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la Cagouille Enchaînée
12 septembre 2012

Angoulême : le musée de la BD classé X

Catherine Ferreyrolle évoque les trésors cachés érotiques du musée de la BD. (photo thomas lebreuvaud)

Pas de malentendu : « Panique à la bourse » n'est pas une bande dessinée sur le mal-être des traders à Wall Street. Et « Homo erectus » ne révolutionne pas la recherche paléontologique… Ces publications, médiocres comme des romans de gare, font partie des échantillons prélevés dans l'incroyable et prolifique production des éditions Elvifrance. Une maison qui, entre 1970 et 1992, a régulièrement subi les foudres de la censure et viré, progressivement, de l'érotisme bon enfant à la pornographie hard

« En tant que dépôt légal, nous nous devons de conserver des exemplaires de toutes ses publications », constate la responsable de la bibliothèque de la Cité de la BD, Catherine Ferreyrolle, en montrant un impressionnant alignement de revues olé-olé confinées dans les réserves du musée angoumoisin.

Auto-stoppeuses

Des revues dites « de cul » qui brillent par leur scénario squelettique, prétexte à de longues parties de jambes en l'air débridées. Chez Elvifrance, il est surtout question d'auto-stoppeuses ingénues et audacieuses ou de visites de plombiers chez des jeunes femmes dénudées… « Au bout d'un moment, je dois vous avouer que ces publications tombent des mains. Mais il serait faux de croire que la BD adulte se résume à ce type de revues. »

La bande dessinée érotique a ses esthètes : Manara, Alex Varennes, Georges Pichard, Serpieri et même Mœbius (« Le Bandard fou »). Elle abrite quelques chefs-d'œuvre, des ouvrages qui ont fait date dans l'histoire de la bande dessinée, comme « Barbarella », de Jean-Claude Forest, dans sa version originale de 1964. Un « trésor caché » parmi d'autres, présenté au public par Catherine Ferreyrolle, ce week-end, au musée de la BD, dans le cadre des Journées du patrimoine. « Ce détour par la BD érotique, c'est une façon pour nous de montrer l'incroyable variété de nos réserves. »

Popeye porno

Ainsi, au fil de l'intervention de Catherine Ferreyrolle, on découvre que la BD érotique et porno est quasiement aussi ancienne que la BD elle-même. Pour preuve, la bibliothécaire feuillette un scabreux « Dirty Comics », petite BD éditée au Mexique dans les années 30 (on les appelait les Tijuana Bibles) et vendue sous le manteau aux USA, dans laquelle Popeye honore Olive et où les Marx Brothers ne se gênent pas pour baisser le pantalon…

De Crumb et ses « Zap Comix », provocateurs au dernier degré, aux tentatives de l'éditeur Éric Losfeld pour contourner l'impitoyable censure, de « Fluide glacial » aux albums de Reiser et Wolinski, la bande dessinée érotique a indéniablement constitué une avant-garde créative du neuvième art. « Aujourd'hui, la BD érotique reste une niche éditoriale. Elle représente une quarantaine d'albums en 2011, soit 2,49 % de la production. »

Instructive et décalée, la visite des réserves du musée de la BD, avec intervention sur la bande dessinée érotique, est ouverte à un public averti, samedi et dimanche, à 16 h 30. Ne pas oublier de réserver. Car comme le dit si bien le titre d'un ouvrage des éditions Elvifrance, « Sapho le détour ! ».

D'autres visites des réserves, sans passage par la case érotique, sont programmées à 14 h 30 et 15 h 30. Réservations au 05 45 38 65 65. L'entrée du musée de la BD est gratuite ce week-end.


06h00 | Mise à jour : 11h45 - Par Bertrand Ruiz

SUDOUEST.fr

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