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la Cagouille Enchaînée
25 août 2012

De la pub trop vite zappée

Si on se souvient du 8 janvier 2008, ce n'est point tant parce que pour ses premiers voeux à la presse Nicolas Sarkozy avait voulu à l'occasion renouer avec le geste gaulliste en les transformant en une gigantesque conférence de presse face à plus de deux cents journalistes. Ce n'est pas non plus parce que le président énamouré avait décidé de lever un peu plus le voile sur sa vie en lançant son fameux «avec Carla, c'est du sérieux». C'est parce que la deuxième annonce faite par Nicolas Sarkozy dans la foulée allait dessiner un masque de stupéfaction absolue sur le visage du président de France Télévisions. Celui-ci venait en effet de découvrir en même temps que ses confrères que le service public de télévision qu'il gérait déjà avec bien du mal allait devoir se passer de la pub...

Une décision prise à la hussarde, sans concertation. Justifiée par un de ces postulats approximatifs du sarkozysme: «à télé publique, financement public; à télé privée, financement privé»! Un choix brocardé par la gauche: Sarkozy ne faisait-il pas là un cadeau, pas forcément désintéressé, à son ami Bouygues propriétaire de TF1? Mais une décision très vite entérinée par les téléspectateurs, pas mécontents de pouvoir éviter les longs tunnels de l'après-journal.

Or voici qu'hier matin, le ministre délégué au Budget, Jérôme Cahuzac, invité de RMC/BFM a lancé un énorme pavé dans la mare: non seulement la pub ne disparaîtra pas en journée des écrans de France Télévisions comme c'était prévu en 2015 mais il se pourrait même que la pub revienne prochainement dans la grille après les JT du soir.

Un nouvel exemple de l'esprit de revanche qui animerait un gouvernement entièrement occupé à détricoter l'héritage du quinquennat Sarkozy comme le dénoncent certains à droite? Les choses sont bien plus compliquées. À commencer précisément pour ce gouvernement qui aurait sans doute préféré ne pas avoir à s'occuper de ce casse-tête. En effet, au-delà des problèmes de financement de l'audiovisuel public qui étaient déjà pour eux un vrai tracas, Bercy et le ministère de la Culture pourraient bien n'avoir que de mauvaises solutions pour faire face à une menace venue de... Bruxelles.

La Commission doit en effet décider cet automne si le mécanisme qui avait été mis en place (une taxe sur les télécoms) pour financer l'arrêt de la pub est conforme aux règles européennes. Si la réponse était négative, l'État français devrait rembourser 1,2 milliard aux opérateurs télécoms! En ces périodes de gros trou et de vache maigre, le coup serait dur.

Le gouvernement risque donc rapidement d'avoir à choisir entre instaurer une nouvelle taxe ou rétablir la pub sur la télé publique. Soit l'instauration d'un nouveau prélèvement impopulaire. Soit l'acceptation d'une sorte de tête à queue idéologique, la gauche réintroduisant du privé de là où la droite l'avait écarté. Là encore, le gouvernement devra trancher...

24 Août 2012 | 04h00 - Mis à jour | 07h16 - Edito, Jacques Guyon

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