Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
la Cagouille Enchaînée
26 mai 2011

GRAND ANGOULÊME: BUS À L'ARRÊT, SOLUTIONS À QUAI

 26 mai 2011 | Mis à jour | 09h44     Maurice Bontinck

Aucun bus ne circule aujourd'hui dans l'agglomération après une nouvelle agression. Pour «sensibiliser les parents» et empêcher les enfants de «faire des bêtises». A défaut de solution miracle.

StgaAgression1105

La direction de la STGA, accompagné d'un chauffeur agressé, montre la pierre jetée lundi. Photo Phil Messelet

Une loi des séries qui rend la STGA impuissante. Les conducteurs de bus de l'agglomération n'avaient connu aucune agression physique en 2009 et en 2010, et voilà qu'ils viennent d'en subir trois en cinq semaines.

Après des menaces au pistolet à billes le 14 avril à Basseau, puis un chauffeur touché par une pierre au visage à Ruelle le 20 avril, c'est au Jardin Vert, lundi, qu'un conducteur a été blessé à la main par une grosse pierre jetée des Remparts qui ne semblait pas viser précisément le bus, d'autres voitures semblant avoir été atteintes au même endroit (lire CL d'hier).

«Décision pas facile»

Les salariés de la STGA ont tout de même décidé de laisser aujourd'hui au dépôt la centaine de bus qui permet à environ 30.000 voyageurs de se déplacer chaque jour dans l'agglomération. Il y a un mois, les bus s'étaient arrêtés entre 9h et 17h30, «pour permettre aux gens d'aller et revenir au travail». Mais cette fois, syndicats et direction se sont mis d'accord pour une «action de protestation plus importante».

«On s'arrête pour qu'il n'y ait plus d'agression mais on ne s'arrête pas à chaque fois qu'il y a une agression», précise Denis Dolimont, le président de la STGA. «C'est une décision pas facile, mais on ne peut pas rester sans rien faire: on essaie de le faire dans les conditions les moins pénalisantes. En prévenant deux jours à l'avance, par exemple», explique Frédéric Bolze, syndiqué à la CFDT, qui vient d'être lui-même agressé.

Sur le site internet de CL, les internautes semblent compréhensifs, puisque 65 % des 197 votants comprennent cette journée pour protester contre des «violences inadmissibles». Chacun reconnaît cependant que cette journée sans bus ne va pas changer fondamentalement la donne. La vidéosurveillance a permis de sanctuariser l'intérieur des bus, malgré des altercations qui augmentent, en particulier entre utilisateurs. Les policiers «font ce qu'ils peuvent avec les moyens qu'ils ont» et sont prévenus chaque matin en cas de problème. «C'est-à-dire un jour sur deux», précise Michel Berté, de la CGT.

Reste le fol espoir d'une plus grande sensibilisation, en particulier vers les plus jeunes qui caillassent «a priori sans préméditation», comme au Jardin Vert. «Si ça peut faire prendre conscience aux parents pour qu'ils disent à leurs enfants de ne pas trop faire de bêtises, ça serait déjà une bonne chose», lance sans trop y croire le directeur, Christian Touzalin.

Si chacun reconnaît que «la situation est globalement plutôt calme», il y a quand même «une évolution lente mais sûre vers des rapports plus tendus», estime Christian Touzalin.

En 2009, 140 agressions verbales ont été signalées. Cette année, la STGA prévoit un budget en augmentation, de l'ordre de 50.000 €, pour réparer les abribus régulièrement brisés. «Mais à la prochaine agression physique, on se demande ce qu'on va pouvoir faire...»

Frédéric Bolze, chauffeur agressé: "On ne peut pas blinder les bus"

Il est chauffeur à la STGA depuis dix ans. Le 20 avril, Frédéric Bolze, a été touché par une pierre au visage à Ruelle, entraînant trois jours d'ITT. «Je voulais reprendre mon travail vite pour essayer de passer à autre chose. Mais le premier jour, j'ai très mal conduit et j'ai passé mon temps à ouvrir et fermer la fenêtre - pour éviter un nouveau projectile. Après, ça passe, même si on se dit au fond de nous que ça peut arriver à n'importe quel endroit. Peut-être qu'il y aura huit mois sans rien et après ça va recommencer... Après, que peut-on faire face à autant de bêtises qui pourraient un jour aboutir à un vrai drame ? On ne peut pas blinder les bus...»

Stéphanie, cliente habituelle: "Je comprends tout à fait leur action"

Elle prend le bus «huit fois par jour» pour aller à son travail et revenir chaque midi. Si, par hasard, Stéphanie a un trajet en train prévu de longue date aujourd'hui, elle n'aurait pas pesté contre le mouvement de protestation: «Je les comprends tout à fait. Les gens ne se rendent pas compte à quel point les bus sont essentiels à la vie de la cité. Si je n'ai jamais vu en quinze ans d'agressions verbales, je vois régulièrement les comportements des usagers. Quand un chauffeur oublie d'ouvrir une porte, il faut voir le manque de politesse. Pareil quand ils montent dans le bus, il n'y a pas beaucoup de bonjour des usagers. La difficulté de leur métier part aussi de là.»

Joël Tetard, usager occasionnel: "Pourquoi pas  des bus-cagouilles ?"

«Je ne pense pas que l'action de la STGA soit efficace. Cela détériore l'image des conducteurs et les relations avec les usagers qui sont pénalisés, dit Joël Tetard. Et les vrais coupables sont contents: ils ont foutu le b...del, c'est ce qu'ils souhaitent. D'autres actions sont possibles: tracts à la montée dans le bus, affiches, et si cela ne suffit pas: ''bus cagouilles'' ! Je crois aussi qu'il faut jouer la concertation au maximum. Et pourquoi pas des réunions d'information dans les écoles, les collèges ? Avec aussi le chiffrage du coût des agressions publié sur les différents supports de communication de la STGA (nombre d'arrêts de travail, coûts des soins...).»

   CHARENTELIBRE  

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité