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la Cagouille Enchaînée
14 juin 2012

MAIS QUE FONT LES ENSEIGNANTS QUI N'ENSEIGNENT PAS ?

Alors que le ministre de l'Education nationale recherche en urgence 1000 nouveaux enseignants pour la rentrée de septembre, plusieurs milliers de professeurs n'enseignent pas tout en étant payés. Mais que font-ils donc de leurs journées ?

 

Plusieurs milliers d'enseignants ne sont jamais devant les élèves (Photo : DR)

Le nouveau ministre de l'Education nationale est à la recherche en toute urgence de 1000 professeurs de primaire pour la rentrée de septembre. Vincent Peillon veut ainsi tenir la promesse du candidat Hollande de créer 60 000 postes d'enseignants durant le quinquennat.

Le principe du recours aux profs retraités ayant été abandonné, le ministère a donc décidé de puiser dans les listes complémentaires des concours de professeurs des écoles, en clair en faisant appel aux candidats admissibles mais non retenus par les jurys. Ce qui signifie qu'il sera plus facile de devenir enseignant en 2012 que les années précédentes...

Le Sénat pointe des "pertes en ligne"

Etonnant paradoxe : l'Etat recherche en catastrophe des nouveaux profs alors que plusieurs milliers d'enseignants titulaires n'enseignent pas, tout en étant payés. Curieusement, aucun des 38 rapports de l'inspection générale de l'Education nationale, rendus publics par Vincent Peillon dès son arrivée au ministère, ne traite de cette question !

En 1999 pourtant, une commission d'enquête du Sénat consacrée à la gestion de l'Education nationale avait soulevé le problème. Selon elle, près de 20 000 profs ne seraient pas en poste dans un établissement scolaire. Ces "pertes en ligne", comme elle les qualifie, résultent de règles de la fonction publique.  

Il y a d'abord les "décharges syndicales" : selon le Sénat, 7000 professeurs sont employés, à temps plein ou partiel, par les syndicats enseignants. Ce qui correspondrait à 1500 postes à temps plein. Le mécanisme est tout à fait légal. Le Sénat remarquait pourtant que "malgré un encadrement juridique strict, il semble que la pratique en matière de décharges syndicales se développe au-delà de ce qui est autorisé".

Autre perte en ligne : les détachements d'enseignants. En 1999, le Sénat estimait leur nombre à 15 000. En grande majorité, ces profs sont employés et payés par une autre administration d'Etat, une entreprise publique ou une collectivité locale. Le Quai d'Orsay emploie ainsi plusieurs milliers d'enseignants pour des missions de coopération.

Mais ces détachements profitent également à des associations proches des syndicats enseignants. C'est le cas de la Ligue française de l'enseignement, de la Fédération Léo Lagrange, ou des Eclaireurs et éclaireuses de France.

Mises à disposition généreuses

Le Sénat pointe enfin les mises à dispostion d'enseignants au profit d'organismes évoluant dans le monde scolaire comme la Mutuelle générale de l'Education nationale. Au total, un millier de postes de profs étaient ainsi détournés de l'enseignement au moment de la rédaction du rapport.

En conclusion, la commission d'enquête du Sénat réclamait "un contrôle véritable et transparent des enseignants qui n'enseignent pas". On attend toujours.

Publié le 12/06/2012 | 10h36 | Patrick Coquidé

 

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