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la Cagouille Enchaînée
25 février 2011

ANGOULÊME : LA PROF DU CRÉADOC NOMINÉE AUX CÉSARS

Mariana Otero est la réalisatrice de «Entre nos mains». Son film documentaire est sélectionné aux Césars. Une consécration pour ce professeur du Créadoc d'Angoulême.

Quel que soit le résultat le 25 mars prochain à Paris, Mariana Otero est déjà récompensée. En lice pour le César du meilleur film documentaire, cette réalisatrice connaît un gros succès en salle avec son dernier film : «Entre nos mains» qui vient de sortir en DVD. Professeur du Créadoc d'Angoulême depuis quatre ans elle est aussi la marraine du premier festival du film sur les femmes qui se tiendra du 3 au 12 mars prochain à Angoulême. Rencontre avec une grande dame d'un cinéma pas comme les autres.

Nomination aux Césars, succès en salle et sortie du DVD, vous vous attendiez à un tel succès de votre dernier film ?

Mariana Otero. Non mais au-delà de la fréquentation et des récompenses, j'ai vécu une expérience hors du commun avec ce film. J'ai rencontré 40 ouvrières exceptionnelles, pleine de courage, de joie de vivre et d'humour qui, contre vents et marée, contre leur condition et contre elles-mêmes parfois, ont accepté de livrer au public leur combat.

Qu'est-ce qui vous a poussé à faire ce film ?

Après mon précédent film sur le tabou de l'avortement dont a été victime ma mère, je cherchais une dimension moins intime plus sociale. J'ai décidé de faire un film sur la création d'une coopérative. J'en ai sélectionné plusieurs et puis je suis tombé sur Starissima, une petite entreprise de 40 salariés d'Orléans spécialisée dans la fabrication de soutiens-gorge et de culottes pour l'enseigne Cora. J'ai trouvé ça génial d'avoir en toile de fond des sous-vêtements pour un film politique sur les problématiques de l'économie.

Combien de temps vous a pris le tournage ce film ?

Trois mois de mars à mai 2009. Tous les jours de 8 heures à 18 heures, j'étais en immersion complète avec ces ouvrières pour partager leur combat. Je ne filmais pas tout le temps. J'avais suffisamment préparé mon film pour avoir une visibilité du calendrier pour filmer les moments clefs et, surtout, ne pas me laisser surprendre par les impondérables de cette aventure.

Qu'est-ce qui vous séduit dans le film documentaire par rapport à une fiction ?

Filmer l'ordinaire et en faire quelque chose d'extraordinaire avec des gens inconnus. Au début du film, les filles me disaient qu'elles ne comprenaient pas ce que je venais faire là, que leur histoire n'était pas intéressante. Et puis je les ai vues se transformer au fur et à mesure que le film avançait. Elles devenaient de plus en plus natures, de plus en plus fortes, de plus en plus libres et de plus en plus belles.

Puis, lorsqu'elles ont vu le film pour la première fois, elles ont changé d'avis. Le 6 octobre dernier à la sortie du film lors des rencontres avec le public elles ont pu mesurer l'impact de leur aventure sur les autres et comprendre ce qu'elle avait d'universelle. Aussi lorsqu'elles ont appris qu'on était aux César, on a fait une fête d'enfer.

Ca coûte cher, un film documentaire ?

Infiniment moins cher qu'une fiction. « Entre nos mains» a coûté 300.000 euros.

Cherchez-vous une dimension journalistique dans le documentaire ?

Non, pour moi en dehors du choix du sujet, qui peut être assimilé à une démarche journalistique, le film documentaire n'a rien de commun avec le journalisme. Je ne suis pas là pour délivrer des informations mais pour raconter une histoire dans laquelle je m'engage, pour défendre un propos et mes idées.

Pourquoi, selon vous, y a-t-il de plus en plus de films documentaires ?

D'une part parce qu'Arte à ses débuts a revalorisé le genre et a permis la création d'une génération de réalisateurs de talents. Et surtout parce que le public apprécie au cinéma de pouvoir s'identifier à des gens comme eux et retrouver du sens et un peu d'ordre dans les désordres d'aujourd'hui.

Quel est votre rôle au Créadoc ?

J'encadre quatorze étudiants du film documentaire pour que, dans leur dernière année de master, ils réalisent leur film de fin d'étude. C'est un travail passionnant qui m'attache deux jours par semaine à Angoulême et qui, le reste du temps, me permet de pouvoir faire mes films.

Interview de Mariana Otéro en vidéo qui revient sur son parcours ainsi que sur son documentaire "Entre nos mains"

   CHARENTELIBRE.fr     

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