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la Cagouille Enchaînée
22 mai 2011

FUSION DE TROIS RÉACTEURS À FUKUSHIMA : LES MÉDIAS FRANÇAIS REGARDENT AILLEURS

observatoire le 19/05/2011 par la rédaction

La situation est grave au Japon, mais les médias français l'ont oublié. Tepco, l'opérateur de la centrale nucléaire de Fukushima, l'a reconnu jeudi 12 mai : les coeurs des réacteurs n°1,2 et 3 de la centrale de Fukushima ont fondu. Plus grave, la cuve du réacteur n°1 est trouée. Auparavant, il n'était question que de "fusion partielle" des coeurs, et pas de fuites. Des employés de Tepco viennent de pénétrer dans les réacteurs n°2 et 3 pour observer l'étendue des dégats. Pendant au moins une semaine, ces informations capitales n'ont pourtant trouvé que peu de relais en France.

Un reportage de quelques minutes, au 20 heures de France 2, sur l'évolution du pompage de l'eau contaminée, coincé entre deux directs avec New York, où il fallait suivre en direct l'arrivée d'Anne Sinclair au procès de son mari, Dominique Strauss-Kahn: le regard médiatique, en ce jeudi 19 mai, s'est bien détourné de Fukushima. Et encore, cet étrange reportage n'a-t-il pas donné l'information essentielle de cette dernière semaine: un des "scénarios du pire" s'était déroulé, dès le premier jour. Mardi 17 mai, une dépêche AFP a souligné que "l'opérateur -Tepco- s'est rendu compte récemment, grâce à de nouvelles mesures, que le combustible nucléaire des réacteurs 1, 2 et 3 avait vraisemblablement fondu, faute d'avoir été immergé durant plusieurs heures après la catastrophe du 11 mars qui a anéanti les systèmes de refroidissement". En clair, comme l'expique un article d'analyse clair de Rue89, "ce n'est pas que la situation se soit brutalement aggravée à Fukushima. Seulement Tepco a fini par admettre, deux mois après le séisme, que l'ampleur des dégâts était bien pire qu'envisagé sur le coup." Rue 89 indique que "le cœur du réacteur numéro 1 a totalement fondu", c'est-à-dire que "le combustible est transformé en corium", une lave brûlante, et imprévisible.

Mardi, la dépêche a été reprise telle quelle par la plupart des médias en ligne, sans grandes explications.

| revue de presse
| incluse dans l'article 
| du site arrêt sur images

Le retard médiatique français est plutôt à mettre au compte de la non reprise d'une dépêche AFP, du 12 mai, qui annonçait pourtant : "L'opérateur de la centrale nucléaire accidentée de Fukushima a fait état jeudi de nouveaux problèmes, dont une fuite au niveau de la cuve d'un réacteur et le déversement d'eau contaminée dans l'océan." Les informations y sont, mais rien ne permet d'interpréter la gravité de la situation. Surtout, le titre, assez banal, évoque de "nouvelles fuites d'eau radioactives". Ce qui explique sans doute que les médias (et @si, dans une premier temps) ne l'aient pas vus passer.

Le lendemain, vendredi 13 mai, une autre dépêche Reuters note que "plus tôt cette semaine, Tepco a déclaré qu'elle avait scellé une fuite d'eau radioactive à l'extérieur du réacteur n ° 3 de l'usine. Le réacteur n ° 2 a subi des fuites similaires qui ont été scellées en avril avec du verre liquide et d'autres substances." Tepco a donc reconnu courant mai que les trois réacteurs avaient subi une fusion de combustible.

Quels seront les conséquences ? La situation est incertaine, mais potentiellement grave, si l'on en croit les explications avancées par Rue 89 : si le corium a percé la cuve, le risque de contamination de long terme de la région environnante et plus important. Et s'il entre en contact avec l'eau, "il y a un risque d'explosion à l'hydrogène". Autant de dangers que les médias français avaient détaillé en longueur dans les premiers jours suivant la catastrophe, à grands renforts de directs dramatisants. Aujourd'hui, les mêmes directs haletants se demandent si DSK restera en prison.

(par Simon Recht)

Mise à jour - 20 mai : Dans une première version de article, nous indiquions que l'AFP n'avait pas traité la nouvelle du 12 mai, ce qui est faux. Et nous avons ajouté une mention de l'article du Monde du 14 mai.

 

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