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la Cagouille Enchaînée
23 avril 2011

NOUVELLE JOURNÉE DE VIOLENCE MEURTRIÈRE EN SYRIE

publié le 23/04/2011 à 18:11

Les forces de sécurité syriennes ont tué au moins douze personnes samedi en ouvrant le feu sur des éléments hostiles au régime de Bachar al Assad pendant les funérailles de manifestants tués la veille à travers le pays.

Selon des témoins et des militants des droits de l'homme, les nouveaux accrochages ont eu lieu à Damas dans le quartier de Barzeh et le faubourg de Douma notamment, ainsi qu'aux environs d'Izra'a, dans le Sud, où avaient lieu de nombreux enterrements.

"Vive la Syrie ! A bas le boucher Bachar al Assad, le traître à son pays !", scandaient des milliers de personnes à Izra'a aux obsèques de manifestants abattus par les forces de sécurité, a déclaré à Reuters un témoin joint par téléphone.

"Nous avons essuyé une série de coups de feu alors que nous approchions d'Izra'a pour y participer aux funérailles des martyrs", a-t-il dit.

Les forces de sécurité ont aussi ouvert le feu sur un cortège funèbre à Harasta, près de la capitale, où a ensuite eu lieu un sit-in visant à obtenir la libération de contestataires arrêtés ces dernières semaines.

Des manifestants ont occupé d'autres locaux après les obsèques de quatre habitants d'Irbine, non loin de Damas.

La journée de vendredi a été de loin la plus sanglante en plus d'un mois de manifestations pour les libertés politiques et l'arrêt de la corruption : au moins cent personnes y ont trouvé la mort sous les balles de la police selon deux militants.

Les accrochages de vendredi ont eu lieu dans des régions allant de la cité portuaire de Lattaquié aux villes de Homs, Hama, Damas et au village d'Izra'a. Ils portent le bilan global des troubles à plus de 300 morts depuis qu'ils ont débuté le 18 mars à Deraa, selon des défenseurs des droits de l'homme.

L'atmosphère demeurait tendue samedi à Damas, dont beaucoup d'habitants sont restés chez eux, a dit à Reuters un militant de la capitale : "Cela fait boule de neige et grossit chaque semaine. La colère monte, la rue est en ébullition."

Deux députés, originaires de Deraa, ont annoncé sur la chaîne Al Djazira qu'ils démissionnaient pour protester contre le bilan de la répression. "La méthode sécuritaire ne marche pas", a dit l'un d'eux, Khalil al Rifaei.

Les parlementaires syriens sont désignés de fait par les autorités et l'on n'a jamais eu connaissance d'une démission parmi eux jusqu'au mouvement de contestation actuel.

Rezk Abdulrahman Abazeid, mufti (prédicateur) de la province de Deraa nommé par le gouvernement, a lui aussi démissionné samedi en signe de protestation.

Barack Obama a condamné vendredi avec vigueur l'attitude du régime syrien et a accusé Assad de chercher l'aide de l'Iran. "Cet usage atroce de la violence pour mater les manifestations doit cesser", a dit le président américain.

La France, qui avait appelé Damas la veille à "engager sans délai un dialogue politique inclusif", a condamné samedi les "violences extrêmes" des forces de sécurité syriennes.

"Les responsables et les auteurs de ces crimes devront répondre de leurs actes. Cette répression aveugle et brutale contredit la levée de l'état d'urgence", souligne dans un communiqué le chef de la diplomatie française, Alain Juppé.

La levée de l'état d'urgence en vigueur depuis 1963, promulguée jeudi par Assad, est la plus grande concession du régime depuis le début des manifestations.

Dans un communiqué, les militants regroupés dans les Comités de coordination locaux la jugent inutile sans la libération de milliers de prisonniers politiques, dont la plupart n'ont pas été jugés, et le démantèlement de l'appareil de sécurité.

Les militants ont fait savoir que l'abolition du monopole exercé par le parti Baas sur le pouvoir et la création d'un système démocratique étaient essentiels pour que cesse la répression en Syrie.

Soutenu par son clan familial et un appareil de sécurité omniprésent, Assad dispose d'un pouvoir absolu et ignore les appels à la transformation du régime depuis qu'il a succédé à son père Hafez en 2000.

Pour Malcolm Smart, directeur d'Amnesty International pour le Proche-Orient et l'Afrique du Nord, les autorités doivent cesser de s'en prendre à des manifestants pacifiques et permettre aux Syriens de se réunir librement comme le prévoit le droit international.

Avec Mariam Karouny à Beyrouth; Clément Guillou, Jean-Loup Fiévet et Philippe Bas-Rabérin pour le service français

Par Reuters
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