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la Cagouille Enchaînée
11 janvier 2013

MALI • Les Français dans une guerre sans visage

Désormais, l'implication militaire française au Mali est certaine. Les premières troupes ont débarqué sur la ligne de front pour appuyer la contre-offensive de l'armée malienne. Cette guerre s'annonce complexe et incertaine.

François Hollande en compagnie de soldats français
le 9 janvier 2013
AFP

Contexte

Après une nouvelle offensive des djihadistes jeudi 10 janvier dans la région de Mopti, au centre du Mali, le président intérimaire Dioncounda Traoré a réclamé le soutien militaire du Conseil de sécurité de l’ONU et plus particulièrement de la France. Vendredi 11 janvier, à l’occasion de la cérémonie des vœux au corps diplomatique, François Hollande a répondu favorablement à la demande de Bamako, tout en précisant que s’il devait avoir lieu, cet engagement se ferait aux côtés "des partenaires africains" et "strictement dans le cadre des résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies".

 

Depuis le début de la semaine, la crise malienne connaît une mutation géostratégique. Les djihadistes ont choisi d’avancer vers le Sud du pays comme s’ils cherchaient à accroître leurs avantages stratégiques militaires. Face à cette nouvelle donne, le président de l’Union africaine, le Béninois Yayi Boni, demande l’appui militaire de l’OTAN.

Car, dit-il, le terrorisme djihadiste, c’est d’abord et avant tout une question mondiale. La France s’est proposée comme Etat-pivot de la force de 400 membres montée par l’Union européenne et qui ne devrait être opérationnelle qu’à partir du mois de février. Répétons-le, cette force aura pour mission de former, de restructurer et de soutenir logistiquement ce qui reste de l’armée malienne.

Attachée à l’intégrité territoriale et à la souveraineté du Mali, la France aurait dû lancer un ultimatum fort en direction des djihadistes. On attend donc de la France qu’elle joigne les actes aux paroles. Cependant, la position française est compréhensible. Le président Hollande est le chef d’un Etat démocratique et cette légitimité politique ne lui accorde aucun droit d’envoyer des soldats français mourir à l’étranger, sans suivre les processus décisionnels constitutionnels.

Au moment où il a choisi de faire revenir les soldats français installés en Afghanistan, comment justifiera-t-il à l’opinion française l’envoi de forces militaires au Mali, de manière unilatérale ? Au nom d’une cause, c’est-à-dire la lutte contre le terrorisme, cause qui semble douteuse et peu claire pour les Français.

Une guerre non conventionnelle

Disons-le clairement, nous sommes dans une guerre, mais une guerre sans visage. Depuis Raymond Aron, nous savons que chaque guerre change la façon dont on fait la guerre. Et comme l’avait si bien anticipé Clausewitz, "en terme de guerre, tout est incertain". Au Mali, nous sommes dans une guerre asymétrique, c’est-à-dire qu’ici, l’absurde gagne contre le plan. Face au djihadiste, la guerre devient totalement irrégulière, non conventionnelle.

Pourquoi l’armée malienne ne prend pas elle-même l’initiative d’attaquer ces Talibans ouest-africains ? On a cette fameuse impression que la résolution 2085 du Conseil de sécurité de l’ONU autorisant le déploiement de forces africaines a paralysé l’armée malienne. Mais à ce jour, quelle est la capacité stratégique réelle de cette armée ? Car, cette guerre sera meurtrière.

Certes, nous ne connaissons rien à la stratégie militaire. Mais nous trouvons stupide et ridicule de penser que la France fera tout seule la guerre à la place des Maliens. Actuellement, l’armée malienne reste à la fois le problème et la solution à ce conflit. Mais la rapidité étonnante avec laquelle les djihadistes ont pris sur elle la supériorité stratégique en s’emparant des principales villes est en soi une source d’embarras, et de honte pour les Maliens.

C’est comme si elle était devenue une source de déshonneur national. Dans ce cas, comment peut-elle gagner cette guerre face aux djihadistes ? L’avancée des djihadistes va-t-elle enfin provoquer un sentiment de sursaut patriotique ? Quand on sait que le fondateur du Mali, au XIIIe siècle, Soundjata Keita, avait fait de l’honneur le ciment de son immense, prospère et puissant empire ! Décidément, la roue de l’histoire mandingue tourne. Face aux djihadistes, elle revient à l’endroit, c’est-à-dire à ses origines fondatrices.

  

  

COURRIERINTERNATIONAL.com

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