Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
la Cagouille Enchaînée
18 février 2011

SEGONZAC (16) EST LA SEULE CITÉ FRANÇAISE À POSSÉDER LE LABEL CITTASLOW

Ce label récompense l'art de vivre           ...   label illustré par un colimaçon dont la coquille porte un village   ...

Véronique Marendat n'en revient toujours pas. Depuis maintenant des mois, l'agenda de cette jeune femme prof d'économie et de gestion dans un lycée d'Angoulême ressemble à celui d'un ministre. Les rendez-vous avec les médias se succèdent dans une sorte de tourbillon : Mme la maire de Segonzac, en Charente, commune viticole de 2 200 âmes, au cœur de la Grande Champagne, à une quinzaine de kilomètres de Cognac, n'a plus une seconde à elle. Un comble pour cette élue se réclamant du Nouveau Centre : cette vie de dingue découle de sa volonté de faire de sa ville un repaire du bien-vivre, un temple de la lenteur, de la patience, un peu à la façon de cet or brun reposant dans les barriques du pays et réclamant du temps, beaucoup de temps, avant d'offrir la quintessence de ses parfums et de ses arômes.

Qualité de vie

« On a appuyé sur un bouton sans trop savoir où nous allions », avoue franchement Véronique Marendat, encore tout étonnée que Segonzac soit la seule ville de France labellisée Cittaslow.

Elle raconte que, localement, la démarche est partie d'un audit de l'office de tourisme mettant en lumière un déficit d'image. Les élus de la Communauté de communes ont pensé faire appel à une agence de communication, proposé de retravailler les lieux d'accueil avant que l'idée naisse d'obtenir un label.

Et le hasard - qui n'existe pas - a voulu que, du côté de Segonzac, on tombe sur Cittaslow.

De quoi s'agit-il exactement ? Véronique Marendat connaît la réponse par cœur : « C'est avant tout une philosophie. Elle n'exclut pas la modernité, l'enthousiasme, l'entreprise, au contraire. Le but, c'est d'ancrer durablement une politique du bien-vivre. D'instaurer une qualité de vie. C'est une démarche de qualité, un management par la qualité. Pour les élus, c'est un cadre, une ligne directrice. »

En regardant les 70 critères qu'il convient de remplir pour décrocher la timbale (en fait, obtenir ce label illustré par un colimaçon dont la coquille porte un village, ce qui ne manque pas de faire sourire dans un département dont l'emblème est l'escargot, appelé ici « cagouille »), on s'aperçoit que tous ont trait à un progrès maîtrisé. Dans la plupart des domaines, l'urbanisme, la voirie, l'énergie. La notion de lenteur intervient bien au-delà, un peu à la charentaise, à la façon qu'avait un président de la République né à quelques kilomètres de là de plaider pour que, justement, on puisse laisser du temps au temps.

Un outil rassembleur

Cittaslow, mouvement fondé à la fin de 1999 en Italie - heureusement sans que Berlusconi y soit associé -, découle de son association sœur, née dans le même pays en réaction à la restauration trop rapide et bâclée, à savoir Slowfood. Les objectifs étaient simples : apprendre à déguster ensemble des produits locaux, protéger toutes les espèces végétales et animales en voie de disparition entrant dans l'alimentation, créer des ateliers d'éducation au goût, faire bon - mais pas forcément bio -, juste - quant à la rémunération du producteur - et propre.

« Chaque fois que nous avons une décision à prendre, nous nous posons la question de savoir ce que nous allons apporter de plus au niveau de la qualité de vie », témoigne Véronique Marendat. « On constate alors à quel point le mouvement peut être fédérateur. Il gomme les clivages gauche-droite. Cette cohésion fait que nous travaillons toujours tous ensemble. Cittaslow, c'est un outil rassembleur permettant d'avancer logiquement, de manière cohérente dans tous les domaines. Nous ne travaillons plus par à-coups.    (...)

Par terre, au pied de l'église

Parmi les quelque 150 villes labellisées, Segonzac est la plus petite. Mais sans doute l'une des plus médiatisées, avec une chaîne de télé - la petite qui monte, comme la cité charentaise… - venant filmer le Conseil municipal, avec une armée de photographes venant immortaliser le phénomène. Pourtant, il n'y a rien de palpable, et quelques mois n'offrent guère de recul. « Déçus, certains reporters semblaient perdus. En désespoir de cause, il y en a un qui m'a demandé de m'asseoir par terre, au beau milieu de la place, devant l'église, en essayant de prendre la position de quelqu'un qui prend son temps », sourit Véronique Marendat.

Rien de palpable, mais une foule de projets Cittaslow. La naissance de jardins associatifs ; la création d'un hébergement de type collectif pour les personnes âgées autonomes englobant une structure basse consommation, une chaufferie au bois, un jardin partagé ; une revitalisation du centre du bourg avec la promesse de mieux vivre autour du clocher.Déjà, un boucher a annoncé sa prochaine installation.

Le phénomène passionne. Des universitaires, des géographes, des urbanistes, des chercheurs ont pointé le bout de leur nez à Segonzac. Et des gens acceptant mal la banlieue rêvent de cet eldorado de l'art de vivre découvert sur Internet en posant cette question naïve au maire : « Pensez-vous que je puisse venir vivre chez vous, bien que je ne sache faire que les pâtes fraîches ? »

Probablement quelqu'un d'origine italienne…

   SUDOUEST.fr 

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité