Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
la Cagouille Enchaînée
29 juillet 2015

Qui seront les « chimpanzés du futur » promis par Google ?

Janus

  

Mercredi, 29 Juillet, 2015
L'Humanité
   
L'éditorial de Maurice Ulrich Si l’avenir n’est pas un retour à la Planète des singes, il laissera peut-être place aux « chimpanzés du futur ». Ce sont les termes du futurologue et ingénieur en chef de Google, Ray Kurzweil, cité ici par le philosophe Jean-Michel Besnier

Si l’avenir n’est pas un retour à la Planète des singes, il laissera peut-être place aux « chimpanzés du futur ». Ce sont les termes du futurologue et ingénieur en chef de Google, Ray Kurzweil, cité ici par le philosophe Jean-Michel Besnier, auteur lui-même de Demain les posthumains. Les chimpanzés du futur, c’est-à-dire les humains qui ne voudront pas se faire « augmenter » ou qui n’en auront pas les moyens. Soit donc, pour le deuxième cas, des milliards de personnes. Ce futur annoncé, voire probable, ne relève pas plus de la science-fiction que de la paranoïa ou d’une énième théorie du complot. C’est un des axes majeurs du développement du géant Google avec la vision, à vrai dire déjà en marche, d’une humanité à deux vitesses au moins (trois sans doute avec les hypercadres dirigeants et les hyperriches). Les uns bénéficiant de toutes les technologies allant jusqu’à la prétention de vaincre la mort, les autres n’étant que les nouveaux prolétaires-consommateurs du réseau planétaire. Car Google, comme l’ancien dieu Janus, est à double face. Si l’utilisateur pense simplement utiliser un précieux et très utile moteur de recherche, le moteur travaille en retour. La mathématisation des milliards de données qu’il recueille devient non seulement un formidable instrument de stratégie commerciale permettant d’engranger des milliards de dollars, mais aussi un outil sans précédent de programmation et de contrôle social. Au-delà même de Google, le philosophe Bernard Stiegler n’hésite pas à écrire que l’individu connecté aux réseaux mondiaux est « déjà géolocalisé sur une trame dont les mailles sont variables, émet et reçoit des messages du ou vers le réseau de serveurs où s’enregistre la mémoire du comportement collectif, tout comme la fourmi qui secrète ses phéromones inscrit son comportement sur le territoire de la fourmilière ». Chimpanzés ou fourmis, à ce jeu le « je » disparaît ou ne devient qu’illusoire. Faut-il alors brûler Google ? C’est tout aussi illusoire, mais les humains que nous sommes (encore) ont une grande tâche devant eux. La mise en commun de la machine. Et c’est parce qu’elle est difficile qu’il faut s’y atteler.

 

l'Humanité.fr

 

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité