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la Cagouille Enchaînée
30 août 2010

HADOPI OU L'ART DE NE PAS APPELER UN CHAT, UN CHAT

La rentrée s’annonce chargée pour Hadopi. Prête à appuyer sur le gros bouton vert, la Haute autorité jure que les premiers mails partiront dans les « prochains jours ». Du coup, des séances d’explication sont nécessaires pour éclairer les Français des bienfaits de ce texte : campagne de distribution de tracts sur les autoroutes bouchonnées, tribune libre (mais payante) dans le Figaro par les membres de la Commission des Droits, et (t)chat avec « les internautes » dans La Tribune.  

Toutes ces manœuvres de com’ 2.0 ne sont pas une surprise : elles sont orchestrées depuis un appel d’offres

Opération de com'
Cet appel prévoyait qu’« à partir des arguments avancés lors de l'examen devant le Parlement de la loi « Création et Internet », la communication devra être conçue de manière à apporter par anticipation une réponse aux campagnes de désinformation qui pourraient être lancées ». Le prestataire devant prévoir un « plan de communication » avec des «actions concrètes visant à renouveler et diversifier l’intérêt de tous types de pressela recherche de parrains (porte-parole) susceptibles de sensibiliser le grand public au téléchargement légal et qui pourraient être sollicités lors de la campagne de communication (conférence de presse, spots radio ou télé, interviews…) ». Bref, tout est réglé, calibré, « propagandé ».

Le tchat d’Éric Walter chez nos confères de la Tribune est la manifestation parfaite de cette opération. Les questions étaient prévisibles – ce sont celles maintes fois entendues – et du coup, les réponses ont été pilonnées avec une précision plus ou moins bonne.

Il ne s'agit "pas de punir"

Un certain Nicolas demande ainsi « Punir les internautes n'apporte rien aux auteurs, pourquoi ne pas faire facturer tous les téléchargements illégaux par les FAI ? Sur le Mobile, les opérateurs peuvent nous faire payer n'importe quel téléchargement, cela devrait être possible sur le fixe ». Éric Walter répond : « il ne s'agit pas de "punir" les internautes, il s'agit de leur rappeler que les œuvres ne sont pas en self service et de les inviter à être responsables dans leur usage d'internet, quel qu'il soit. C'est tout le sens de la réponse graduée et de l'appui à l'offre légale qui sont les deux missions au coeur de l'Hadopi ».

Hadopi ne condamne pas

D’une lecture rapide, on déduit qu’Hadopi ne punit donc pas. Sentiment accentué un peu plus loin quand Walter explique à un autre intervenant qu’ « il faut bien avoir à l'esprit qu'il ne s'agit absolument pas de condamner un maximum d'internautes, il s'agit au contraire et tout au long de la procédure de la réponse graduée de faire en sorte que les internautes reviennent à une pratique plus responsable de l'internet et de la consommation d'œuvres culturelles sur internet. Enfin, et c'est essentiel, la CPD ne condamne pas. Elle transmet au juge qui, lui seul, peut prendre une décision ». Le secrétaire général oublie cependant de préciser que la décision en question est, dans le cadre du défaut de sécurisation, sanctionnée jusqu’à 1500 euros d’amende et d’un mois de suspension d’accès. Une broutille.

SocialVPN

Quand les questions sont un peu trop pointues, la tactique est celle de la fuite. Ainsi, Blackhorn : « Vous affirmez que la réponse graduée peut s'appliquer à tout type de réseau. Comment techniquement allez- vous procéder dans le cas de réseau "d'amis à amis" chiffré genre SocialVPN? » Réponse d’Éric Walter : « J'affirme que la loi n'a pas posé de limite de réseau, c'est tout. Je ne crois pas vraiment qu'un chat (qui d'ailleurs semble souffrir quelques difficultés) soit le lieu idéal pour engager un échange technique sur ce genre de sujet ;) ». La question du filtrage n’aura pas été abordée une seule fois, dommage.

Le cas des entreprises

À un autre internaute qui s’interroge : « Pourquoi est-ce que la surveillance ne se fait pas par un service INTERNE au gouvernement mais par une entreprise ? Est-ce que cette entreprise sera soumise à des vérifications de la part du gouvernement ? » Walter répond : « Il ne s'agit pas de surveillance, d'une part, et, d'autre part, il y a longtemps que les ayants droit ont été autorisés à s'assurer du respect de l'utilisation des œuvres dont ils détiennent les droits, le fait qu'ils puissent le faire sur les réseaux comme ils peuvent le faire dans l'univers physique n'est pas vraiment nouveau. »

Le système Hadopi ne reposerait sur aucune « surveillance »… alors que la délibération de la CNIL pour l’entreprise TMG évoque une « recherche » et une « constatation des délits de contrefaçon sur les réseaux P2P ». Des contorsions sémantiques qui sont autant d’opérations de maquillage d’une réalité que souhaite faire oublier la Haute autorité.
qui fut lancé par la Haute autorité fin 2007. » incluant aussi «

cnil sacem hadopi autorisation tmg

À un chef d’entreprise qui craint d’avoir à investir des sommes non négligeables pour sécuriser son accès contre le risque poursuivi par Hadopi, le secrétaire général lui rétorque « nous n'imposons rien, c'est la loi, elle est ancienne, et j'imagine que votre entreprise protège déjà son informatique contre les virus, les spams, etc etc etc. ». Le même Éric Walter conseillera ensuite d’ « adopter une charte informatique interne, il me semble que c'est la base, ensuite il existe (je crois bien ...) de très nombreux experts informatiques qui peuvent vous appuyer dans votre démarche de recherche du respect de la loi au mieux de vos possibilités et de l'état de l'art technique... ».

Donc Hadopi, ça ne punit pas, ça n’impose rien, ça ne surveille pas, ce n’est pas plus méchant que de l’anti spam pro-viagra… Éric Walter estimait  en juin 2010 que le débat sur la sécurisation était « un peu hypocrite ». Cela se confirme.

   
PCIMPACT.com
   

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