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la Cagouille Enchaînée
4 juin 2012

FRACTURE OUVERTE ENTRE EMPLOYEURS ET SALARIÉS

L'occasion de la remise de médailles d'honneur de la République à deux conseillers du collège salariés, en mairie, a servi de tribune au vice-président syndiqué CGT.

Christian Braud (au centre) remet sa médaille à Patrice Coeymans sous les yeux de
Philippe Buisson, Pierre Alcacera et Daniel Beaufils (à droite). (photo stéphane klein)

Lors de la traditionnelle rentrée solennelle des différents tribunaux libournais, fin janvier, « Sud Ouest » titrait à propos de celle du Conseil des prud'hommes (CPH) : « La mésentente cordiale » À l'occasion de sa nomination à la présidence, Laurent Rousseau (collège employeurs section agriculture) était revenu dans son intervention « sur des incidents et dérives intervenus en 2011 ». Le viticulteur à Abzac, membre de la FDSEA, estimait « intolérable que la fonction de président puisse être utilisée à des fins politiques, portant atteinte à la neutralité et à la sérénité de notre juridiction ». Il visait directement son prédécesseur et actuel vice-président Christian Braud (collège salariés). Lequel était resté coit à ce moment-là.

Sa réponse en quelque sorte, celui-ci l'a donnée vendredi dernier à la mairie à l'occasion des remises de médailles d'honneur prud'homales de la République à deux conseillers, Pierre Alcacera et Patrice Coeymans, membres depuis 20 ans du collège salariés, mandatés eux aussi par la CGT.

Discours fleuve de sept pages, véritable charge, sur fond de défense du droit, du code du travail et du syndicalisme, dans laquelle l'élu consulaire dénonce en résumé « la volonté du patronat représenté par ses conseillers du Medef, de la CGPME, de la FNSEA et de la FDSEA d'organiser la destruction du code du travail au profit de dispositifs contractuels civils et individualisés ».

« Baron psychopathe »

Christian Braud y stigmatise les « patrons voyous hier concurrents déloyaux aujourd'hui admirés ». « Vous ne vous doutez pas de la dureté des rapports sociaux au sein de la juridiction, de la violence réelle ou larvée qui émaille nos délibérés. »

Il accuse « certains conseillers employés » de « déni de justice », lorsqu'ils « refusent presque systématiquement les dispositifs conférés par le code du travail ». Il leur reproche également de ne voir dans les harcèlements moral et sexuel auxquels des salariés sont confrontés, « qu'une vue de l'esprit. » À ce moment-là, Christian Braud contraint à peine son émotion. Il n'hésite pas à traiter un « baron » libournais, comme il dit sans le nommer, de « psychopathe ». Il assume le propos.

Poursuivant sa diatribe, il s'en prend aux professionnels de la justice qui « n'admettent pas qu'un salarié puisse seul ester en justice et se défendre » et redoute l'apparition de juges professionnels pour régler les litiges dès la première audience.

Enfin, Christian Braud considère que les frais de justice prud'homale (35 euros), les recours en cassation désormais payant et les conciliations à l'amiable expliquent en partie la baisse des saisines constatées un peu partout en France et à Libourne. Pour lui, ces mesures tendent « à rendre la justice prud'homale inaccessible aux salariés ». Le vice-président cégétiste craint pour la survie des Conseils des prud'hommes (CPH) dont 62 d'entre eux en France ont déjà disparu après la réforme judiciaire.

Au moins sur ce sujet, Laurent Rousseau pense comme lui : « Le Conseil des prud'hommes de Libourne est en danger », dit-il. Sa disparition pure et simple réglerait finalement ces problèmes récurrents entre les deux collèges. Mais, cette fois-ci, les protagonistes sont d'accord : C'est non.

06h00
Par alain montanguon

SUDOUEST.fr

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