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la Cagouille Enchaînée
26 novembre 2012

FN, UDI... Hollande, Sarkozy : à qui profite la crise de l'UMP ?

Marine Le Pen, Jean-Louis Borloo, François Hollande, Nicolas Sarkozy : tout le monde semble tirer bénéfice du chaos dans lequel est plongé aujourd'hui l'UMP. Tout le monde sauf Jean-François Copé et François Fillon.

 (Olivier Laffargue - BFMTV)

 

Marine Le Pen, Jean-Louis Borloo, François Hollande, Nicolas Sarkozy. Après l'échec de la tentative de médiation d'Alain Juppé et la désignation par la comission des recours de l'UMP des résultats de la présidence de l'UMP, seuls les premiers concernés Jean-François Copé et François Fillon ne semblent pas bénéficier du chaos dans lequel leur rivalité a fait plonger le parti d'opposition.

Jean-François Copé est ainsi considéré, jusque dans son propre camp, comme responsable de la crise, et François Fillon est, lui, montré du doigt comme celui qui traîne son parti en justice.

Le premier parti d'opposition est donc au bord de l'explosion. Au bénéfice de qui ?

 

François Hollande

 

La guerre des chefs à l'UMP tombe au bon moment pour l'exécutif, embourbé dans le dossier de l'aéroport controversé de Notre-Dame-des-Landes et en butte à une forte opposition sur le mariage homosexuel. "C'est vraiment une aubaine, on n'en demandait pas tant !", commente une ministre pour mieux se réjouir des malheurs de l'opposition qui, bien malgré elle, monopolise l'attention des médias et éclipse les difficultés de l'exécutif.

La sortie ratée de François Hollande sur la "liberté de conscience" des maires au sujet du mariage homosexuel a vite laissé place à la guerre sans merci que se livrent Jean-François Copé et François Fillon. Et le projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, en Loire-Atlantique, chaque jour plus embarrassant pour Jean-Marc Ayrault, qui l'a porté de longue date, n'a sans doute pas l'écho médiatique qu'il aurait reçu sans le psychodrame à l'UMP. Pis, Manuel Valls, qui a choqué les opposants à l'aéroport en évoquant un "kyste" qu'il ne faut pas laisser s'installer, reste toujours aussi populaire.

Combien de temps va durer le feuilleton umpiste ? Qu'il s'essouffle ou reprenne de plus belle, le gouvernement n'a pour l'instant face à lui qu'une opposition divisée bien incapable de tambouriner sur ses problèmes de gouvernance. Malgré la proclamation par la commission des recours interne au parti de la victoire de Jean-François Copé, l'UMP est plus divisée que jamais alors qu'on parle encore de scission ou d'action en justice.

 

Nicolas Sarkozy

 

"Le seul vainqueur dans cette pagaille c'est… Nicolas Sarkozy", tweetait au soir de l'annonce contestée de la victoire de Jean-François Copé, Lionnel Luca, pro-Fillon. Un temps considéré comme seul remède possible aux maux de l'UMP, Alain Juppé a rejoint le député des Alpes-Maritimes dans son analyse une semaine plus tard. "À [Nicolas Sarkozy] de jouer !", a ainsi déclaré le fondateur du parti, quelques heures après l'échec de sa médiation.

Le parti menacé d'éclatement, l'ancien président de la République apparaît désormais comme l'ultime recours pour tenter d'apaiser la guerre entre Jean-François Copé et François Fillon. Il est, croit-on, le seul aujourd'hui à avoir l'autorité suffisante pour proposer éventuellement une sortie de crise.

Absent du conflit jusque-là, Nicolas Sarkozy est sorti du bois ce weekend, en faisant savoir par son entourage qu'il avait appelé au téléphone les différents protagonistes du chaos dans lequel est plongé le parti. Depuis, il laisse ses plus fidèles lieutenants se charger de sa communication. Car l'ex-président de la République n'entend pas plonger dans la mêlée avec un rôle de médiateur. Six mois à peine après sa défaite à la présidentielle 2012, il est trop tôt pour un retour en grâce et, même s'il n'a aucun avantage à retrouver l'UMP en miettes à son retour, Nicolas Sarkozy n'a que des avantages à endosser le costume de sauveur qu'il compte incarner.

 

Jean-Louis Borloo

 

La crise à l'UMP, "c’est quasiment une campagne d’adhésion à l’UDI qui est lancée", analysait bien avant l'échec de la tentative de médiation d'Alain Juppé le spécialiste de l'opinion Gaël Sliman, face à la vague de désertions à l'UMP en faveur du parti fondé en septembre par Jean-Louis Borloo. "Entre 6.000 et 7.000 nouvelles adhésions" depuis le début du psychodrame électoral à l'UMP, assure dénombrer Jean-Christophe Lagarde, le porte-parole à l'Assemblée nationale de la nouvelle formation politique.

Elle qui compte déjà dans ses rangs d'anciens ministres de la Sarkozie, telles Chantal Jouanno et Rama Yade, vient d'accueillir l'ancien secrétaire général de l'UMP Pierre Méhaignerie. L'hémorragie est désormais difficile à stopper, et le faux suspens brisé par la troisième annonce de la victoire effective de Jean-François Copé à la présidence du parti d'opposition, cette fois par le président de la commission des recours de l'UMP, n'y changera rien.

Jean-Louis Borloo, lui, est aux anges. S'il feint ne pas se réjouir du chaos qui règne à l'UMP, l'ancien ministre de l'Écologie jubile des perspectives de son "UDF du XXIème siècle" aux élections municipales, et ambitionne déjà de dépasser "largement" l'UMP aux européennes. Une perspective qui fait paniquer à droite. "Nous sommes en train, en direct, de perdre les élections municipales et d'envoyer des adhérents au FN et UDI", s'alarme sur Twitter la très copéiste secrétaire nationale de l'UMP Camille Bedin.

 

Marine Le Pen

 

L'explosion de l'UMP laisse toute la place à Marine Le Pen pour faire entendre la voix du Front national en tant que seule force politique d'opposition crédible au gouvernement. "L'UMP n'est définitivement plus une opposition crédible aux socialistes, elle est beaucoup trop fragilisée et peut-être même déjà morte", s'est-elle empressé de déclarer après la contestation des résultats de l'élection du président de l'UMP par Jean-François Copé.

La leader d'extrême droite qui, selon ses dires, a "théorisé depuis longtemps la fracture" à l'UMP, a raison de se gargariser : s'ouvre devant elle un boulevard. Les militants UMP, qui n'ont pas été capables de départager clairement les deux candidats à la présidence du parti, sont plus divisés que jamais. Les plus radicaux d'entre eux, convaincus par les thèses très droitières utilisées par Jean-François Copé lors de sa campagne, ont déjà commencé leur migration vers un Front national qui, désormais, se positionne en "moralisateur" de la vie politique, réactualisant son vieux refrain du "tous pourris" face aux soupçons de fraude émanant des deux camps.

Cerise sur le gâteau, Marine Le Pen, qui a présenté un recours contre sa défaite législative à Hénin-Beaumont, pourrait encore bénéficier de la crise à l'UMP pour être envoyée à l'Assemblée nationale par les électeurs. Elle, en est convaincue. Mais son recours doit encore être accepté par le Conseil constitutionnel. Alors Marine Le Pen multiplie les déclarations assassines envers les sages, dont elle met en cause la neutralité afin de peser sur leur décision.

 

Les adversaires de la droite aux législatives (2012)

 

La crise à l'UMP pourrait rejaillir à la marge sur les trois législatives partielles dans deux semaines en démobilisant l'électorat de l'UMP et en contrebalançant la baisse de popularité de l'exécutif, une situation qui ne déplaît pas aux adversaires de la droite. "Pas du pain bénit, mais presque" : la socialiste Dolorès Roqué a vu son élection aux législatives dans la 6e circonscription de l'Hérault invalidée par le Conseil constitutionnel, et doit à nouveau convaincre les électeurs de la choisir les 9 et 16 décembre.

"Il est possible qu'une partie de l'électorat de droite soit démobilisé. Ça ne dépend ni de moi, ni de la gauche, ni de la campagne qu'on mène pour mobiliser notre électorat, mais ça peut être un avantage", assure Julien Landfried, candidat PS-MRC-EELV-PRG dans la 13e des Hauts-de-Seine contre l'UMP-UDI Patrick Devedjian.

À droite, Elie Aboud, adversaire UMP de Dolorès Roqué dans l'Hérault, reconnaît "évidemment" le "risque de démobilisation, malgré le travail des candidats sur le terrain." Alors que l'exécutif a connu une chute de popularité dans les sondages depuis le mois de mai, ce copéiste présente quelques regrets : "J'avais [...] un boulevard, j'espère qu'il reste une avenue mais il ne faut pas que cela se transforme en impasse."

Tristan Berteloot - Le 26/11/2012 à 20:22  - Mis à jour le 26/11/2012 à 20:47

BFMTV.com

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