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la Cagouille Enchaînée
16 juillet 2012

A Barquisimeto, tous souriaient - No Volverán

Considérez que cette note a traversé l’Atlantique. Elle est donc décalée de toutes les façons possibles dans cette sorte d’exercice. Je vis à un rythme magiquement ralenti par rapport à tout ce que j’ai vécu ces derniers mois. Pour autant je ne peux pas dire que je suis tout à fait sorti du champ de bataille. Ici, au Venezuela, je participe un peu à la campagne électorale qui a commencé en vue des élections présidentielles d’octobre prochain. Je raconte quelque chose d’une de ces journées extraordinaires dans lesquelles j’ai reconnu tant de traits communs avec les nôtres.

Je dis un mot à propos de la place de l’affaire PSA qui va être la signature du moment politique qui commence en France. Mais je parle aussi de la lutte victorieuse des femmes de Sodimédical. Je donne une place spéciale au dépôt de mes comptes de campagne. Il me permet de souligner l’injustice totale du calcul de l’attribution du financement public qui ne tient aucun compte du résultat de l’élection présidentielle ! Pourquoi ? Je jette un œil aussi sur le coup d’Etat au Paraguay. Je suis le désespoir de ceux qui n’aiment pas qu’on regarde ailleurs qu’au bout du nez des « vrais problèmes » de leur clocher.

J’ai fait le voyage vers Barquisimeto en avion. C’est là qu’était convoqué le « rassemblement Bolivarien » du jour. La ville se trouve dans l’état de Lara. J’avais l’honneur d’être assis sur le siège en face de celui au nom de Chavez. Mais il resta vide car « le commandant », comme il disent, travaillait ses fiches dans son carré privé. (...)

(...)

Lisez l’éditorial ahurissant de Joffrin à propos de PSA pour comprendre à quel point ce système peut durcir ses méthodes d’intoxication mentale. Deux grammes de protestation avant trois couplets d’appel à la soumission aux normes dominantes et de dénonciation de l’idéologie anti-mondialisation. Le médiacrate social libéral enragé voit dans l’affaire PSA, « le cimetière des illusions idéologiques françaises »!  Intellectuellement c’est révulsif. Surtout venant de gens qui se disent de gauche. Mais, politiquement, nous n’avons pas meilleur allié. Ces gens maintiennent tout le monde dans un état de stupeur qui ne se résout pour finir que par des explosions du type de celles qui ont eu lieu en Amérique latine. Car à la fin des fins, les lecteurs du « Nouvel Observateurs » aussi, même intoxiqués à mort par ce qu’ils lisent, eux aussi savent qu’ils « ont des familles » ! Et ce n’est pas l’opium de Joffrin qui leur permettra de les nourrir ou de leur assurer un vécu décent ! Le mur de béton que construisent de tels médias hallucinogènes explique pourquoi tant de gens des classes moyennes et moyennes supérieures se tournent vers nous comme vers une alternative intellectuelle.

Chez nous, en France, le système de confrontation que constitue la « crise » prend aujourd’hui le chemin des usines. PSA aujourd’hui. Ce n’est pas le pire cas pour nous. En effet, il s’agit d’un milieu ouvrier fortement structuré par le syndicalisme. La bataille va donc prendre une forme contrôlée et dirigée qui affaiblit la portée des manœuvres et coups tordus gouvernementaux ou patronaux. Ce matin jeudi, à Caracas, j’y ai tout de suite pensé quand je me suis levé avec l’annonce des plans de licenciements massifs chez PSA. Les camarades m’alertaient depuis le site d’Aulnay et la ville où milite une section du Parti de Gauche. Mais aussi depuis notre équipe nationale où cette affaire déclenche une grosse émotion militante. Moi aussi je bouillais. Je suis si loin ! Mais sur place évidemment tout notre dispositif est en place. Les copains se disposent donc pour aller à la rescousse si on les y invite à le faire. Comme d’habitude, nous sommes à la disposition des syndicats des travailleurs. Nous appliquerons les consignes qui seront données par ceux qui luttent. C’est notre doctrine. Pour autant nous ne sommes pas inertes politiquement. Le Parti de Gauche vient de rappeler sa prise de position pour une loi en faveur de l’interdiction des licenciements boursiers et pour un moratoire sur les licenciements de cet été. Je voudrai rappeler que la loi contre les licenciements boursiers a été présentée au Sénat l’an passé par Dominique Watrin, sénateur du Front de gauche, et qu’elle a été votée alors par les socialistes. Ils pourraient donc la mettre en débat à l’assemblée et elle pourrait être effective avant la fin de la session parlementaire. Le cycle qui commence est un temps de confrontations sociales ouvertes. Je pense que le nouveau gouvernement ne l’analyse pas de cette façon. Il ne sera pas le seul. Comme par le passé, beaucoup vont examiner le problème comme un « vrai problème économique », lié à la « compétitivité des entreprises ». Et ainsi de suite. Vous connaissez tous la chanson. Mais combien vont souligner que PSA fait tout de même plus de cinq cent millions d’euros de bénéfices ? Et combien vont rappeler cette évidence : le marché n’est malade que de son ouverture incontrôlée. Exemple : trois Renault sur cinq qui se vendent en France viennent d’usines délocalisées. C’est là le modèle économique que veut appliquer dorénavant à son tour PSA. Il ne le fait qu’en raison de l’impunité dont ont bénéficié les autres constructeurs en agissant de cette façon. C’est parce qu’on a laissé faire que tout empire ! De même la question de la nécessaire transition écologique de l’industrie automobile qui doit venir à l’ordre du jour. Là encore le problème ne peut plus être traité en fonction de nos propres desiderata. En effet toute la recherche et développement de cette grande entreprise a été déjà délocalisée à l’occasion du précédent plan, l’an passé ! De nouveau, on a laissé faire et tout empire. On notera aussi la discrétion des « analystes » sur le bilan de la politique de « réduction des coûts salariaux », menée pourtant sans désemparer par le précédent gouvernement. Je pense en particulier à la suppression de la taxe professionnelle ! Un somptueux cadeau de douze milliards d’euros aux « entreprises », offert sans aucune contrepartie ! C’est cependant dans cette voie de la réduction des coûts salariaux que veut persister le nouveau gouvernement. Donc il n’y a pas de solutions au problème posé sans prendre à bras le corps la question de l’organisation du modèle économique national et européen. Cela dépasse donc ce que peuvent faire seuls les travailleurs localement. Leur lutte doit rencontrer une volonté d’appui déterminée, gouvernementale et législative. C’est ce que ferait une majorité parlementaire dirigée par le front de gauche. Nous allons voir à présent les bavards du « vote utile » au pied du mur des réalités de la lutte sociale. Hélas.   (...)

(...)

A présent mon compte de campagne présidentielle vient d’être déposé en bonne et due forme. Un travail de titan pour les deux camarades chargés de cet exercice, Marie-Pierre Oprandi, ma mandataire financière et Jean-Pierre Masson son co-équipier dévoué. Juste pour mémoire, il faut savoir qu’au cas particulier cette présidentielle ce fut 15 000 documents scannés, 4800 lignes d’écritures comptables, 2400 chèques pour la seule Association de Financement du Compte de Campagne « JLM 2012 », 2.000 heures de travail assumées par le tandem que je viens de citer. Et bien sûr, j’en oublie forcément … A présent commence une période de concertation avec la Commission chargée de vérifier la régularité de tout cela. Je me sens obligé de vous rappeler que je suis tenu pour personnellement responsable sur le plan juridique de cet exercice. C’est moi qui paye si le compte de campagne est rejeté. C’est moi qui serais puni si quelqu’un a triché dans mon dos ici où là avec les règles vétilleuses de cette comptabilité. On voit quel rôle est aussi celui du candidat. Et les risques. Car bien sûr il y a toujours des irresponsables dans le circuit. Aux élections européennes, un responsable départemental partit en vacances sans rendre ses documents. Il fallut, en plein mois de juillet, tout reconstituer, aller de villages en villes pour récupérer les bons documents comptables. Ici ce fut autre chose : 2000 pièces comptables soudainement arrivées quatorze jours avant la clôture du compte à saisir, analyser, et intégrer pour un montant de plus d’un million d’euro ! La désinvolture confine parfois de si près avec le sabotage que j’en ai des sueurs froides rétrospectives.

Mais si de tels risques sont mis sur le dos du candidat, comment ne pas pointer du doigt une énorme injustice du système de financement public. Comme vous le savez les subventions publiques aux partis politiques sont attribuées sous certaines conditions. Il faut avoir fait un minimum de voix dans un minimum de département pour accéder à ce financement. L’injustice ? La voici. L’élection présidentielle ne compte tout simplement pas dans ce calcul. Ne sont pris en compte que les voix acquises aux élections législatives ! On comprend le coup tordu destiné à favoriser les partis qui dominent cette sorte d’élection à deux tours ! Ainsi nous sommes responsables de tout, en tant que candidat, mais bénéficiaires de rien. La prise en compte du résultat à l’élection présidentielle me semble être une mesure de simple justice dans le cadre d’un système que je continue à qualifier d’intrinsèquement injuste.

Je veux aussi pointer, par humour cette fois-ci, une autre extravagance. Des candidats qui recueillent des millions de voix à l’élection présidentielle où vote tout le pays, sont ensuite astreints à aller en circonscription, au suffrage à deux tours, ce piège à loup, pour recevoir l’onction nécessaire pour représenter le peuple français à l’assemblée nationale ! Sachant qu’un député est élu en moyenne avec trente mille voix, faites la division des quatre millions de voix qui se sont portées sur mon nom et vous constaterez que ma représentativité est équivalente à l’addition d’une très grosse quantité de ceux qui siègent à présent. Je m’amuse aussi en pensant à une autre singularité. Un ancien président de la République est censé acquérir la science infuse du droit constitutionnel à la fin de son mandat, ce qui le rend automatiquement membre du Conseil qui surveille la constitutionnalité des lois. Mais un candidat à la représentation du pays n’est pas censé l’avoir acquise après avoir recueilli des millions de voix dans une élection un mois avant.  Pourtant il est tenu pour responsable sur ses deniers et droits civiques de toutes les factures de sa campagne. Pas belle la cinquième République ?

J’ai évoqué dans ma précédente note le coup d’Etat au Paraguay. Je me fais un devoir de poursuivre l’information de mes lecteurs sur le sujet. Je le fais bien sûr pour que vous sachiez.   (...)

16 juillet 2012

Intégralité de l'article à lire sur le blog de JEAN-LUC-MELENCHON.fr

 

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