Angoulême dans le prochain livre d'Eric Orsenna

L'académicien s'intéresse à Angoulême pour son prochain livre. Consacré aux villes moyennes, il sortira en octobre 2014. La capitale charentaise y sera en bonne place. Explications.

Erik Orsenna après sa première rencontre avec le maire d'Angoulême, vendredi dernier.
Il va revenir régulièrement pour les besoins de son enquête. Photo B. C.  

Erik Orsenna vient de passer une matinée à Angoulême. C'était vendredi, en pleine effervescence festivalière. Mais le médiatique écrivain a beau être passionné de BD, il ne venait pas pour les bulles où il n'a pas eu le temps de mettre les pieds, mais pour rencontrer le maire. Le prix Goncourt 1988, par ailleurs ami de l'évêque d'Angoulême, a retenu la capitale charentaise pour illustrer son prochain ouvrage, une enquête consacrée aux villes de demain.

Après le conseil d'Etat et une quarantaine d'ouvrages dont plusieurs best-sellers, Orsenna revient à ses premières amours, l'économie. Une enquête sur le papier, une sur le coton, et voilà qu'il plonge dans les villes du monde. Un voyage qui passe par Angoulême. La sortie du livre est déjà programmé: octobre 2014. A sa sortie de la mairie, il explique pourquoi Angoulême fait partie de sa sélection.

Pourquoi retenir Angoulême dans un ouvrage sur les villes ?

Erik Orsenna. Angoulême fait partie de ces territoires qui reprennent du poil de la bête, en se mettant en réseau avec d'autres villes comme Poitiers, La Rochelle, et maintenant Limoges, mais aussi en mutualisant des services. Le Grand-Angoulême, c'est 140.000 habitants, une taille qui reste à dimension humaine, la bonne taille à mon avis pour bien vivre. La France de demain ne pourra pas se développer autour d'une demi-douzaine de métropoles. Elle aura besoin d'un tissu de villes moyennes qui travailleront elles-mêmes en réseau. En cela, Angoulême est un exemple très intéressant.

Mais ce n'est pas le seul exemple en France...

Non, mais Angoulême est en train de bouger pour préparer l'arrivée de la LGV. Cet aménagement de l'espace me passionne. C'est de la politique au sens plein, c'est-à-dire au service des gens. Par exemple, elle va se retrouver à une demi-heure de Bordeaux, avec une vraie maîtrise foncière. Comparé à Bordeaux, le prix du foncier va de un à quatre. Demain, on pourra donc mieux vivre dans une ville moyenne comme celle-ci plutôt que dans une grande ville. Ce sera l'objet de mon livre.

Vous connaissiez déjà Philippe Lavaud ?

On s'était croisé une fois, je lui avais parlé de mon enquête, et on va se revoir très rapidement pour poursuivre le travail, à plusieurs reprises. Mais j'ai d'autres liens avec la ville. Je suis très proche de Mgr Dagens, que je côtoie à l'Académie française. Il m'a invité récemment à Angoulême pour un débat sur la religion. Je reviendrai d'ailleurs pour un autre débat en juin avec lui. Et j'ai déjà eu l'occasion de venir dans la ville pour un autre ouvrage consacré à l'histoire du papier. C'était au moulin du Verger, j'avais passé un moment magnifique. Enfin, j'ai d'autres liens avec la région, à Rochefort avec Hermione - La Fayette et le Centre international de la mer (1).

Quelles autres villes illustreront votre enquête ?

Dans cet ouvrage, il sera question de Shanghai, de Dakar, de Santiago du Chili. Et donc d'Angoulême et d'autres villes moyennes, une quinzaine au total, où je vais voir ce qui fonctionne, ce qui fonctionne moins. Je reviens à ma formation initiale, l'économie, ça me passionne.

Et donc, vous aimez la BD ?

Je me considère comme un enfant de la BD, j'ai appris à lire avec la bande dessinée, une véritable passion. Un autre lien avec Angoulême.

(1) Erik Orsenna est le fondateur de cette association créée en 1992 pour mener le projet de reconstruction d'une frégate du XVIIIe siècle, l'«Hermione». Il est aussi président du Centre international de la mer.

5 Février 2013 | 04h00 - Mis à jour | 07h12 - Thierry Cordeboeuf

CHARENTELIBRE.fr