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la Cagouille Enchaînée
17 juin 2012

GRÈCE : LA ZONE EURO LANCE UN DERNIER AVERTISSEMENT

Alors que le plan européen d’aide aux banques espagnoles (100 milliards d’euros) est un échec, comme le montre l’envolée des taux d’intérêt sur les dettes ibères et italiennes, les résultats des élections législatives grecques sont attendus avec angoisse à Bruxelles : une victoire des partis opposés au programme de rigueur et de réforme de l’Etat - imposé par les Européens en échange d’une aide de 240 milliards d’euros - aggraverait encore plus, si c’est possible, la crise qui ravage la zone euro depuis trois ans. Conscients que les demi-mesures de type pare-feu ou règle d’or ne suffiront plus à ramener le calme, les dirigeants européens multiplient les contacts afin d’annoncer, pour le sommet des 28 et 29 juin qui s’annonce décisif, une «feuille de route» vers une intégration renforcée (union bancaire, obligations européennes, etc.), seule à même de rassurer les marchés sur la pérennité de la monnaie unique. En attendant, la zone euro se prépare au pire : il est, en effet, hors de question de renégocier, autrement qu’à la marge, le «plan d’ajustement structurel» grec.

 Si la gauche radicale (Syriza) obtient la majorité et dénonce le mémorandum, la zone euro est déterminée à fermer le robinet de l’aide, ce qui entraînera le pays vers la faillite et pourrait la contraindre à abandonner la monnaie unique : le gouvernement grec a d’ailleurs annoncé qu’à partir du 20 juillet, il n’aura plus un euro en caisse pour payer ses fonctionnaires et les retraites. «Si Syriza croit qu’il nous tient parce que nous avons peur d’un éclatement de l’euro, il se trompe : nous sommes désormais prêts à affronter un départ de la Grèce», confie un diplomate européen. Des plans nationaux dits de «contingentement» ont été élaborés au lendemain du 6 mai, date des précédentes élections. «Je dois prévenir [les Grecs] . Si l’impression est donnée [qu’ils] veulent s’éloigner des engagements qui ont été pris et abandonner toute perspective de redressement, alors il y aura des pays de la zone euro qui préféreront en terminer avec la présence de la Grèce dans la zone euro», a prévenu François Hollande dans un entretien accordé, hier, à la chaîne de télévision grecque Mega Channel.

 Mais, même si la gauche radicale perd les élections, la crise de la zone euro n’en sera pas pour autant terminée. Tous les gouvernements partagent désormais le même constat : c’est parce qu’ils doutent de la volonté des Etats de faire les partages de souveraineté nécessaires pour assurer le bon fonctionnement de la monnaie unique que les investisseurs fuient la zone euro. En clair, il faut aller plus loin dans l’intégration budgétaire et bancaire. Pour préparer la réunion quadripartite qui doit avoir lieu vendredi à Rome, avec Mario Monti, la chancelière allemande, Angela Merkel, et le Premier ministre espagnol, Mariano Rajoy, en prélude au sommet européen de la fin du mois, le chef de l’Etat français s’est rendu hier dans la capitale italienne. A l’issue d’une réunion avec le président du Conseil italien, Hollande a répété, à l’attention de la chancelière, que «la croissance est indispensable et [que] le sérieux budgétaire ne s’oppose pas à la croissance». Il veut que le Conseil européen débouche sur des résultats ambitieux : «Je ne me contenterai pas de demi-mesures.» Il a ainsi rappelé son souhait de voir la création d’eurobonds, même s’il a convenu qu’il s’agit d’un objectif à «moyen terme».

 En attendant, les responsables français et italiens veulent renforcer le Mécanisme européen de solidarité afin de lui permettre de prêter directement aux banques pour éviter d’accroître l’endettement des Etats et mettre en place une union bancaire - c’est-à-dire une supervision européenne des banques et une garantie commune des dépôts des ménages. Dans la soirée, François Hollande devait être reçu par le chef de l’Etat italien, Giorgio Napolitano. Farouche européen, il multiplie les contacts pour sauver l’euro et pour relancer le processus de construction européenne. Mais dans la délégation française, on continue de rejeter l’hypothèse d’un saut fédéral européen et l’ouverture d’une réforme institutionnelle. «Ce sont des questions théologiques, explique fermement un proche de Hollande. On peut y penser à terme mais pour l’instant nous devons gérer l’urgence.» Le problème est que l’Allemagne estime qu’elle ne peut offrir sa garantie sans union politique, c’est-à-dire sans contrôle démocratique, comme l’a encore répété hier Merkel. La France donne donc l’impression de vouloir le code de la carte de crédit allemande sans aucune contrepartie… Une stratégie qui a peu de chance de succès.

Dessin: Nicolat Vadot
15 juin 2012

COULISSES DE BRUXELLES

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