Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
la Cagouille Enchaînée
6 décembre 2012

Dave Brubeck

YOUTUBE.com


Dave Brubeck Take 5-12-2012

 
Disparition . Le légendaire pianiste de jazz américain, créateur des tubes «Take Five» et «Blue Rondo a la Turk», est mort hier, à la veille de son 92e anniversaire.

«Mon Dieu, si les deux [Blancs et Noirs] sont faits à ton image, serais-Tu, par hasard, un zèbre ?» Cette question posée par Louis Armstrong dans Real Ambassadors, l’opéra jazz autour des droits civiques que Dave Brubeck avait composé, lui qui prônait l’intégration en jouant dans les clubs noirs du Sud profond des années 50, a peut-être trouvé sa réponse. Le pianiste américain (né le 6 décembre 1920 à Concord, en Californie) est mort hier, à la veille de son 92e anniversaire, d’un arrêt cardiaque à l’hôpital de Norwalk, dans le Connecticut.

Grâce au succès planétaire de ses tubes Take Five ainsi que Blue Rondo a la Turk, morceaux figurant sur l’album Time Out sorti chez Columbia Records à la fin des années 50, Dave Brubeck avait acquis un statut de pop-star, phénomène assez rare dans le milieu du jazz. Au point de soulever, au cœur des sixties, une guerre de religion des pour et des contre. Fi des vieilles querelles, la longue association du monsieur avec l’aérien saxophoniste alto Paul Desmond, dès la fin des années 40 puis au sein du fameux quartet à partir des premiers enregistrements de 1952, a incarné le jazz de l’époque, à la manière du tandem Miles Davis et Erroll Garner.

Adepte d’une expérimentation sur les rythmes, Dave Brubeck a su transcender les conventions du swing, comme dans Take Five et bien d’autres. Issu d’une famille musicienne, il se destinait à une carrière de vétérinaire, avant de se tourner vers la musique en entreprenant des études, pendant trois ans, auprès de Darius Milhaud. Des influences classiques qui orientent son jeu vers un phrasé élégant, à l’inverse de la tendance en vogue outre-Atlantique.

Tempéraments. Le Dave Brubeck Quartet, qui connaîtra un succès retentissant, durera une quinzaine d’années, avant de céder la place à un nouveau quartet avec le saxophoniste Gerry Mulligan. Puis c’est avec deux de ses fils que Brubeck poursuivra sa route, jusqu’à retrouver Mulligan.

Outre ses formations, Brubeck a également enregistré avec des tempéraments aussi trempés que Charles Mingus, pape de la contrebasse - «un génie», disait-il (Non Sectarian Blues au début des années 60), ou Anthony Braxton, autre sax alto, connu à Paris via une séance sans répète, All The Things You Are pour Atlantic, avec Lee Konitz et Roy Haynes.

Renard argenté. Armstrong et Monk aussi ont croisé celui que l’on surnommait le «Renard argenté» pour sa chevelure. Avec le trompettiste, Real Ambassadors (1961) - arrangements New Orleans et paroles écrites par son épouse, chantées par Carmen McRae -, souligne cette volonté renouvelée du pianiste de s’engager pour l’intégration. Monk, il ne l’écoutait pas plus que les autres pianistes. Paul Desmond trouvait qu’ils avaient le même son. Ils joueront ensemble une seule fois, en 1967, à Mexico : C Jam Blues. Malgré des problèmes cardiaques nécessitant la pose d’un pacemaker, Brubeck donnait encore en 2011 un concert à Washington.

Par Dominique Queillé

LIBERATION.fr

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité