Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
la Cagouille Enchaînée
6 juillet 2012

L'UNESCO CHANGERA-T-ELLE LE BASSIN MINIER ET SON CHARBON D'ANTAN EN OR DE DEMAIN ?

Le bassin minier rejoindra-t-il la prestigieuse liste des sites classés patrimoine mondial de l'humanité, au même titre que le Taj Mahal ou la baie du Mont-Saint-Michel ? Le comité mondial de l'UNESCO réuni en session à Saint-Pétersbourg (Russie) doit en décider à partir d'aujourd'hui. Ce succès potentiel serait l'aboutissement de dix ans d'espoirs et de mobilisation.

L'idée était singulière, voire saugrenue : faire inscrire le bassin minier au patrimoine mondial de l'UNESCO. En 1990, la dernière gaillette est remontée de la fosse 9-9 bis à Oignies. Beaucoup souhaitent alors tourner la « page » de trois siècles d'exploitation charbonnière et raser les « crassiers ».

Jean-François Caron, maire de Loos-en-Gohelle, se trouve être l'un de leurs plus ardents défenseurs. Engagé dans La Chaîne des terrils, association de valorisation des géants de schiste, l'écologiste lancera une boutade : pourquoi les terrils du site 11-19 ne vaudraient-ils pas les pyramides d'Égypte ? En 2000, la Conférence permanente du bassin minier révèle combien les questions de mémoire et de transmission s'avèrent stratégiques pour la reconversion.

Vaste et atypique

La boutade a cheminé dans les esprits, le projet certes ambitieux suscite de l'intérêt. L'association Bassin minier UNESCO (puis Bassin minier uni) naît en 2002. La route vers la candidature reste à inventer. D'importants soutiens politiques se manifestent : l'ancien Premier ministre Pierre Mauroy, le président de Région Daniel Percheron... Pensant ficeler le dossier en trois ans, l'équipe de BMU prend peu à peu conscience du défi et du niveau d'exigences. « Il nous fallait répondre à plusieurs questions : Y a-t-il un patrimoine ? Comment le caractériser ?

Quelle est sa valeur comparativement à d'autres ? Très vite, nous avons pu vérifier qu'il y en avait un, crédible, rassemblant du matériel mais aussi beaucoup d'immatériel. Et que ce patrimoine n'avait rien d'anecdotique ou de banal », relate Catherine O'Miel, directrice de BMU.

Les archives du Centre historique minier de Lewarde servent de base, mais le territoire est vaste et atypique : il faut inventorier une bande de 120 km de long, 12 km de large, occupée par un million d'habitants. Mission bassin minier devient l'outil technique qui dirige les expertises. Les élus des quatre-vingt-sept communes concernées sont mis à contribution. Mais pour porter une telle candidature, il faut aussi et surtout convaincre, remporter l'adhésion d'une population malmenée par les difficultés sociales et économiques. Des clubs BMU sont lancés. Anciens mineurs, habitants enthousiastes, associations, mobilisent et favorisent un élan populaire.

Défi relevé, et demain ?

Le 25 janvier 2010, la proposition d'inscription est enfin remise par l'État français au comité mondial de l'UNESCO : 1 450 pages qui ne proposent au classement que 25 % du patrimoine minier : des « coeurs de zone » cohérents, souvent protégés au titre des monuments historiques aussi. Y figurent les sites de Lewarde, Oignies, Loos-en-Gohelle, et Wallers-Arenberg et trois cent cinquante-trois autres terrils, chevalements, cités ouvrières... Le bassin minier concourt dans la catégorie « Paysage culturel évolutif vivant ». Référence à un ouvrage combiné de l'homme et de la nature, un paysage industriel à l'origine d'un développement du territoire sans précédent sur les plans économique, urbain et social.

Seul dossier porté cette année par la France, le bassin minier a toutes ses chances. « Nous y allons avec confiance, a avancé récemment Jean-François Caron, les signaux semblent positifs. » Pour trancher, le comité des vingt et un représentants d'État s'appuiera sur le rapport très favorable de l'ICOMOS, principal organe consultatif.

C'est le journaliste et écrivain Daniel Rondeau, ambassadeur français auprès de l'UNESCO, qui aura la responsabilité de le défendre. À l'issue du vote, le bassin minier pourrait devenir le 38e site français à être classé à l'UNESCO.

UNESCO : Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture.

PAR MARIE LAGEDAMON
PUBLIÉ LE 29/06/2012 À 05H04

LAVOIXDUNORD.fr

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité