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la Cagouille Enchaînée
13 avril 2011

«FINANCE WATCH SERA UN CONTRE-POUVOIR À LA FINANCE DE MARCHÉ»

09/04/2011 à 00h00 (mise à jour à 11h43)

L’eurodéputé Pascal Canfin révèle les contours de son initiative pour combattre les lobbys bancaires :

Par GRÉGOIRE BISEAU

Attac France, Transparency International, Oxfam, Sherpa, le Secours catholique… Près d’une trentaine d’associations et d’ONG européennes (1) vont participer à la création de Finance Watch. Député européen (Europe Ecologie), Pascal Canfin, 36 ans, est l’un des fondateurs de cette initiative transpartisane qui regroupe des élus de droite et de gauche.

Quelles seront les missions de Finance Watch ?

Il y en aura trois principales. D’abord, un travail d’expertise réalisé par des experts indépendants, spécialistes des questions financières. Ensuite, Finance Watch aura une mission de lobbying auprès de la Commission et du Parlement européen pour contrer le travail d’influence permanent des banques. Quand on constate les moyens considérables dont ils disposent, il y a une vraie urgence démocratique à rééquilibrer les choses. Enfin, il y aura un travail de communication auprès du grand public, pour faire pression sur les élus et susciter des débats sur toutes les questions liées à la finance. On le voit bien aujourd’hui dans le travail d’élaboration de nouvelles régulations européennes, on souffre de ne pas avoir de vrai débat dans l’opinion publique.

Finance Watch aura pour vocation de dénoncer les pratiques des banques ?

Le but n’est pas de rechercher le scandale pour le scandale, mais d’éclairer le débat citoyen. Et de se donner la possibilité de faire vivre un débat contradictoire. Sur le nucléaire, on peut entendre les voix d’Areva et de Greenpeace. Les associations de consommateurs ne s’occupaient pour l’instant que des services bancaires aux particuliers. Finance Watch aura une mission de contre-pouvoir sur le cœur de l’activité bancaire, à savoir la finance de marché. Par exemple, lors de la publication des résultats financiers des banques, ce sera son rôle de donner une expertise pour expliquer comment ces bénéfices sont réalisés. Et d’expliquer qu’elles réalisent aujourd’hui plus de 50% de leurs bénéfices, non pas en prêtant aux entreprises, mais en prenant des paris sur les marchés. Pour démonter les argumentaires, Finance Watch s’appuiera sur un réseau officieux d’acteurs de la finance encore en poste qui collaborera de façon confidentielle. On a déjà reçu de nombreux appels du pied…

Quel type de gouvernance adopterez-vous ?

Le conseil d’administration sera composé à parité des représentants des organisations membres et de personnalités qualifiées : des professionnels de la finance, des profs d’économie, des universitaires… Un comité de déontologie sera chargé d’étudier d’éventuels conflits d’intérêts. Le but est de réunir notre assemblée générale en juin, et de recruter la dizaine de permanents à l’été pour être opérationnel dans la foulée. Finance Watch compte sur un budget de fonctionnement de 2 millions d’euros par an, alimenté par les citoyens, les associations, les personnalités, les fondations privées et la Commission européenne.

Vous vous donnez la possibilité de vous faire aider par des fondations liées à la finance ?

La question n’est pas réglée. Est-ce que la fondation de George Soros [spéculateur et philanthrope, ndlr] pourra aider si elle le souhaite ? Ce n’est pas tranché.

Comment Michel Barnier, le commissaire européen au Marché intérieur, regarde-t-il cette initiative ?

Barnier nous a donné son accord politique pour participer au financement, car la Commission a besoin, dans son travail d’élaboration des directives, de contre-expertises sérieuses. Finance Watch sera totalement indépendant des députés européens qui ont été à l’origine de sa création. Aucun de nous ne sera membre ou financeur.

L’arrivée de Michel Barnier a-t-elle marqué une rupture par rapport à la précédente Commission ?

Oui, mais ce n’était pas très difficile. Avec son prédécesseur, l’Irlandais McCreevy, la Commission était devenue le fer de lance de la dérégulation. Ce n’est plus le cas, mais les textes adoptés ne sont clairement pas suffisamment ambitieux. Aujourd’hui, les principaux freins à la régulation ne viennent pas de la Commission et du Parlement, mais des Etats eux-mêmes.

A plusieurs reprises vous avez dénoncé le double discours de Paris…

Je pendrai juste le texte dont je m’occupe personnellement, celui de l’encadrement des CDS de dette souveraine, ces produits d’assurance contre le risque de défaillance des Etats. Pour éviter une spéculation débridée comme on l’a vu sur la Grèce, le texte propose d’interdire l’achat de CDS sans détenir au préalable une obligation d’Etat. Or quel est aujourd’hui le seul pays qui soutient officiellement cette proposition ? L’Allemagne.

Les membres fondateurs de Finance Watch /
voir l'article sur LIBERATION.fr
 
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