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la Cagouille Enchaînée
30 juin 2012

Mega CGR d'Angoulême : copie à revoir

Les raisons du non à l'implantation du multiplexe sont désormais connues.

 

 

Dessin d'architecte de la dernière mouture du projet de Champniers, retoquée en mars. (dessin dr)

Le 23 mars, la Commission nationale d'aménagement commercial (CNAC), dans sa « configuration cinéma », a dit non à la deuxième mouture du projet de multiplexe CGR dans la zone des Montagnes, à Champniers. Les motifs du refus, toujours publiés avec quelques mois de décalage, sont désormais connus. Leur lecture permet de soupeser les chances qu'aurait un même dossier, revu et corrigé, de passer lors d'un nouvel examen. Et d'évaluer l'ampleur des corrections à apporter.

Sévèrement taclé

Dans le cas de Champniers, si le groupe CGR décide d'élaborer une troisième mouture du projet (1), ces modifications ne pourront être qu'importantes. Dans la décision motivée de la CNAC, le projet refusé reçoit en effet tacle sur tacle.

Les critères

Selon le code du cinéma et de l'image animée, les Commissions d'aménagement commercial statuant en matière cinématographique se prononcent sur les deux grands critères suivants :

1 - L'effet potentiel sur la diversité cinématographique offerte aux spectateurs dans la zone d'influence cinématographique concernée, évalué au moyen des indicateurs suivants : a) le projet de programmation ; b) la nature et la diversité culturelle de l'offre cinématographique dans la zone concernée, compte tenu de la fréquentation cinématographique ; c) la situation de l'accès des œuvres aux salles et des salles aux œuvres pour les cinémas existants.

2 - L'effet du projet sur l'aménagement culturel du territoire, la protection de l'environnement et la qualité de l'urbanisme, évalué au moyen des indicateurs suivants : a) l'implantation géographique des cinémas dans la zone d'influence cinématographique et la qualité de leurs équipements ; b) la préservation d'une animation culturelle et le respect de l'équilibre des agglomérations ; c) la qualité environnementale (transports publics, qualité de la desserte routière, parcs de stationnement) ; d) l'insertion du projet dans son environnement ; e) la localisation.

La Commission - qui entend au préalable toutes les parties - juge en effet sur deux grands critères (lire ci-dessous), l'un concerne les conséquences sur l'offre cinématographique dans la zone de chalandise, l'autre des motifs purs d'urbanisme.

Le projet de Mega CGR est attaqué sur les deux flancs. Flanc cinématographique : la Commission considère que, malgré la réduction de la taille du projet (passé de 2 556 à 1 980 fauteuils et de 12 salles à 10 salles), le Mega CGR, « s'ajoutant aux six salles autorisées à Garat le 15 septembre 2011, pourrait avoir des effets négatifs sur l'équilibre de l'offre cinématographique de la zone concernée ».

« L'ouverture de l'établissement entraînerait une perte importante d'attractivité pour le centre-ville d'Angoulême », où est implanté le principal cinéma de la zone de chalandise, poursuit la Commission. Ce cinéma de centre-ville « devant subir une perte de fréquentation de près de 40 % selon les estimations du pétitionnaire [CGR] ».

En outre, la création du multiplexe affecterait les cinémas de proximité « alors même que, malgré sa taille, le projet ne devrait générer qu'un nombre limité d'entrées nouvelles sur la zone », pointe la Commission.

CGR a réalisé 86 % des entrées cinéma sur la zone en 2010. Il entend programmer les films dits « porteurs » à la fois au centre-ville et en périphérie. L'ouverture du multiplexe, en renforçant sa position dominante, « devrait rendre plus difficile l'accès aux films porteurs pour les autres cinémas de proximité ». Voilà pour le volet cinéma.

Les défauts des Montagnes

Sur le flanc urbanistique, les critiques sont de deux sortes : propres au bâtiment, jugé « sans recherche particulière en matière d'architecture, d'innovation et d'insertion dans son environnement ». Et l'aspect paysager « ne bénéficie pas d'un traitement suffisant ». Ceci peut aisément être corrigé.

En revanche, la deuxième salve de critiques concerne la zone des Montagnes. La création du Mega CGR, accompagné de quelques boutiques, est l'une des tranches de l'extension des Montagnes. La Commission, qui a de la mémoire, se souvient qu'une première extension de cette zone avait été refusée (par elle-même) le 10 novembre. Elle reprend donc le même argumentaire, citant par exemple l'absence de transports en commun.

Voici ce qu'elle écrit sur l'extension Mega CGR : « La création d'un nouvel établissement de type multiplexe sur un site éloigné des centres-villes de Champniers et d'Angoulême devrait contribuer à l'étalement urbain et participer au renforcement d'une zone commerciale déjà prépondérante […]. La réalisation de ce projet risque de conduire à dévitaliser le noyau urbain central, freiner l'attractivité du centre-ville d'Angoulême et ainsi porter atteinte à l'équilibre de l'agglomération angoumoisine. Cette implantation ne devrait pas, par conséquent, contribuer à un aménagement fondé du territoire. »Publié le 25/06/2012 à 06h00
Par Natacha Thuillier

(1) Nous avons tenté sans succès, avant la publication de cet article, de joindre le directeur du développement du groupe CGR.

Publié le 25/06/2012 à 06h00
Par Natacha Thuillier

SUDOUEST.fr

 

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