UN SI FRAGILE VILLAGE, UN AN APRÈS XYNTHIA ...
Un an après Xynthia, toujours pas de digue en vue pour éviter une submersion
«Avanti !» L'homme qui a donné le signal s'élance à grandes enjambées. Derrière lui, quelque 200 personnes, hommes, femmes, enfants, avancent sur l'étroit cordon dunaire. Il est 17 h 30 et, à leur droite, la mer lèche le sable, presque au niveau de la dunette. Coefficient 114, c'est une grande marée. « Mais on en attend une de 118 en mars », souligne Michel Le Bozec, président de l'association des sinistrés des Boucholeurs. C'est cette association qui a convié les habitants du quartier, qu'ils soient d'Yves ou de Châtelaillon, à organiser une chaîne humaine samedi après-midi, un an après les ravages causés par Xynthia sur le littoral.
Patrouilles d'ostréiculteurs
Ils ont été rejoints par les élus, en tête desquels Didier Roblin, maire d'Yves, et Jean-Louis Léonard, maire de Châtelaillon. Pourquoi cette chaîne ? Parce qu'on repousse sans arrêt à plus tard les travaux de construction d'une digue arrière et que tous, élus, sinistrés, citoyens, estiment que les atermoiements ont assez duré. On les comprend. À quelques centaines de mètres de la dunette - dans laquelle la mer ouvre régulièrement des brèches malgré les remblais d'urgence -, au-delà de la réserve naturelle des marais d'Yves, se trouve la voie ferrée et, encore au-delà, la deux fois deux voies entre Rochefort et La Rochelle.
« Si un phénomène comme Xynthia se reproduit, le département sera à nouveau paralysé », souligne M. Le Bozec. « C'est pour ça que les ostréiculteurs patrouillent tous les jours ». « C'est vital, la digue ici est aussi urgente que dans les îles, l'enjeu dépasse le village des Boucholeurs », renchérit Didier Roblin. « On le dit depuis le début. On a un schéma de défense sur lequel tout le monde est d'accord, il faut l'appliquer », ajoute Jean-Louis Léonard.
Fonds européens
Qu'est-ce qui en empêche ? L'État, qui n'a pas donné le feu vert. Le Département, lui, grâce à des fonds à 80 % européens, a consolidé la dunette avec des apports de sable et la pose d'épis en bois. C'est mieux que rien, bien sûr.
En attendant, les ostréiculteurs continueront à patrouiller et Les Boucholeurs, à trembler.