financière écrase tout, les individus en premier. Je ne sais pas encore si je ferai du covoiturage ou si je prendrai le bus qu'ils vont mettre en place pour aller travailler à L'Isle-d'Espagnac.»

17 Mai 2012 | 04h00  Mis à jour | 09h25

CHARENTELIBRE.fr

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