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la Cagouille Enchaînée
28 février 2011

REMANIEMENT : MAM ÉVINCÉE, ALAIN JUPPÉ TOUT-PUISSANT

Michèle Alliot-Marie a donné sa démission dimanche. Le maire de Bordeaux la remplace au Quai d'Orsay, désormais émancipé des conseillers de l'Élysée
Dans son allocution télévisée, le chef de l'État n'a pas prononcé une seule fois le nom de Michèle Alliot-Marie, dont la démission a provoqué ce remaniement.

C'est à se demander si Nicolas Sarkozy n'avait pas annoncé cette inhabituelle intervention solennelle d'un dimanche soir pour mettre le couteau sous la gorge de Michèle Alliot-Marie. Histoire de rendre cette démission, gage supposé d'un nouveau souffle donné à notre diplomatie, inéluctable et de mettre l'intéressée devant le fait accompli.

Car jusqu'au bout l'éphémère ministre des Affaires étrangères aura fait de la résistance. De retour du Koweït dans la nuit, elle ne voulait toujours pas en entendre parler. Il a fallu un entretien avec Nicolas Sarkozy, puis un autre avec François Fillon pour qu'elle finisse par se rendre à l'évidence : elle n'avait plus d'autre choix que de quitter les lieux. Et le gouvernement, dans lequel elle siégeait depuis près de neuf ans. Un record sous la Ve République, si l'on excepte le long bail de Maurice Couve de Murville au Quai d'Orsay, puis à Matignon (1959-1969).

L'amertume de MAM

Comme une autre femme l'avait fait avant elle, Michèle Alliot-Marie a quitté le gouvernement en publiant sa lettre de démission, dans laquelle elle laisse transparaître toute son amertume. Édith Cresson n'avait pas aimé la façon dont elle avait été traitée, puis congédiée de Matignon, et elle ne l'avait pas envoyé dire à François Mitterrand.

Dans cette lettre ouverte, MAM répète clairement que, selon elle, aucune raison ne la poussait à démissionner. « J'ai le sentiment de n'avoir commis aucun manquement », écrit-elle. Comme elle l'a si souvent fait ces dernières semaines, elle dénonce une campagne d'« attaques », de « contre-vérités », une « manipulation », un « harcèlement dans sa vie privée ». Elle persiste et signe : « Cette campagne n'entrave en rien mes relations avec mes partenaires internationaux, ni ma capacité à remplir la mission que vous m'avez confiée. »

« J'ai donc décidé de quitter mes fonctions », conclut-elle, alors que le président de la République le lui demandait depuis trois jours. Il n'a d'ailleurs pas eu un mot pour elle dans son allocution d'hier. Une allocution pourtant destinée à annoncer une « réorganisation des ministères et de la diplomatie » et à « habiller » ce remaniement soudain. Michèle Alliot-Marie aura également défendu le maintien de son compagnon, Patrick Ollier, au gouvernement. Au moins, sur ce point, a-t-elle obtenu gain de cause…

Chamboulement

Car le remaniement s'avère plus ample qu'initialement prévu et il a toutes les apparences d'un gouvernement de combat dans la perspective de l'élection présidentielle. Sans surprise, ainsi que nous l'annoncions dès vendredi, Alain Juppé succède à MAM et retrouve ce ministère des Affaires étrangères qu'il a occupé de 1993 à 1995. Toujours ministre d'État et numéro 2 du gouvernement, le maire de Bordeaux est plus puissant que jamais.

Pour preuve, il a obtenu la fin de l'étouffante tutelle élyséenne sur le Quai d'Orsay, qui se manifeste avec l'éloignement des deux influents conseillers du chef de l'État : le conseiller diplomatique Jean-David Levitte et, surtout, le secrétaire général de l'Élysée, Claude Guéant, qui quitte la présidence pour prendre le portefeuille de l'Intérieur (lire ci-contre). Un ministère que ce préfet connaît bien puisqu'il a dirigé pendant quatre ans le cabinet de Nicolas Sarkozy. À charge pour Claude Guéant de reprendre la main dans la lutte contre l'insécurité qui, après avoir été la marque de fabrique du candidat Sarkozy, en est aujourd'hui le talon d'Achille.

Le remaniement d'hier fait donc une autre victime, plus inattendue celle-là, en la personne de Brice Hortefeux, qui quitte le gouvernement pour l'Élysée (lire ci-contre), où il occupera des fonctions éminemment politiques auprès de Nicolas Sarkozy dans la perspective de la campagne présidentielle. Pour l'ami de trente ans du président, il s'agit plus d'un lot de consolation que d'une promotion. Mais Hortefeux devrait néanmoins jouer un rôle central dans la campagne présidentielle.

C'est le président du groupe UMP au Sénat, Gérard Longuet, qui devient ministre de la Défense (lire ci-contre). Un grand retour, là aussi, pour un homme qui avait dû démissionner du gouvernement Balladur en 1994 à la suite de sa mise en examen dans diverses affaires pour lesquelles il a été blanchi depuis. Le sénateur de la Meuse avait été très amer de rester à la porte du gouvernement en novembre dernier. Son arrivée constitue un geste en direction des sénateurs, souvent frondeurs, de la majorité. Un geste qui n'a rien d'innocent, à trois semaines des élections cantonales et à sept mois des sénatoriales. 

   SUDOUEST.fr   

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