Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
la Cagouille Enchaînée
12 mai 2012

L’HÉRITAGE SARKOZY PLOMBE L’UMP

La campagne des législatives s’annonce difficile pour l'UMP. Pas seulement à cause de la défaite à la présidentielle mais aussi, à cause de la stratégie politique qu'il lui a été imposée.

C'est forcément difficile de mener une campagne quand on vient d’en perdre une. En outre l’UMP a perdu son chef. Et encore pire : la stratégie qui l’a menée à l’échec ne peut pas être abandonnée. Nicolas Sarkozy éliminé, il laisse derrière lui un bilan politique qui a été jugé négatif par les Français et une stratégie électorale dévastatrice : l’axe de campagne à droite toute, conçu pour récupérer les électeurs du FN – et qui, à force de rapprochements idéologiques, a finalement limité l’ampleur de la défaite… mais fait beaucoup de dégâts dans l’électorat modéré. Résultat : l’UMP est comme un bolide dont la direction serait bloquée à droite et l’accélérateur enfoncé. L’accident paraît inévitable, mais si vous donnez un coup de volant, c’est le tonneau assuré.

C’est la chronique d’une deuxième défaite annoncée pour l’UMP ?

La politique n’est pas une science exacte mais on voit mal comment il en serait autrement. L’UMP est condamnée à mener bataille sans chef, sans enthousiasme et sans cohérence – parce que dans ses rangs, l’obsession identitaire qui a marqué la campagne de Nicolas Sarkozy n’a pas fait que des heureux et qu’elle a réveillé les vieilles différences entre gaullistes, centristes, libéraux et souverainistes. C’est donc un parti qui, avant le conflit de succession, connaît un problème d’héritage. Et maintenant qu’un socialiste entre à l’Elysée, Copé, Fillon et les autres en sont réduits à plaider pour la cohabitation… « Votez pour empêcher le président qui vient d’être élu de gouverner », c’est quand-même le pire argument électoral qui soit !

Jean-François Copé assure que la « droitisation » du discours de Nicolas Sarkozy, inspirée par son fameux conseiller Patrick Buisson, était la seule solution pour gagner la présidentielle.

La stratégie de Patrick Buisson était mauvaise puisque Nicolas Sarkozy a perdu. En fait, ce n’est pas pendant la campagne que la radicalisation de Nicolas Sarkozy l’a fait perdre. C’est dès 2010, quand il a refusé le tournant du recentrage et renoncé à nommer Jean-Louis Borloo à Matignon. De ce point de vue, François Fillon est bien obligé d’assumer cette orientation droitière – même s’il essaie de s’en affranchir : c’est son gouvernement qui l’a mise en œuvre. Et Jean-François Copé, aussi, qui a mis l’UMP au service de cette dérive, au lieu d’en faire un vrai contre-pouvoir dans la majorité. L’erreur a été de croire que l’élection de 2012 pouvait se gagner sur les mêmes bases que celle de 2007. Mais entretemps, on était passé du candidat de la rupture à une rupture avec le président. Pour se reconstruire, l’UMP n’aura pas d’autre choix, dans les années à venir, que de rompre à son tour… avec le sarkozisme. Ça viendra.
 
Pour écouter le Parti Pris d'Hervé Gattegno du vendredi 11 mai, cliquez ici.
 
Hervé Gattegno | RMC.fr | 11/05/2012
Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité