LE BLUES DU POMPISTE
Prié de se mettre aux normes, Henri Plaisant-Pascaud jette l'éponge. En Charente, il n'est pas le seul.
Rehausser le trottoir. Éloigner la pompe à gazole de la porte d'entrée du magasin. Étanchéiser la dalle béton. Approfondir le caniveau. Écarter l'aire de dépotage de la route.
Henri Plaisant-Pascaud dit stop. Il ne réalisera aucun des travaux de mise aux normes environnementales, exigées par la loi avant 2014. À compter d'aujourd'hui, fin de son contrat avec Total, il préfère raccrocher définitivement les pompes de sa station-service, avenue du Général-de-Gaulle, à Soyaux. Il garde, seulement, son activité de garage.
Des travaux à répétition
« Il y a cinq ans, j'ai déjà changé toute la tuyauterie, la bouche de dépotage et la fosse séparatrice d'hydrocarbures, raconte, dépité, le propriétaire. Total, mon fournisseur, a participé… Enfin, le groupe m'a accordé une avance sur commission et mon emprunt court sur sept ans. J'ai encore deux ans à payer… Mais le pétrolier se retranche derrière cette nouvelle loi pour me demander de nouveaux travaux. »
Face au manque de soutien de son fournisseur et au coût exorbitant des travaux, Henri Plaisant-Pascaud préfère jeter l'éponge. « La rentabilité n'est plus là. (...)
« Nous, on a fermé le 18 décembre », raconte Didier Petit, propriétaire de la station-service du Relais de La Courbe à Garat. Même scénario que précédemment. Élan, son fournisseur, l'incite à faire des remises aux normes. (...)
Très peu d'aides « Nous n'avons aucune aide des pétroliers, ni des autres d'ailleurs ! », peste Jean-Dominique Pouyade. Il a rouvert la station de Dignac, « l'unique entre Périgueux et Angoulême ».
(...) « Notre réseau est en train de crever », approuve Jean-Pierre Dumas-Delage. Personnage incontournable de Confolens, il fait partie du maillage Total. Les travaux de mises aux normes ? Il les a réalisés en 2007 : 60 000 euros injectés dans l'espoir de revendre son affaire. « Dans deux mois, j'ai 67 ans et je suis toujours au boulot ! »
La disparition de services Revendre Marie-Paule Aupy n'y pense même pas. Le délai de trois ans accordé par le gouvernement pour remettre les stations-service aux normes est une aubaine pour cette gérante d'Eymouthiers : « Ça me pousse à la retraite. » Après sa station sera fermée. (...)
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