Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
la Cagouille Enchaînée
24 juin 2012

MÉDECINS ET POLITIQUES : UN MÊME DESTIN ?

Aussi étonnant que cela puisse paraître, les médecins et les hommes politiques ont de nombreux points communs. Parmi eux, selon notre chroniqueur associé Elie Arié, « l'impossible obligation de résultats en toutes circonstances ».

(SALOM-GOMIS SEBASTIEN/SIPA)

Je suis frappé par les caractères généraux et si fréquents des reproches qui sont adressés aux politiques par beaucoup de gens, et qui sont identiques à ceux que d’autres (ou parfois les mêmes) adressent aux médecins :

- Ils se prennent pour une élite, les seuls à comprendre la politique / la médecine, alors que nous savons aussi bien qu’eux, sinon mieux, quelles sont les bonnes solutions à nos problèmes.

- L’avis de la majorité de la population sur le traitement le plus efficace d’ un problème politique / médical a bien plus de valeur que leurs incompréhensibles études absconses de technocrates qui en savent soi-disant davantage.

- Leurs soi-disant explications, lorsqu’ils condescendent à en donner, sont volontairement incompréhensibles, et ils compliquent à plaisir ce qui, en réalité, est très simple.

- Ils font des promesses de charlatans (« je pense que la solution que je propose est la meilleure »).

- Ou, au contraire, ils prêchent une résignation démobilisatrice (« il n’existe actuellement aucun traitement possible à ce problème, il faudra faire avec »).

- Ils pensent à se faire du fric et à gérer leur carrière, alors que leur fonction devrait être un sacerdoce, quasiment bénévole (mais de quoi vivraient-ils, alors ? Mystère...).

- Ils sont soumis à des pressions de lobbies économiques, auxquelles ils ne résistent pas toujours.

- Tous ne sont pas honnêtes, et certains se livrent à des combines illégales.

- Ils adoptent un comportement démagogique en nous écoutant, alors qu’en réalité ils ne sont pas de notre avis (par contre, ici, pour les médecins, c’est une qualité : « il a une bonne écoute »).

- Ils se prétendent hyper-compétents, mais n’arrivent pas à résoudre toujours et rapidement des problèmes pourtant très graves.

- Ils affirment que personne n’aurait pu faire mieux qu’eux, sans pouvoir le prouver.

- Ils ne nous disent pas toujours toute la vérité.

- Ils refusent de faire ce qu’on leur demande, alors qu’ils sont à notre service (« je veux la retraite à 50 ans, je veux un arrêt de travail de trois mois »).

- Lorsque les choses ne se sont pas passées comme ils l’avaient annoncé, ils l’attribuent à des événements soi-disant imprévisibles, indépendants de leur volonté et de leur possibilité à les éviter (une crise économique mondiale, une épidémie).

Il n’y a là rien que de très logique, car la politique et la médecine se ressemblent beaucoup : il s’agit, dans les deux cas, et en dehors de fautes professionnelles avérées, d’assumer des responsabilités dans lesquelles il faut prendre des décisions (décider de ne rien faire et d’attendre est autant une décision que l’interventionnisme et le volontarisme) souvent très lourdes de conséquences pour notre avenir. Cela avec une marge d’incertitude plus ou moins importante, du fait de l’existence de nombreux paramètres qui ne dépendent pas du décideur, sur lesquels il n’a aucune prise, ou qui sont carrément inconnus. Et cela avec l’impossibilité de savoir ce qui se serait passé si une autre décision avait été prise, et où chacun peut imaginer ce qu’il veut. Compte tenu de la gravité des problèmes qu’ils doivent affronter, on attend des politiques et des médecins une impossible obligation de résultats en toutes circonstances.
ELIE ARIÉ - CHRONIQUEUR ASSOCIÉ

Dimanche 24 Juin 2012 à 16:00 |

MARIANNE2.fr

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité