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la Cagouille Enchaînée
29 janvier 2011

MOUBARAK ET LE COUP D'ETAT CONSENTI

En nommant deux militaires aux postes de vice-président et de premier ministre, le président égyptien tente de garder le contrôle, tout en cédant un immense pouvoir à l'armée.

Un autocoup d'Etat. C'est le va-tout que vient de jouer Hosni Moubarak pour sauver son régime menacé par cinq jours de manifestations de plus en plus violentes et radicales. Après avoir annoncé la démission du gouvernement, vendredi soir, le président égyptien a nommé cet après-midi deux militaires pour reprendre la situation en main: tout d'abord, Omar Souleiman, chef des services de renseignements, est nommé au poste de vice-président, laissé vacant depuis l'arrivée au pouvoir de Moubarak, le 6 octobre 1981; Ahmed Chafiq, ministre des Transports aériens et surtout ancien chef d'état-major de l'armée de l'air, est chargé pour sa part de former un nouveau gouvernement. Décryptage.


Gamal Moubarak et la succession dynastique définitivement enterrée

En nommant un vice-président, ce qu'il se refusait de faire depuis son arrivée au pouvoir, il y a 29 ans, Hosni Moubarak désigne tout à la fois un dauphin et un successeur. Moubarak, qui était le vice-président de Sadate à qui il a succédé après son assassinat le 6 octobre 1981, est bien placé pour savoir que désormais, il existe un recours. Mais surtout, en prenant cette décision, semble-t-il sous la pression de l'état-major, le raïs égyptien a définitivement enterré les ambitions de succession dynastique de son fils cadet, Gamal Moubarak.

Depuis une décennie, cet homme d'affaires d'une quarantaine d'années préparait méthodiquement son accession au pouvoir. Entouré de businessmen et d'affairistes, qui ont profité sans vergogne de leur proximité avec le pouvoir, ce dernier a progressivement pris le contrôle du Parti national-démocrate (PND, au pouvoir), suscitant le mécontentement d'une partie des caciques du pouvoir. Il avait aussi fait nommer un proche au poste de Premier ministre, Ahmed Nazif, présenté comme un technocrate réformiste, qui n'a ni gouverné efficacement ni réformé. Gamal Moubarak et son entourage affairiste ont fini par cristalliser la colère d'une population épuisée par l'inflation et le chômage. Une partie des caciques du PND et surtout l'armée s'agaçaient de plus en plus ouvertement de l'ascension de ce «blanc bec» n'ayant même pas terminé son service militaire.

L'armée en première ligne

L'armée est présente depuis vendredi dans les rues du Caire et des grandes villes, où elle est censée faire respecter un couvre-feu particulièrement étendu (de 16 h à 8 h du matin). En fait, elle a été incapable de ramener le calme et n'a même pas vraiment essayé. Des scènes de fraternisation entre soldats et manifestants ont eu lieu en de nombreux endroits. Désormais, elle a pris le pouvoir car c'est bien un coup d'Etat en douceur qui vient d'avoir lieu au Caire avec l'arrivée simultanée d'Omar Souleiman et d'Ahmed Chafiq.   (...)

Moubarak, toujours sur la sellette

Il reste à savoir, maintenant, si ces nominations sont une tentative de sauvetage ou une façon de passer dignement la main. La foule des manifestants, enragée par la soixantaine de morts et plus de 2000 blessés, ne s'en satisfait manifestement pas et a continué à occuper la place Tahrir, au centre du Caire, et à attaquer le ministère de l'Intérieur, symbole de l'oppression du régime.

L'opposant Mohamed al-Baradeï, assigné à résidence depuis vendredi, ne s'en satisfait pas non plus. Il semble bien, désormais, que seul le départ de Moubarak pourra mettre fin aux troubles. Au pouvoir depuis 1981 et âgé de 82 ans, il concentre toutes les frustrations et les rancœurs.  (...)

   LIBERATION.fr   
 

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