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la Cagouille Enchaînée
21 septembre 2011

MALADIE D'ALZHEIMER. MENACES SUR LA PRISE EN CHARGE

La Haute Autorité de la Santé pourrait préconiser prochainement la baisse du remboursement des traitements de la maladie d'Alzheimer. Les spécialistes s'insurgent.

C'est une décision qui fait désordre à la veille de la Journée mondiale de la maladie d'Alzheimer, ce mercredi: la Haute Autorité de la Santé (HAS) serait sur le point de ramener à un, sur quatre, le niveau de service médical rendu (SMR) des quatre médicaments utilisés pour lutter contre cette affection. En d'autres termes, ils ne seraient plus remboursés à 100% par l'assurance-maladie. Selon les informations de Destination Santé, la résolution aurait été votée mercredi dernier et concernerait les quatre molécules actuellement disponibles: le donépézil, la galantamine, la rivastigmine et la mémantine.

90 à 95 euros par mois

Un coup dur pour les quelque 800.000 familles concernées, qui pourraient avoir à débourser en moyenne 90 à 95euros de traitement par mois. «Nous sommes de plus en plus dans une société où l'on compte beaucoup sur les aidants familiaux pour promouvoir l'accès aux soins», explique le Dr Cyril Hazif-Thomas, psychogériatre au CHG de Quimperlé(29). «Même si l'efficacité de ces médicaments est modeste, ce serait quand même envoyer un curieux message aux patients et aux aidants, que de leur dire "on vous abandonne, on vous laisse sur le chemin"».

«Terrible pour les aidants»

Le Pr Philippe Thomas, duCHUEsquirol de Limoges, confirme. Un déremboursement «constituerait vraiment une grande déception pour les malades. Le tiers d'entre eux environ répond à ces traitements. Or, le plus souvent, il s'agit de malades dont l'affection évolue rapidement» sans traitement. Selon lui, d'ailleurs, ce serait aussi «terrible pour les aidants. Le traitement divise par deux le risque de dépression des malades. Et il diminue aussi l'impact lié à l'entrée en institution. Selon les études, celle-ci est en effet retardée de 12 à 36mois!» Quant à leur dangerosité, elle est balayée par le PrThomas, pour qui il suffit d'être «prudent sur le plan cardiovasculaire et cérébral».

«Lobby anti-Alzheimer»

«Il y a un lobby anti-Alzheimer et anti-traitements qui est en train de se développer, et cela me choque profondément en tant que médecin vis-à-vis des patients. Mais aussi en tant que scientifique, au regard de la manipulation des données qui me paraît sous-tendre ce genre de démarche», s'insurge le Pr Bernard Croisile, chef du service de neuropsychologie du CHU de Lyon et créateur d'une des premières consultations mémoire en France, en 1990. La décision serait d'autant plus étonnante que d'autres structures se sont penchées, à l'étranger, sur les effets de ces molécules, pour des conclusions radicalement différentes. Ainsi, le National Institute for Health and Clinicila Excellence (NICE) britannique, a-t-il souligné, en janvier dernier, que si ces médicaments «n'entraînent certes pas de miracles, ils peuvent clairement changer la vie des patients». Idem en Allemagne, où ces médicaments sont également pris en charge par la collectivité. La décision pourrait être officialisée ces prochaines semaines. Elle risque de faire du bruit alors que la maladie d'Alzheimer avait été déclarée, avec le cancer et la dépendance, l'une des trois priorités de santé publique de l'actuelle présidence.

21 septembre 2011 à 08h15

LETELEGRAMME.com

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