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la Cagouille Enchaînée
24 novembre 2012

L'Europe dans le piège de la récession

Le recul de l'activité pour le deuxième trimestre consécutif plonge collectivement les 17 pays de la zone euro dans la récession. Si la croissance française s'est un peu ranimée cet été, celle de l'Allemagne ralentit. La spirale de l'austérité généralisée produit tous ces effets délétères.

Le PIB de la zone euro a reculé de 0,1% au troisième trimestre, plongeant ainsi l'ensemble de la zone dans la récession (deux trimestres consécutifs de baisse) puisque le recul de la production avait atteint 0,2% au deuxième trimestre. Surtout, les chiffres publiés ce jeudi par l'office statistique Eurostat montrent que la tendance de la conjoncture européenne est mauvaise puisque l'activité, qui progressait encore de 0,6% l'an à l'automne 2011, enregistre désormais une baisse de même ampleur (-0,6%).

Dans ce contexte très morose, on pourrait être tenté de se rassurer avec la croissance française. Les experts de la Banque de France avaient prédit un recul au troisième trimestre et la hausse de 0,2% annoncée hier ferait presque figure de divine surprise ! D'autant plus que le "champion" allemand, référence absolue dans l'Hexagone, ne fait cette fois-ci guère mieux (+ 0,2% également).

Le marasme gagne l'Allemagne

Pourtant, on aurait tort de se réjouir. D'une part, la croissance annuelle de l'Allemagne reste sensiblement plus élevée que celle de la France: 0,9% contre 0,1%. Mais le plus inquiétant est que l'expansion de la première économie européenne ne cesse de ralentir depuis plus d'un an et demi. Et si l'on en croit les indices précurseurs, cela ne devrait pas s'arranger, bien au contraire, dans les mois à venir.

Ce coup de blues de l'Allemagne s'explique par une consommation intérieure toujours atone, malgré les hausses de salaire de cette année, et par un ralentissement des exportations qui accusent le coup du ralentissement économique des pays émergents (Inde, Chine ou Brésil). Mais le vrai poison qui ronge l'Allemagne, ce sont ses voisins !

No future pour le Sud

Pour un pays qui vend la moitié de ses produits dans la zone euro, la stagnation de l'économie française, jointe à l'effondrement des économies italiennes et ibériques est une catastrophe. Car les pays du sud, matraqués par les plans d'austérité, continuent de plonger. Sans même parler de la Grèce, dont la richesse nationale se contracte au rythme annuel de 7% (!), le PIB du Portugal est en baisse de 3,4% sur un an, celui de l'Italie de 2,4% et celui de l'Espagne de 1,6%.

Il y a encore un autre marché traditionnel de l'Allemagne qui est, à son tour, dans la tourmente, ce sont les Pays-Bas. Ce pays, très exportateur mais également très réexportateur (du fait du transit via Rotterdam), dépend également beaucoup de ses voisins.

Les retraités néerlandais matraqués

Mais un autre phénomène le plombe: les retraites des Néerlandais étant essentiellement versés suivant un système de capitalisation, les pertes en bourse des fonds de pension provoquent une baisse dramatique des retraites, une baisse comprise entre 7 et 14% l'an. On s'imagine l'impact sur la consommation d'un pays où les retraités ne représentent pas loin du tiers de la population... Du coup, au troisième trimestre, le PIB néerlandais a reculé de 1,1% et il est en baisse de 1,4% sur un an.

La récession gagne donc du terrain en Europe. L'Europe du sud est dans la nasse, les Pays-Bas aussi. De même que certains pays d'Europe centrale comme la Hongrie où la république tchèque. D'autres pays sont en pleine stagnation, à commencer par la France (0,1% de croissance sur un an), la Belgique (-0,3%) ou le Royaume-Uni (0%).

Le faux rebond britannique

Car le Royaume-Uni ne doit pas faire illusion. Le rebond de 1% de sa croissance au troisième trimestre est uniquement dû à l'impact des jeux olympiques de Londres cet été. Mais la Banque d'Angleterre prévoit une fin d'année difficile et n'espère plus que 1% de croissance en 2013.

Dans ce marasme généralisé, très peu de pays tirent leur épingle du jeu. On a vu que l'Allemagne devrait glisser vers la stagnation dans le sillage de ses partenaires. Au nord, seule la Suède conserve, pour l'instant, une croissance supérieure à 1%.

Une locomotive russe à l'Est

En fait, seuls les pays baltes, la Pologne et la Slovaquie jouissent d'un rythme d'expansion égal ou supérieur à 2,5%. Il y a là un effet de délocalisation des usines d'Europe occidentale mais aussi un effet Russie, ce pays voisin connaissant toujours un rythme d'expansion soutenu (environ 5%).

Une conclusion parait s'imposer: la multiplication des plans d'austérité dans toute l'Europe ne fait qu'accentuer une récession généralisée. A court terme, le salut ne pourrait venir que de l'Allemagne si le gouvernement d'Angela Merkel décidait de soutenir de façon beaucoup plus énergique la demande intérieure. Mais, à ce jour, les 6 milliards d'euros de baisses d'impôts annoncés pour 2013 et 2014 ne semblent pas à la hauteur des enjeux continentaux.

15.11.2012 | 17:50 Par  Daniel Vigneron (Paris) - myeurop avec RFI Accents d'Europe
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