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la Cagouille Enchaînée
4 janvier 2013

Depardieu, Poutine, le Kazakhstan, la Tchétchénie et la démocratie

Les Moscovites qui sont prompts à douter dés qu’il s’agit de Vladimir Poutine, ne me paraissent pas être très nombreux à se réjouir d’avoir un nouveau compatriote. Ils connaissent un peu ses films récents, l’acteur français jouit d’une honnête popularité dans ses plus mauvais rôles, mais ici le sentiment qui domine quand on interroge l’homme de la rue est qu’il ne s’agit que d’une histoire d’impôts et d’un coup de main « donné à un riche de plus ». Donc méfiance populaire. Par contre, dans les clubs branchés, dans les restaurants fréquentés par le monde des jeunes riches et des hommes d’affaires qui vivent de leur proximité avec le Kremlin et ses cercles économiques, s’élève un concert de louanges envers « le geste humanitaire du Président  ». Dans ces milieux nombreux sont ceux, qui se réjouissent de « l’exemple de démocratie et d’humanisme donné à un pays qui nous donne toujours des leçons sur les Droits de l’Homme ». Quelques parlementaires de la Douma qui a voté avec enthousiasme à la fin du mois de décembre plusieurs textes limitant la liberté d’expression des associations et des opposants se retrouvent sur cette longueur d’onde : « Le président vient de prouver que la Russie est attachée aux libertés individuelles ».

Car il n’est pas question, si l’on veut continuer à faire carrière dans les affaires, dans le cinéma ou dans la politique, de critiquer une amitié de dix ans entre le Président russe et Gérard Depardieu ; ni surtout son épilogue, préparée depuis des mois quoi qu’en disent les deux protagonistes. La « fuite en Belgique » n’a été qu’un écran de fumée et l’appréciation du Premier Ministre qualifiant cette attitude de « minable » un prétexte pour que se déroule le scénario de la russification. Les services de renseignements français auraient du savoir depuis le mois de mai que cette manipulation russe se préparait. Peut-être, d’ailleurs, le savaient-ils comme on le murmure à Moscou.

Car cela fait longtemps que Poutine et Depardieu se fréquentent et font la fête ou partent à la chasse ensemble : il existe des rapports confidentiels sur cette « amitié ». Les relations amicales entre les deux hommes expliquent que l’acteur français puisse si facilement faire des affaires fructueuses dans le pays. Et y vendre son vin, sans devoir contribuer à l’industrie nationale du « racket de la protection ». Ou bien tourner dans des spots de publicité télévisés vantant des gammes de sauces, des équipements ménagers ou des établissements financiers. Bel exemple de cette collaboration : c’est la télévision russe, sur l’ordre de Poutine, a financé le Raspoutine diffusé par France 3 le 25 décembre 2011. Gérard Depardieu, qui y joue le rôle principal, avait en plus obtenu du président russe le droit exceptionnel de tourner ce téléfilm dans les grands palais tsaristes de Saint-Pétersbourg. Souvent, moyennant finances, l’acteur sert de facilitateur entre des entreprises françaises et les milieux d’affaires russes...

Avec son courrier lu jeudi à la télévision russe, courrier dans lequel il vante la qualité de la démocratie locale, Depardieu a donc payé son écot et finalement avoué son penchant pour les régimes ... forts. Comme lorsqu’il assiste aux fêtes du 36 éme anniversaire du sanguinaire président-dictateur de la Tchétchénie, Ramzan Kadyrov, le 5 octobre 2012. Comme le chèque rétribuant ce genre de participation est en général plus que généreux, il ne fut pas le seul puisque des gens comme les footballeurs Barthez, Jean-Pierre Papin ou des acteurs comme Jean-Claude Van Damme sont venus en d’autres occasions honorer le dictateur mis en place par Vladimir Poutine.

Son inclination pour les dictatures conduit souvent Depardieu dans l’Ouzbékistan de l’indéboulonnable Islom Karimov, « élu » président depuis 1990 ; il y a chanté en compagnie de Gulnara Karimova, sa fille, et y prépare une série télévisée sur la route de la soie. Autre fréquentation « démocratique » de l’acteur français : le Kazakhstan présidé depuis 1990 par un des autres dictateurs de la région, l’inamovible Noursoultan Nazerbaëv qui se proclame volontiers descendant d’Attila. Il y a tourné en 2010 dans « l’inoubliable » Amour inopinée par Sabit Kurmanbekov dont la carrière n’a pas dépassée les frontières du pays malgré sa présentation en grande pompe au Festival de cinéma Eurasia. Un festival ou Gérard Depardieu fait fréquemment de la figuration à la fois intelligente et rémunérée entre 100 000 et 150 000 dollars pour deux ou trois jours de présence et de consommation des alcools locaux. Il n’est pas le seul à fréquenter ce pays dictature car il y a croisé à plusieurs reprises Patricia Kaas et aussi Régine qui a ouvert une boite de nuit à Astana, la nouvelle capitale de ce pays qui emprisonne tous les opposants.

Pour oublier tout cela, Depardieu pourra toujours contribuer à la vente de vodka. Mais il devra se méfier car l’alcool national entraîne la mort de 150 000 russes par an...

Par Claude-Marie Vadrot - 4 janvier 2013
POLITIS.fr
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