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la Cagouille Enchaînée
13 septembre 2012

Baroud d'honneur de l'ex-patron et des employés du CIF, appelé à disparaître

Des employés du Crédit immobilier de France (CIF) manifestent le 13 septembre 2012 à Paris
- AFP Thomas Samson

L'ex-patron du Crédit immobilier de France (CIF) et une large part des salariés ont tenté jeudi de faire entendre leur voix pour sauver cet établissement spécialisé dans les prêts immobiliers aux particuliers, insistant sur son rôle dans l'accession à la propriété des ménages modestes.

Appartenant à la mouvance HLM, le CIF a dû se résoudre fin août à demander la garantie de l'Etat, l'abaissement de sa notation par l'agence Moody's quelques jours avant l'empêchant de se refinancer sur les marchés. Or, il ne dispose pas d'une base de dépôts pour lui permettre de fonctionner malgré tout.

En échange de leur aide, qui devrait s'élever à plus de 20 milliards d'euros, les pouvoirs publics lui ont imposé une gestion "en extinction", c'est-à-dire sans possibilité d'accorder de nouveaux prêts.

Dans son premier entretien accordé depuis son éviction à la tête du CIF, Claude Sadoun a affirmé au Figaro que qu'il s'agissait de "la seule institution reconnue en France pour sa capacité à aider les ménages très modestes à devenir propriétaires, tout en prenant les sûretés nécessaires pour que le risque soit maîtrisé".

Selon lui, les conditions imposées par les banques, qui rechignent de plus en plus à prêter sur des durées supérieures à vingt ans, ont fait chuter le nombre de ménages modestes devenus propriétaires en 2012, malgré des taux d'intérêt bas.

Le CIF a financé 34.000 projets immobiliers en 2011. La valeur moyenne des prêts consentis était de 149.000 euros sur une durée de plus de 25 ans, pour des ménages fournissant un apport inférieur à 10% du prix d'achat et gagnant en moyenne deux smics. Il compte actuellement 424.000 prêts en cours.

"Que l'Etat se pose la question de savoir s'il veut ou non promouvoir une vraie politique du logement avec pour composante indispensable l'accession sociale à la propriété. Si la réponse est oui, et je n'en doute pas, que l'Etat fasse du CIF un acteur public au service du logement", a plaidé M. Sadoun.

"Non au sauvetage braquage"

Parmi les pistes qu'il avance figure celle longtemps évoquée d'un adossement, par exemple à un établissement public. La Banque Postale, longtemps pressentie pour un tel projet car ayant à sa disposition une base de dépôts importante, n'avait pas donné suite, jugeant qu'un tel rapprochement n'était pas dans son intérêt.

L'ancien patron du Crédit immobilier de France a également jugé que la liquidation programmée du CIF pourrait rapporter entre 1 milliard et 3,6 milliards d'euros à l'Etat et que les actionnaires, issus du mouvement coopératif, "ne vont pas se laisser faire".

Une attitude de combat partagée par de nombreux salariés de l'établissement, qui ont manifesté jeudi. Ils étaient ainsi environ 1.700 à Paris, selon la police, sur quelques 2.500 employés au total.

"Non au sauvetage braquage", "Le marché sauvé, le personnel sacrifié", "Bercy beaucoup", "François réveille-toi, sauve nos emplois", "Devenir propriétaire, ça va être galère", disaient les banderoles.

"On veut sauver nos emplois mais aussi l'accession à la propriété pour les foyers modestes", ont indiqué les manifestants à l'AFP, alors que l'intersyndicale de l'entreprise avait appelé à la première grande manifestation nationale.

Le personnel a demandé à l'Etat de reprendre le dossier soit pour autoriser le CIF à émettre de nouveau du crédit, soit pour l'aider à trouver un repreneur.

Venus de toute la France, les salariés ont manifesté dans les rues de la capitale avant un sit-in devant le siège de l'établissement.

"On était une société en pleine expansion. Si on ne peut plus produire, on meurt", a mis en garde Pascale, responsable commerciale.

Avec la disparition du CIF, ce sont 250.000 familles qui ne pourront plus accéder au crédit, ont prévenu des manifestants.

Plusieurs d'entre eux brandissaient des pancartes "Wanted" accompagnées du portrait de Claude Sadoun, accusé d'une "gestion monarchique".

Par Mehdi CHERIFIA© 2012 AFP - Mise à jour : 17:06
 
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