Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
la Cagouille Enchaînée
17 juillet 2012

Les sous-traitants, la face cachée du plan social PSA

Le gouvernement reçoit les syndicats, mardi 17 juillet, afin d'entamer les discussions sur le plan de redressement annoncé par le constructeur, la semaine dernière. Bien qu'ils soient sceptiques quant à la pertinence de ce rendez-vous présidé par le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, tous les syndicats seront présents à la table des négociations. Une partie manquera néanmoins à l'appel: les sous-traitants, dont les ouvriers se plaignent du manque d'informations et de transparence concernant leur avenir au sein de la chaine de production PSA.

(L'usine PSA Peugeot-Citroen de Poissy, dans les Yvelines - CHAUVEAU/SIPA)

Lorsque la nouvelle est tombée, jeudi 12 juillet, ils ont fait comme tout le monde, ils en ont parlé à la pause déjeuner. Mais pour les dizaines de milliers de salariés des boîtes de sous-traitance liées à PSA, l’ampleur du plan social révélée par le constructeur il ne s'agit pas seulement d'un sujet d'actualité. 

Chez Lear, Valeo, Faurécia, Agrati, Magnetto, Geodis, et tant d’autres, règne une incertitude à laquelle se mêle la crainte de voir les 8 000 postes supprimés, dont 1 400 à l’usine de Rennes et 3000 à celle d’Aulnay, promise à la fermeture en 2014, se répercuter sur leurs emplois. La volonté du groupe de réduire «durablement la surcapacité de production dans le segment» des citadines, comme l'explique un document de la direction destiné aux partenaires sociaux, n'est pas pour les rassurer.  

«Après l’annonce de Philippe Varin [PDG du groupe], on a compris qu’on allait devoir faire face à une baisse de la production», témoigne Erol Simsek, 45 ans, ouvrier chez l’équipementier Faurécia, à Beaulieu, dans le Doubs. Adhérent à la CFDT, Erol Simsek, spécialisé dans le montage des pots d’échappement, attend en silence les répliques du séisme. «On craint que la direction nous annonce un jour ou l’autre une réduction des effectifs ou la fermeture de certains sites.» 

« On a l’habitude de s'inquiéter »                                           

Comme lui, ils sont 450 à se demander que sera leur avenir professionnel à court terme. «La direction nous dit de ne pas s’en faire, qu’on va obtenir de nouveaux contrats, mais on reste inquiet, au moins jusqu’en 2014.» PSA va réduire ses capacités et sa production de voiture en France. Les sous-traitants, principalement ceux dont les carnets de commande dépendent exclusivement du groupe, risquent la surcapacité. Quand le constructeur éternue, c’est toute la chaîne industrielle qui tousse. A l'instar d'autres équipementiers comme Valeo, Faurécia a diversifié son activité et son portefeuille de clients. Le plan PSA aura un impact sur ses employés, mais les conséquences de la baisse des commandes devraient être moins graves qu'ailleurs.   

Pour Traoré Cherikhou (CGT), salarié de Lear, une entreprise spécialisée dans l’assemblage de sièges destinés aux usines d’Aulnay et Poissy, la casse dans les PME de rangs 1 et 2, dont son usine du Val d’Oise fait partie, est inévitable. «Notre direction nous a déjà annoncé qu’on allait passer de 350 sièges produits par jour à 250 à la rentrée, affirme-t-il. Chaque année on se dit qu’on va fermer, que ce sera la dernière. On a l’habitude de s'inquiéter. Mais là…» Traoré Cherikhou voit d’un très mauvais œil la baisse des cadences qui, selon lui, menace les 300 salariés du site, sans compter les intérimaires, les premiers à «trinquer» lorsqu'il s'agit de réajustement salarial.

«Nous sommes au bout du système»

C’est aussi ce que redoute un patron de PMI entendu à la conférence nationale de l’industrie, le 11 juillet. Devant un parterre de patrons, de salariés, de hauts fonctionnaires et de membres du gouvernement, sa remarque a sonné comme un cri d’alarme: «En 2008, les donneurs d’ordre demandaient de mettre en place les capacités nécessaires pour qu’ils puissent assembler 3,7 millions de véhicules par an. Aujourd’hui on est seulement à 2 millions. Nous sommes au bout du système.» En d'autres termes, les sous-traitants auto, qui employaient plus de 85 000 personnes, fin 2011, selon la Fédération des industries des équipements pour véhicules (Fiev), sont pris à la gorge. Les fournisseurs de PSA ont besoin, plus que jamais, de respirer.

«Le secteur est hyper concurrentiel, raconte posément Michel Beudin (CFTC), quadragénaire spécialisé dans la conception de vis et de boulons chez Agrati, dans le Nord. Ceux qui ne s’adaptent pas rapidement se font bouffer... J'attends des clarifications mais entre ce qu’on nous dit et ce qu’il se passe, il y a un monde.» La défiance à l’égard des dirigeants d'entreprises de sous-traitance est forte. Une année de mensonges et d’omissions de la part de PSA n’a fait qu’attiser malaise et angoisse. 
 
A la lisière des 165 hectares de l’usine d’Aulnay, les machines d’emboutissages de MA France, anciennement Magnetto, tournent à plein régime. C’est dans ce bâtiment que 390 ouvriers sous-traitants transforment des bobines de tôle en pièces de carrosserie pour C3. Tandis que le couperet est tombé pour les voisins de PSA, Abdelkader Bendjeraba (CGT) et ses collègues continuent de pointer sur les lignes, sans conviction, bien que la direction ait affirmé que l’activité serait assurée jusqu’en 2018, Poissy récupérant la production de la C3. «Ils disent que le contrat signé avec PSA nous garantit du travail jusqu’en 2018, mais ça fait des semaines qu’on demande à voir ce contrat et qu’ils refusent», s’emporte-t-il. «On a vu ce que ça donnait les belles paroles…»
 
Mardi 17 Juillet 2012 à 16:00
Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité