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la Cagouille Enchaînée
21 octobre 2010

REFORME DES RETRAITES: UN CARRE D'IRRÉDUCTIBLES MILITANTS

Ils sont de tous les mouvements, membres du collectif de défense des retraites et d'horizons divers. Leur trajectoire de militant les réunit Portraits express de militants de toutes les causes.
Ils sont partout et ils commencent à avoir les traits tirés. Hier matin, ils «tenaient» la Société de transport du Grand-Angoulême (STGA) dès 5 heures du mat', à Angoulême. Les jours précédents, au-delà des kilomètres de manif sous la pluie, ils attaquaient dès 7 heures, pour réveiller le préfet ou bloquer des ronds-points. Ils sont membres du «collectif de défense des retraites», un mouvement animé par Jean-Pierre Bellefaye, prof de métier, militant multicartes, anticapitaliste et défenseur des sans-papiers comme de bien d'autres causes.

«Le noyau dur, c'est une trentaine de personnes», avoue Cyril Nicolas. Dangereux gauchiste? Plutôt délégué CGT, représentant du personnel depuis plus de vingt ans chez Veriplast, dans la ZI3 de L'Isle-d'Espagnac. Inflexible sur «le blocage de l'économie», mais aussi encarté PS, «et maire adjoint de Magnac, délégué au GrandAngoulême».

(...)
L'expérience des «luttes», c'est leur point commun. A 59 ans, Nicole Ausou se bat pour la «retraite des enfants» et depuis le début du mouvement, ses semaines font plus de trente-cinq heures, sous l'étiquette SUD. Elle a à peine laissé de côté des sans-papiers de Baobab, les femmes solidaires. «Et encore plus, si je m'écoutais. Mais je suis organisée.» C'est nécessaire pour que «Sarko se casse». L'expérience, elle en a, sans jamais se départir de son sourire. «J'ai fait 68 à Châtellerault. On avait enfermé le directeur dans ses bureaux», se souvient-elle avec malice. «J'en ai fait, des manifs. Je ne suis pas nostalgique, mais j'ai gardé l'esprit de mai 1968, et j'en suis fière.» Tous, ils parlent de solidarité, d'un engagement ordinaire. «On est des Français moyens et on n'y arrive plus.»

En 68, Stéphane Moulai n'était même pas né. Mais lui aussi, a du mal à y arriver: «38 ans. Chômeur depuis sept mois, chef gérant en restauration collective de métier. Aujourd'hui, ça gagne 200 euros de moins qu'il y a quatre ans.» Alors, lui aussi, exilé de Lutte ouvrière après la scission, a rempilé dans le mouvement «pour défendre une cause humaine et sociale qui touche tout le monde». Il est de toutes les actions, regrette que les chômeurs ne soient pas plus présents. Lui, il s'est mis en grève de sa recherche d'emploi, de sa valorisation des acquis. «C'est normal que je vienne soutenir ceux qui payent des cotisations pour moi.»

Depuis des semaines, ils ont fait chauffer les portables, monté des plans tenus secrets. «On s'organise avec les collègues», euphémise en se marrant Cyril Nicolas. Mais comme ses collègues, il concède: «C'est épuisant. Presque plus que le boulot. Et pourtant, quand je bosse, je bosse!»

Xavier Favre, 49 ans, enseignant dans des classes pas faciles, FSU-Snuipp «syndiqué de base», engagé pour Charente-Palestine, à Baobab, au collectif des sans-papiers «parce qu'[il a]envie de [s]e regarder dans la glace le matin sans trop de honte par rapport à [s]es enfants», a trouvé la parade. «Je fais des microsiestes. Et puis, la pratique du karaté, qui aide beaucoup dans la maîtrise de soi.» Comme les «piliers» du collectif, il est militant depuis toujours. «Ma première militance, c'était à Foi et Lumière, un mouvement scout.» Cela surprend un peu. «J'ai passé deux ans au Chili, à la chute de Pinochet, chez les scouts, pour remettre en route un mouvement de jeunes. Le scoutisme, c'est la vraie pédagogie révolutionnaire: apprendre à se débrouiller et à penser par soi-même.»

Militants de toutes les causes, leur tronc commun du moment, c'est les retraites. «Je voudrais qu'ils arrêtent de foutre tous nos acquis sociaux en l'air», s'insurge Nicole Ausou en tendant un sandwich merguez. Elle est aussi spécialiste de l'intendance.

Ce qui les fait tenir, c'est l'espoir Peut-être pas du grand soir, mais d'une victoire sur le pouvoir. «Ce n'est pas un combat perdu d'avance, martèle Xavier Favre. On n'aura jamais tout perdu. On aura résisté.» C'est leur ciment. «Ce qui me plaît, s'enthousiasme Stéphane Moulai, c'est que les syndicats, les chômeurs, les lycéens, on est tous là pour la même cause.» Mousquetaires de la lutte, ils ont aussi une devise commune: «On ne lâchera pas.»

CHARENTELIBRE.fr 

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