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la Cagouille Enchaînée
27 mars 2011

«CES ÉLECTIONS DÉNOTENT UNE CRISE DÉMOCRATIQUE ET UN TRÈS GRAND SCEPTICISME RÉPUBLICAIN»

27/03/2011 à 21h25

Quel est l’enseignement majeur de ce scrutin cantonal ?

L’élément le plus frappant, c’est le score de l’abstention. Avec environ 53 % d’abstention, le chiffre est en hausse de 20 points par rapport au second tour de 2004. Sur le fond, on assiste à un vote de crise démocratique et de grands scepticisme republicain. L’UMP, avec 19%, perd 8 points par rapport à 2004 et le PS (à 36 %) trois points. C’est à noter dans le contexte actuel de discrédit de la majorité. Certes, la gauche réalise un score honorable mais il n’y a pas de véritable percée, il y a un bon score mais pas de dynamique autour du parti socialiste.

Le «réveil républicain» du second tour n’aura pas eu lieu…

Les électeurs sont déçus par les politiques mises en œuvre et sont aujourd’hui à la recherche d’un projet pour leur vie quotidienne. Ce score d’abstention extrêmement élevé montre surtout que le choc provoqué par le premier tour et le bon score du Front nationale n’ont pas généré de remobilisation entre les deux tours. Les électeurs républicains de droite et de gauche ne se sont pas massivement déplacés aux urnes pour renverser cette tendance. C’est comme si on assistait à une acceptation des désaveux révélés par le premier tour.

Il est vrai que la campagne de l’entre deux tours n’a pas été très mobilisatrice en raison des divisions à droite. A gauche, même s’il y a eu une tentative d’afficher une certaine entente au soir du premier tour, il y a quand même eu des divisions avec 37 candidats Europe Ecologie-les Verts face à d’autres candidats de gauche. Et même si la gauche semble plutôt appréciée aujourd’hui, dans ces différentes composantes, elle ne parvient pas à faire renaître cette part de rêve qu’elle avait par le passé.

Ces élections marquent-elles un tournant pour le FN ?

Le faible nombre de conseillers généraux Front national (deux selon les premières estimations, NDLR) ne doit pas masquer la progression de cette formation. Ce score de 10% au second tour des cantonales est en réalité très élevé. Le FN n’était présent que dans 400 cantons ce dimanche, et en 2004, au second tour des cantonales, il faisait moins de 1%. Ce score de 10%, compte tenu du faible nombre de cantons où le FN était présent, est significatif.

Le parti de Marine le Pen s’installe clairement dans le paysage politique à des scores inédits pour les cantonales. Ça me semble être l’accompagnement d’un bouleversement assez profond. Sur le fond, l’ostracisme dont a été l’objet le Front national depuis son émergence en 1983 est en train de s'estomper, voire de disparaître. Marine le Pen joue la banalisation républicaine et Nicolas Sarkozy joue aussi la banalisation du FN. Leur volonté, à tous les deux, consiste à intégrer le FN dans la République, autrement dit à «républicaniser» le Front national.

Pourquoi cette stratégie ?

On voit ressurgir à l’occasion de ces cantonales, trois sensibilités de droite: une droite bonapartiste et portant les valeurs du volontarisme incarnée par Nicolas Sarkozy, une droite orléaniste favorable à l’Europe et au libéralisme et, en troisième lieu, une droite nationaliste favorable à la France et au vote réactionnaire. La stratégie de Nicolas Sarkozy est peut-être de surmonter ces propres difficultés en régénérant ces trois droites à son propre profit. C’est exactement l’inverse de sa stratégie de 2007. Il avait alors voulu éclipser les droites par sa marque personnelle. Aujourd’hui, il accompagne une régénération des droites dont il espère être le fédérateur au second tour de la présidentielle.

   LIBERATION.fr  

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